Le Planning familial des Etats-Unis et la vente d’organes de fœtus : comment on essaie de minimiser le scandale

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L’affaire dérange. Voyez ce titre de L’Express du 4 août dernier : « Etats-Unis : un militant anti-avortement accuse une association de vendre des fœtus. » C’est taillé sur mesure pour passer sous silence l’essentiel : le Planning familial des Etats-Unis – le puissant Planned Parenthood auquel est associé le Planning français via la Fédération internationale qui regroupe ces institutions au niveau mondial – vend à profit des organes et des tissus provenant des « produits d’avortement ». Et la pratique a été mise au jour par un long travail d’enquête qui a déjà entraîné la mise en ligne de cinq vidéos tournées clandestinement par un homme de 26 ans, David Daleiden, qui y a consacré 30 mois de sa vie avec l’aide d’acteurs et de vidéastes qui ont fait un travail de professionnel. Tout pour essayer de minimiser le scandale !
 
L’Express poursuit certes en soulignant que le sujet, qui occupe les médias américains depuis plusieurs semaines, a eu « l’effet d’une bombe ». C’est exact. De nombreux élus républicains, et une poignée de Démocrates ont remis en question le financement fédéral du Planned Parenthood , sans succès face à l’engagement personnel de Barack Obama de ne pas priver le principal pourvoyeur d’avortements aux Etats-Unis de sa manne publique.
 

Le Planning familial a toujours raison, à en croire la presse qui minimise le scandale

 
La grande presse française, lorsqu’elle s’est enfin emparée du dossier, a adopté une position clairement tranchée : le Planning, c’est bien, et quoi qu’il fasse, c’est certainement pour la bonne cause, tandis que les méchants militants anti-avortement, par nature extrémistes, ne sauraient accuser une institution bienfaitrice des femmes qui au demeurant les aide à ne pas avoir besoin d’avorter…
 
Voilà qui ne cadre guère avec les récits d’anciens employés repentis du Planned Parenthood, tels Abby Johnson qui a su montrer à quel point l’avortement –payant puisque l’avortement en lui-même ne peut être financé par des deniers publics aux Etats-Unis – est une activité lucrative et recherchée par les cliniques qui poussent les femmes à passer à l’acte.
 
La récolte et la vente de tissus et organes prélevés sur les fœtus avortés n’est qu’un pas supplémentaire dans l’horreur. Que le Planned Parenthood en tire un profit est la question principale posée par Daleiden et son équipe du Center for Medical Progress : l’avortement et le prélèvement d’organes à titre gratuit pour la recherche ne sont pas des délits aux Etats-Unis et la dénonciation d’un trafic lucratif est le seul angle d’attaque qui permette une action publique. Mais le vrai scandale, ce qui révolte véritablement tous ceux qui visionnent les petits films clandestins mis en ligne où l’on voit des responsables du Planning chercher le meilleur prix pour les organes fournis, c’est de voir comment les employés s’y prennent pour récupérer des foies, des poumons, des cœurs, des cerveaux, parmi des lambeaux de chair et des petits bras et des petites jambes parfaitement formés.
 

Pour la vente d’organes de fœtus on dépèce des innocents tués

 
C’est cela, l’horreur : on dépèce des cadavres, on se sert sur des êtres humains que l’on a au préalable tués. C’est le grand non-dit de cette histoire dans la grande presse de ce côté de l’Atlantique comme de l’autre.
 
Si c’est L’Express qui vous informe, vous apprendrez ceci : « Les organes et tissus fœtaux sont très demandés par les chercheurs, notamment pour trouver des vaccins ou étudier la maladie d’Alzheimer. Les dons ne se font qu’avec le consentement écrit des patientes ; leur vente est interdite, mais un dédommagement pour les frais encourus (administratif, transport…) est autorisé, et c’est ce dont le docteur parlait. Mais la nonchalance des médecins, aggravée par un montage sélectif, a gêné, y compris chez les partisans du droit à l’avortement. »
 
Le seul problème serait donc la « nonchalance » des médecins et autres responsables interrogés. Le Planned Parenthood agirait de manière parfaitement légale et pour le bien des malades…
 

Aux Etats-Unis, le Planning familial est le principal pourvoyeur d’avortements

 
Mais comme le note LifeSite, lundi, le scandale dépasse largement ce que le Center for Medical Progress a montré jusqu’ici (sachant que de nombreuses vidéos restent à publier). Le site provie américain note que la société StemExpress se fournit effectivement en organes et tissus fœtaux auprès du Planning, ainsi que le démontrent de nombreuses investigations médiatiques déclenchées par le travail de David Daleiden.
 
