Malgré leurs différends sur la question, Américains et Russes sont tombés d’accord, lundi, sur la nécessité d’un cessez-le-feu en Syrie, et présenté un plan en vue d’une cessation des hostilités, qui pourrait entrer en vigueur dès le samedi 27 février prochain, soit à la fin de la semaine.
C’est à l’occasion d’un entretien téléphonique, à l’initiative du chef du Kremlin, que le président américain et son homologue russe ont entériné cette décision, seule susceptible, à leurs yeux, de permettre d’arriver enfin à la paix en Syrie.
Lors de cette discussion, Barack Obama a insisté sur la nécessité du respect de l’accord par toutes les parties en présence pour soulager les souffrances qui sont celles du peuple syrien, et se concentrer sur le combat contre le groupe Etat islamique, qui, de quelque façon que l’on envisage les choses, ne saurait faire partie d’un tel accord.
Poutine et Obama envisagent un cessez-le-feu
Pour l’heure, il ne s’agit cependant que d’une proposition. Il convient maintenant d’obtenir des réponses positives de la part du régime syrien et de l’opposition armée ; et ensuite une mise en œuvre fidèle de l’accord par toutes les parties signataires. Les réponses devront être transmises, à Moscou ou à Washington, avant vendredi midi, et, si elles sont positives de part et d’autre, le cessez-le-feu entrera en vigueur à minuit. Pour une première période, reconductible, de deux semaines, semble-t-il.
A partir de ce moment-là, les opérations militaires de la coalition menée par les Etats-Unis, celles des forces armées syriennes et celles de la Russie se poursuivront contre les seuls djihadistes.
Mais ce point semble poser problème à une partie au moins de l’opposition syrienne, qui admet mal, a priori, que le cessez-le-feu n’englobe pas les djihadistes de l’Etat islamique et du Front al Nosra – djihadistes dont tout, aujourd’hui, laisse pourtant présager que, même si les parties en présence leur proposaient (ce qui reste à prouver) une cessation des hostilités, ils ne l’accepteraient pas.
Vers la paix en Syrie ?
Il semble donc que l’on soit parvenu à une entente entre Russes et Américains, sans qu’on sache exactement ce qui a décidé les uns et les autres à coopérer. Ce qui est sûr, c’est que Vladimir Poutine comme Barack Obama ont salué cette initiative commune, et la possibilité de relancer ainsi le dialogue inter-syrien à Genève, sous la supervision des Nations unies.
Damas a d’ailleurs marqué d’ores et déjà son accord de principe en annonçant la tenue d’élections législatives le 13 avril prochain.
Deux questions demeurent cependant posées, qui pourraient fortement relativiser ce début de processus de paix. La première est la réaction a priori négative de l’opposition syrienne dite modérée, qui estime que, en continuant à frapper Al Nosra, dont les forces sont répandues un peu partout dans le pays, Américains et Russes prennent le risque de frapper des civils, et peut-être aussi l’Armée syrienne libre, qui est leur organisme principal.
Entre calculs et sincérité
On ne peut certes ignorer la possibilité d’un calcul politique de ce genre de la part de Moscou, puisqu’il correspondrait assez à ce qui était sa ligne de soutien à Damas jusqu’ici. Mais à quoi rimerait alors le présent accord avec les Américains ?
La seconde question se dissimule justement derrière cette interrogation. Pour quel motif, ou sous quelle pression, les Russes ont-ils finalement abandonné, du moins visiblement, leur point de vue défendu depuis le début de leur entrée dans ce conflit, pour paraître s’aligner sur celui des Américains ?
Il n’y aura vraisemblablement pas de véritable paix en Syrie tant qu’il n’aura pas été franchement répondu à ces deux interrogations…