Les scientifiques travaillent toujours plus sur la géo-ingénierie solaire comme remède au changement climatique

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Ils y reviennent. Les rédacteurs de la revue Scientific American semblent vraiment appeler à l’utilisation de la technique de géo-ingénierie solaire risquée connue sous le nom d’injection d’aérosols dans la stratosphère (SAI). Et tout ça pour « ralentir la menace du réchauffement climatique d’origine humaine »… sans se demander ni s’il est véritablement d’origine humaine, ni s’il est véritablement un problème en tant que tel.

A voir les merveilles que livrent les glaciers en Norvège, comme cette flèche très ancienne, disposant encore de sa pointe en quartzite et de ses empennages en plumes, on se dit que des réchauffements, puis des refroidissements ont déjà bien eu lieu, largement avant notre époque, largement avant le charbon ou le pétrole…

Le changement climatique est un prétexte à tant de choses.

 

Bloquer « 1 ou 2 % » de la lumière solaire pour contrôler le changement climatique

C’est dans un long article du 1er octobre que le journaliste environnementaliste Douglas Fox semble plaider en faveur de la géo-ingénierie solaire (Solar Radiation Modification).

« Alors qu’il devient clair qu’il est peu probable que les humains réduisent leurs émissions assez rapidement pour maintenir le réchauffement climatique en dessous de 1,5 degrés Celsius, certains scientifiques affirment que les SRM pourraient être moins effrayants que de laisser le réchauffement se poursuivre sans relâche. (…) Certains pensent que nous devrions commencer à modifier la stratosphère pour bloquer la lumière solaire, même si cela met en péril la pluie et les récoltes. »

Rappelons que la géo-ingénierie solaire est un processus destiné à refroidir la Terre en rejetant de grandes quantités de dioxyde de soufre (SO2) dans l’atmosphère. Pour faire simple, les humains reproduisent le phénomène par lequel de grandes éruptions volcaniques refroidissent le temps pendant un certain temps. La SAI pourrait ainsi multiplier la quantité de particules d’aérosols réfléchissantes dans la basse stratosphère, ce qui augmenterait la quantité de lumière solaire déviée et renvoyée vers l’espace et diminuerait la température planétaire.

 

Les folies de la géo-ingénierie

L’article va plus loin. La SAI est même « la seule chose que les dirigeants politiques peuvent faire et qui aurait une influence perceptible sur la température au cours de leur mandat », selon le climatologue Ken Caldeira de la Carnegie Institution for Science. Comme le faisait remarquer un article du site The New American, on imagine l’effet causé par une telle assertion sur des gouvernements soucieux avant tout de faire vitrine de leur action climatique…

Et puis, comme le disait un autre chercheur cité par l’article, Brendan Clark, « les nations peuvent avoir des idées différentes sur ce qui constitue une température mondiale optimale, ce qui pourrait conduire à des conflits. Ce serait comme si des gens se disputaient le thermostat d’une maison, mais à l’échelle mondiale ». L’image se suffit à elle-même.

Supposons, dit toujours l’article, que la Russie lance des injections à haute latitude pour refroidir ses régions arctiques. Cette action pousserait la ceinture de mousson vers le sud, privant l’Inde, la Thaïlande et le Vietnam de pluies critiques pour leurs récoltes. Cela pourrait également déplacer des pluies torrentielles plus au sud du Brésil, déclenchant ainsi des inondations… De multiples scénarios globaux ont été élaborés, mais aucun d’entre eux ne profite à tout le monde ! Et l’on ne parle même pas des inévitables conflits internationaux qui s’en suivraient !

 

La SAI, une technique absolument non maîtrisée

On ne touche pas impunément aux lois de la nature. Surtout que la technique elle-même n’est pas maîtrisée, puisque des dizaines de variables demeurent, concernant des paramètres physiques allant de la réactivité chimique des gouttelettes d’aérosol à leur taille, en passant par leur vitesse…

Par exemple, expliquait l’article, une gouttelette d’un à deux microns de diamètre (plus petite qu’un globule rouge) devrait réfléchir la lumière du soleil le plus efficacement possible car son diamètre est proche de la longueur d’onde de la plupart des rayons solaires entrants : une gouttelette plus grosse pourrait provoquer un réchauffement en absorbant le rayonnement à ondes longues s’élevant de la surface de la Terre qui, autrement, s’échapperait vers l’espace. Les températures pourraient être inversement excessivement refroidies…

Les incertitudes multiples et les risques inhérents sont donc connus, dits. Mais l’envie de jouer à l’apprenti-sorcier est prégnante, bien que plus de 400 scientifiques aient signé une lettre ouverte exhortant les gouvernements à adopter une interdiction mondiale des expériences sur les techniques de modification du rayonnement solaire. Alan Robock, climatologue à l’Université Rutgers, avouait : « Tous les scientifiques que je connais qui travaillent sur ce sujet, aucun d’entre eux ne veut y travailler. »

Mais la seule existence de ce long article prouve une certaine fixation qui revient régulièrement : la fascination du contrôle.

 

Clémentine Jallais