Affaire Rémi Fraisse : le mensonge d’Etat renforce le mensonge du système

Rémi Fraisse mensonge d’Etat, mensonge du système

 
Si l’affaire Rémi Fraisse enflamme la France, ni les médias, sauf quelques journaux comme Le Monde ou La Dépêche du Midi, ni les politiques, n’aident à comprendre ce qui s’est passé. A la propagande radicale que nous dénoncions hier s’ajoutent un mensonge d’Etat et un mensonge du système tout entier.
 

Les faits d’abord. Que s’est-il passé, ou plutôt que peut-on en dire ? D’après les éléments complémentaires fournis hier par le procureur, des traces de TNT auraient été relevées sur Rémi Fraisse, ce qui donne à penser que le jeune homme aurait été touché par un engin explosif militaire, du genre grenade offensive. L’opinion générale est qu’il aurait été lancé par les gendarmes – encore que ces armes soient très faciles à voler et à utiliser : des groupes radicaux peuvent donc en posséder et s’en servir. Quoi qu’il en soit, l’important est que ce type de grenade ne tue pas, sauf si, par exemple, le bouchon s’enfonce dans un centre vital, la tête en particulier : mais nul n’allègue une telle blessure, la seule plaie (potentiellement) mortelle ayant été relevée dans le haut du dos. Ici, une question se pose : comment la supposée grenade aura-t-elle touché Rémi Fraisse ? Certains de ses proches et son avocat affirment qu’il a été atteint de plein fouet alors qu’il fuyait une charge de gendarmes : ce serait donc un tir tendu, chose interdite par les directives du ministère de l’intérieur en pareil cas.
 

Incertitudes sur la mort de Rémi Fraisse

 
Or Bernard Cazeneuve, malgré le recul général du gouvernement dans l’affaire, a solennellement affirmé qu’il n’y avait pas eu « bavure » policière. Trois questions se posent : Cazeneuve a-t-il menti, et pourquoi ? Et même s’il a menti, une « grenade offensive » tirée dans le dos à travers un sac et des vêtements de manifestant peut-elle tuer ?
 
Une autre hypothèse a été émise. Les grands médias dans leur ensemble parlent d’ailleurs, conformément à la thèse du ministère, de « tir en cloche ». Sans aucun choc, donc. Comment la supposée grenade pourrait-elle avoir tué ? Réponse, en se logeant dans le sac à dos du jeune homme ou dans son capuchon, et en y provoquant une autre explosion, mortelle. L’amie de Rémi Fraisse assure qu’il ne transportait dans son sac à dos « qu’une bouteille de vin et des gâteaux d’apéritifs ». Mais des investigations complémentaires menées sur place par les gendarmes ont relevé des lambeaux de sac, et des morceaux de verre et de plastique. Un gendarme interrogé sur le site de l’Obs a donné cette opinion : « Si ce manifestant avait dans son sac à dos un fumigène, un réchaud à gaz, un explosif maison, genre bombe agricole ou même peut-être un aérosol, alors là, il est possible que la combinaison avec une grenade entraîne une blessure mortelle. » Dans ce cas la victime serait responsable de sa propre mort. L’appel à témoin et l’analyse des lambeaux donneront peut-être des informations plus précises.
 

Bavure ou pas ? Dans tous les cas, mensonge d’Etat

 
Sans les attendre, médias et politiques ont continué d’alimenter la propagande radicale, le grand mensonge du système, qui se double maintenant d’un mensonge d’Etat. Mais avec un changement de ton et de stratégie notable. Immédiatement après le drame, la famille a poursuivi les gendarmes pour homicide volontaire, les radicaux ont lancé à travers la France des manifestations violentes, la gauche de la gauche et les écolos ont attaqué bille en tête le gouvernement. Cécile Duflot parlait de « tache indélébile ». Aujourd’hui, à l’exemple du père de Rémy Fraisse, le mot d’ordre est à « l’apaisement » et à la responsabilité. Emmanuel Cosse et les pontes d’EELV ne demandent même plus la démission de Bernard Cazeneuve. Que s’est-il passé ? Y a-t-il eu une faute des gendarmes, et le pouvoir, déjà faible et sans crédibilité, a-t-il voulu éviter une bronca de toute la gauche, une crise de régime ? En ce cas, Bernard Cazeneuve aurait solennellement truqué la vérité pour sauver ledit régime, et il y aurait bien mensonge d’Etat et scandale d’Etat. Ou bien il n’y a pas faute, mais enchaînement de faits malheureux et peu probables et il y a mensonge d’Etat aussi, car le gouvernement laisse se développer sans la réfuter ni même la signaler la propagande radicale.
 
La décision précipitée du ministre de l’intérieur, sans attendre la fin de l’enquête, d’interdire aux forces de l’ordre l’usage du type de grenade incriminé, suggère la culpabilité des gendarmes.
 

La reculade du gouvernement nourrit le mensonge du système

 
Elle permet ainsi aux manifestants les plus violents, comme aux politiques qui prétendent pourtant jouer l’apaisement, de désigner l’Etat comme responsable. Ce mensonge est sans doute plus grave encore que la présentation manipulatoire des faits. En effet, même si l’on doit rester prudent sur le déroulement précis de ceux-ci, tout part de l’attaque réitérée d’un chantier par des groupes armés de cocktails Molotov et autres bombes artisanales. Et ces groupes ont blessé cinquante gendarmes sur soixante-dix engagés. Et Rémi Fraisse, qui était par ailleurs peut-être un étudiant sérieux en botanique, un bon fils et un bon copain, faisait partie de ces groupes assaillants dans la nuit de samedi où il est mort. La première responsabilité de l’affaire incombe donc aux radicaux et à Rémi Fraisse, et non à l’Etat, quel que soit le détail des faits. On voit donc que le recul de Bernard Cazeneuve et la passivité du gouvernement, pourtant matamoresque à l’ordinaire, de Manuel Valls, aident puissamment à l’inversion de l’information : l’Etat contribue au mensonge du système.
 
Plus, il aide ses adversaires à le déconsidérer par sa reculade généralisée. Non seulement il ne poursuit pas les manifestants responsables de violences sur le terrain, mais il a fait pression sur le Conseil général du Tarn pour que celui-ci suspende la construction d’un barrage peut-être critiquable, mais régulièrement décidée. C’est montrer surabondamment ce que chacun constate depuis deux ans : sauf en matière de révolution de la société, François Hollande cède à la moindre revendication, et l’autorité s’efface devant la violence. Il n’y a plus d’Etat en France, sauf pour brimer les braves gens et nier le bon sens. Mais c’est aussi porter sa pierre à un autre mensonge du système sur ce dossier : on mène le public à conclure, comme les médias l’ont répété en boucle, que le projet de barrage est absolument condamnable, absurde, et que le rapport produit pour le ministère de l’environnement l’établit. Or c’est tout simplement faux. Le rapport commandé par Ségolène Royal porte de nombreuses critiques mais ne conclut nullement à l’arrêt des travaux – quelle que soit la position personnelle et fluctuante du ministre. Face au déchainement violent des manifestants radicaux et au flot de propagande déversé par les écolos et les médias, l’Etat a réagi par l’absence et l’encouragement au mensonge.