On sait ainsi aujourd’hui, par exemple, que des tissus et des organes fœtaux fournis par des sociétés comme StemExpress sont utilisés, « manipulés » par des chercheurs publics et privés afin d’« humaniser » des rats. Plus exactement : ces tissus et organes humains sont implantés dans des rats immunodéprimés, afin notamment de trouver un moyen de pallier le manque d’organes humains en vue de la transplantation.
 
L’un de ces projets menés par Duke University a consisté à récupérer des reins prélevés sur des fœtus avortés, fournis par Stemcell, et a été fièrement présenté par son responsable Eugene Gu : il explique comment les rats qui ont reçu ces reins ont survécu bien plus longtemps que des rats privés de leurs reins : 10 mois contre trois ou quatre jours, en même temps que l’organe humain se développait normalement.
 
Des expérimentations similaires sont menées par les Nation Institutes for Health (NIH), grâce à un financement fédéral : là encore, des organes prélevés sur des enfants à naître de 17 à 22 semaines ont été implantés dans des rats, ce qui pose pour le moins des questions éthiques.
 
LifeSite a publié lundi un autre article soulignant que deux agences fédérales ont participé au financement de l’achat de parties d’enfants avortés au cours de ces dernières sept années, pour un total de 300.000 dollars au moins. Selon Politico, la société Advanced Bioscience Resources (ABR), identifiée comme fournisseur de tissus fœtaux dans les vidéos de David Daleiden, a reçu 257.000 $ des NIH depuis 2009 et 73.000 $ de la part de la Food and Drug Administration, sans que l’on sache quelle est la proportion de ces fonds qui a pu servir à l’acquisition de tissus fœtaux. Mais il y en a au moins une partie, et notamment pour des tissus pris sur des avortements au-delà des 20 semaines, alors qu’ils sont illégaux dans plusieurs Etats.
 
On sait ainsi que le gouvernement fédéral a payé 340 $ pour un thymus fœtal de 17 à 22 semaines, autant pour un foie humain de même âge.
 

Fonds fédéraux pour les tissus et organes de fœtus prélevés

 
Dans l’une des vidéos clandestines, on voit Katharine Sheehan de Planned Parenthood Pacific Southwest expliquer que cela fait « plus de 10 ans – vraiment très longtemps » qu’elle est en relation avec ABR : « Ils font les grosses collectes pour des collectes au niveau du gouvernement », dit-elle.
 
L’utilisation d’organes humains prélevés sur des fœtus avortés a fait l’objet d’un moratoire partiel sous Reagan en 1988, malgré les recommandations contraires de ses conseillers. L’interdiction a été levée cinq ans plus tard par Ronald Reagan et n’a jamais été réintroduite, hormis la décision du Congrès, en 1993, d’interdire que la cession des organes puisse se faire à profit : seul le défraiement est autorisé pour le prélèvement, la conservation et le transport, et la technique d’avortement ne doit pas être choisie en fonction du prélèvement attendu.
 
Sur ce dernier point, Planned Parenthood a déjà reconnu avoir contourné la loi. Et les pourparlers filmés où l’on évoque le « meilleur prix » pour les organes font peser de lourds soupçons sur l’existence d’un trafic à but lucratif, auquel ont participé aussi à leur façon l’ARB et des agences fédérales du NIH.
 
Cecile Richards, la responsable nationale du Planned Parenthood, a indiqué que l’attente des prochaines vidéos promises par David Daleiden est comme « la torture de la goutte d’eau ». Que craint-elle donc si tout cela est légal et merveilleux ?
 

Anne Dolhein