Après des décennies de résistance de l’Eglise et du gouvernement – moins ferme ces derniers temps – c’est sous la houlette de leur nouveau président populiste Rodrigo Duterte que les Philippines vont céder à la culture de mort. Ernesto Pernia, secrétaire d’État à la planification socio-économique et en même temps directeur général de l’Autorité nationale pour l’économie et le développement, vient de déclarer lors d’une conférence de presse que le chef de l’État entend signer un ordre exécutif (décret) ordonnant la mise en œuvre complète de la loi de santé reproductive. Loi qui institutionnalise l’accès au planning familial sous toutes ses formes, y compris la contraception artificielle.
« Nous allons bientôt avoir un ordre exécutif. C’est à la base une déclaration du président pour dire quelle est sa position et comment il ressent les choses. Il fera preuve de son fort engagement à propos de l’importance de la mise en œuvre de la loi de santé reproductive », a-t-il indiqué à la presse. Pernia a ajouté que le texte est en cours de rédaction.
La culture de mort fera son entrée officielle aux Philippines avec le président Duterte
« Ne pas mettre en œuvre la loi de santé reproductive de manière complète, cela posera un problème car pour pouvoir atteindre l’objectif d’une incidence de pauvreté de 17 % d’ici à la fin du mandat présidentiel, il faudra une combinaison de forte croissance économique et la création de très nombreux emplois, associées à cette mise en œuvre totale de la loi de santé reproductive de manière à ce que les pauvres puissent limiter ou espacer leurs naissances », a-t-il déclaré.
A l’heure actuelle, les Philippines comptent 26 % de pauvres selon les critères officiels : Rodrigo Duterte a promis de ramener ce pourcentage à 17 % en 2022. Son plan d’action socio-économique comprend un volet visant à permettre à tous, mais spécialement aux pauvres, de faire des « choix informés sur la planification financière et familiale ».
Ernesto Pernia venait d’attribuer la lenteur de la réduction de la pauvreté évaluée à 33 % de la population en 1990 au manque d’une « politique de la population » (traduisez : une politique de contrôle de la population) des gouvernements antérieurs.
Une loi de santé reproductive pour contrôler la population pauvre
Les Philippines ont une économie en pleine croissance, celle-ci devant être encore renforcée cette année par d’excellentes récoltes agricoles. Une croissance qui pourrait contribuer à améliorer ce qui manque aux pauvres aux Philippines : logements, une bonne prise en charge de leur besoins sanitaires, des infrastructures dignes de ce nom.
Mais comme partout dans le monde pauvre ou en développement, on cherche d’abord à réduire la fécondité, à empêcher les naissances, comme si les enfants pauvres étaient des nuisibles.
Les frasques et des déclarations choquantes de Duterte seront accueillies avec moins d’indignation globale s’il fait rentrer les Philippines dans les rangs de la culture de mort.