Bitcoin – Bientôt la fin des banques ? Non, répondent des experts sur le site du Forum économique mondial de Davos

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C’est une question qui a de quoi inquiéter les grands de ce monde, car si les monnaies virtuelles, ou crypto-monnaies, de type Bitcoin venaient à remplacer les monnaies nationales ou internationales (euro), que deviendraient les banques ? Dirk Baur, professeur de finance à l’université d’Australie-Occidentale, et Niels Van Quaquebeke, professeur « de leadership et de comportement organisationnel » à l’université de Logistique Kühne de Hambourg, se veulent rassurants sur le site du Forum économique mondial qui organise la célèbre réunion annuelle de Davos.
 

Le développement des monnaies virtuelles serait-il source d’inquiétude à Davos ?

 
A un moment où la confiance dans les grandes monnaies est mise à mal par des années d’assouplissement quantitatif (ou politique de la planche à billets) par les grandes banques centrales, le Bitcoin est communément présenté, à tort ou à raison, comme une alternative de plus en plus crédible, d’autant que le nombre de Bitcoins est fixe. Les deux professeurs contestent toutefois la théorie selon laquelle le Bitcoin pourrait remplacer les monnaies traditionnelles sans en adopter les caractéristiques.
 
En effet, écrivent-ils, toute transaction repose sur la confiance en des institutions, en des caractéristiques et (ou) en des processus. Les transactions en Bitcoins ne sont pas exemptes de cette règle. Pour faire bref, le premier type de confiance (en une institution) est celui que l’on accorde à l’intermédiaire dans une transaction, c’est-à-dire généralement à une banque. Le deuxième type de confiance (en des caractéristiques) est tiré de la similarité de notre transaction avec les transactions réalisées avec succès par d’autres personnes. Quant au troisième type de confiance (en un processus), c’est la confiance tirée de l’expérience passée, quand nous avons déjà réalisé avec succès des transactions du même type.
 

Selon l’argumentaire développé sur le site du Forum économique mondial, le bitcoin ne pourra à terme se passer des banques ou d’une autre forme d’institution centrale

 
Dans le cas des Bitcoins, pour effectuer des transactions il faut avoir confiance en la technologie mise en œuvre et en la gouvernance du système. Mais les processus mis en œuvre étant très complexes, cela ne suffit pas. Le fait que d’autres utilisent cette monnaie virtuelle est aussi une raison de lui faire confiance. C’est toutefois encore insuffisant, et une telle confiance peut facilement s’écrouler. L’exemple d’une autre monnaie virtuelle, l’Ethereum, montre que les gens ont toujours besoin d’une autorité centrale (confiance basée sur une institution). En effet, quand l’organisation autonome décentralisée (DAO) gérant cette crypto-monnaie a été piratée, c’est à son créateur, Vitalik Buterin, que les utilisateurs ont demandé d’apporter une réponse. De même, la fausse nouvelle selon laquelle Vitalik était mort a fait perdre 4 milliards de dollars à la valeur globale du marché de l’Ethereum. Pour les auteurs du texte publié sur le site du Forum économique mondial, un système décentralisé d’écriture des transactions dans un livre public ouvert et supposément infalsifiable et inviolable ne peut réellement fonctionner que s’il y a derrière lui une institution inspirant la confiance.
 
Conclusion des auteurs : pour que le Bitcoin devienne réellement une monnaie universelle, il faudra qu’il se transforme d’un système ouvert décentralisé en un système fermé adossé à une autorité centrale, ce qui veut dire qu’il sera alors devenu une monnaie quasiment comme une autre. Mais l’on en revient, même si les auteurs n’en parlent pas, à la question de la confiance dans les monnaies adossées à une autorité centrale, passablement ébranlée en ce moment du fait de « l’assouplissement quantitatif » massif. C’est peut-être aussi ce qui fait le succès de monnaies virtuelles comme le Bitcoin qui court-circuitent le système bancaire.
 

Olivier Bault