Pas d’explication, pas d’enquête sur les accusations de Mgr Viganò… mais le pape François se dit toujours « serein » alors que la vérité est mise sous le boisseau

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« Une pyramide audacieuse de mensonges (…) quelque chose comme la forteresse de Sauron »… Joseph Shaw de LifeSite n’est pas le seul à craindre ce que l’on devine sans trop vouloir y croire. De nombreuses personnalités ou commentateurs qui ont en leur temps défendu le pape François reconnaissent l’impasse terrible dans laquelle s’acharne, en toute connaissance de cause semble-t-il, le détenteur du trône de saint Pierre. « Je ne dirai pas un mot »… Celui qu’on dit « serein » ne veut pas confirmer, ne veut pas nier pas les graves accusations de Mgr Carlo Maria Viganò, quand bien même il faudrait passer par le scandale. Une réponse exactement du même métal que celle qu’il avait donnée aux dubia des quatre cardinaux sur Amoris Laetitia, en 2016. Sauf qu’en cette circonstance, c’est un mal effectif qu’on a contribué à faire persister, et qui éclabousse de la façon la plus ignoble l’Église de Jésus-Christ.
 
Aujourd’hui, sur son blog, le journaliste Aldo Maria Valli a rappelé cette conférence universitaire de 2013 de Mgr Carrick, objet du scandale… il y rêvait tout haut au règne commençant de François, disant qu’il « changera la papauté ». On a déjà mis la vérité sous le boisseau.
 

Le silence récurrent du Pape François sur l’essentiel – et son bavardage sur le reste

 
Personne n’est ressorti indemne de cette ébouriffante réponse du pape donnée lors de son vol de retour de Dublin à Rome, le 26 août dernier. A la journaliste Anna Matranga de NBC, qui lui demandait si les propos de Mgr Viganò étaient authentiques, il déclara : « Faites-vous votre propre jugement, je ne dirai pas un mot à ce sujet (…) Après un certain temps, quand vous aurez tiré vos conclusions, je parlerai peut-être. Mais j’aimerais que votre maturité professionnelle fasse le travail pour vous. Ce sera une bonne chose ».
 
Rappelons que l’ancien nonce à Washington a accusé nommément et de manière circonstanciée, dans un document de onze pages, le pape François et de nombreux cardinaux et prélats d’avoir participé aux manœuvres d’occultation des prédations sexuelles du cardinal Theodore McCarrick sur de jeunes hommes, séminaristes ou prêtres. Il a même pointé au sein de l’Église un « courant pro-homosexuel en faveur de la subversion de la doctrine catholique concernant l’homosexualité » et la présence de « réseaux homosexuels désormais répandus dans de nombreux diocèses, séminaires, les ordres religieux, etc., qui agissent sous le secret et reposent sur le pouvoir tentaculaire d’une pieuvre écrasant des victimes innocentes, des vocations sacerdotales et étranglant toute l’Église ».
 
Face à une telle bombe, le pape François choisit de garder le silence et, pire, de confier l’incroyable tâche du jugement aux médias dont on sait la profondeur du sens moral et religieux… ! Avec ça, il est « serein », a confié le secrétaire d’État, le cardinal Parolin, à La Stampa, et même « très tranquille » selon le journal jésuite America.
 
Le scandale, il est là.
 

Laisser l’enquête aux médias pour trouver la vérité ?!

 
Parce que réponse, il devrait y avoir, et enquête, et aveux, et surtout regrets. Une vague croissante de prélats appellent à une investigation approfondie sur les allégations (« crédibles » pour eux) selon lesquelles le pape François aurait sciemment réhabilité le cardinal McCarrick qui écopait pourtant de sanctions ordonnées par Benoît XVI. Mgr Paul S. Coakley a fait une publication en ce sens, le 28 août, dans les pas du cardinal DiNardo président de la conférence des évêques américains. Mgr Jean-François Lantheaume, ancien premier conseiller de la nonciature à Washington, a, lui, récemment confirmé les propos de Mgr Viganò.
 
Les voix les plus fortes du camp adverse demeurent celles des prélats directement incriminés dans le document de l’archevêque, à savoir les cardinaux Wuerl et Cupich. Ce dernier n’a pas trouvé mieux, dans une interview télévisée avec NBC News, que d’accuser Mgr Vigano de « racisme », sous prétexte que François serait un pape « latino ». Piètre argument, surtout quand on connaît l’origine italienne de la famille de Bergoglio…
 

Les accusations de Mgr Viganò : la corruption au plus haut dans l’Église

 
Sur la véracité des accusations, il devient difficile de douter – le « dossier » McCarrick ne date pas d’hier. Surtout quand les accusés gardent le silence… Mgr Viganò a redit cette semaine à Aldo Maria Valli, le journaliste italien qui l’a aidé à publier son communiqué explosif, qu’il n’était en rien poussé par la vengeance ou l’amertume, mais au contraire plein de « sérénité et de paix en [sa] conscience » : « C’est la récompense de la vérité ».
 
« Je me suis exprimé parce que la corruption a atteint les plus hauts niveaux de la hiérarchie de l’Église ».
Celui qui, nommé Secrétaire général du Gouvernorat de l’État de la Cité du Vatican, avait dénoncé en son temps les exactions commises à la Curie, ne pouvait, ne devait plus se taire.
 
Quelle crédibilité pourrait dès lors accorder le monde à l’Église… et ses ouailles à la foi fragile ? Car, comme le rappelait Jeanne Smits dans ces pages, ce n’est pas tant la faute de certains hommes qui est visée, mais sa dissimulation et sa non punition, sa préservation en quelque sorte par des autorités supérieures.
 

Ces péchés extrêmement graves qu’on ne semble plus vouloir stigmatiser

 
Roberto de Mattei, sur le blog Rorate Caeli, parle d’une lèpre. « Cette lèpre s’est développée après le Concile Vatican II, conséquence de la nouvelle théologie morale qui niait la morale absolue et revendiquait le rôle de la sexualité tant hétérosexuelle qu’homosexuelle, considérée comme un facteur de croissance et de réalisation de la personne humaine » (une épidémie qui pointe d’ailleurs une fois de plus le lien entre l’homosexualité et les abus sexuels commis sur des mineurs par le clergé catholique…)
 
Pourtant, devant cette « lèpre », le pape ne stigmatise selon lui qu’un fauteur : le cléricalisme. Un mot qui était dans d’autres bouches au début du XX e siècle, celles des anticléricaux, des francs-maçons, en bref des anticatholiques. « Le cléricalisme dont parle le pape François est apparemment différent, mais au fond, il l’identifie à cette conception traditionnelle de l’Église qui, au fil des siècles, a été combattue par les Gallicans, les libéraux, les francs-maçons et les modernistes. » Une brèche immense dans laquelle s’engouffrent nombre d’intellectuels proposant, qui la fin du célibat obligatoire, qui la fin des séminaires… en d’autres et plus simples termes, l’abolition de « l’infâme » de Voltaire.
 
« Si le cléricalisme se veut un abus de pouvoir que le clergé exerce lorsqu’il abandonne l’esprit de l’Évangile, alors il n’y a pas de pire cléricalisme que celui qui renonce à stigmatiser des péchés extrêmement graves comme la sodomie et oublie que la vie chrétienne doit nécessairement atteindre le ciel ou l’enfer »
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Clémentine Jallais