Départementales : tout le monde raconte avoir gagné, mais la progression du FN est nette et l’abstention donne le ton

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On peut gloser à l’infini sur les élections de dimanche, ceux qui l’ont gagné (tous, s’il faut en croire les socialistes, l’UMP et le FN !) ce premier tour est caractérisé d’abord par l’abstention. Elle a frôlé les 50% et c’est énorme pour des élections départementales qui visent à désigner les futurs responsables du quotidien des Français.
 
Dépendance, handicap, action sociale auprès des familles et des individus, adoption, « protection maternelle et infantile », construction et entretien des collèges, gestion de l’aménagement rural et de la voirie, de l’eau, remembrement relèvent des conseils départementaux… Autant de domaines où le diktat écologiste joue son rôle, sources de charges et d’impôts nouveaux. Autant de compétences qui ont des répercussions immédiates dans la vie des administrés, sur leurs libertés et leurs moyens d’existence. Sans compter le poids spécifique des départements qui pèse sur les libertés et les droits des parents, par le biais des services sociaux.
 

Abstention : près de 50% des Français ont boudé les départementales

 
Si près de 50% des Français ne sont pas allés voter, c’est bien que la désaffection pour la chose politique, pour l’intérêt général (ne rêvons pas de bien commun !) et même pour leurs intérêts personnels a pris le dessus. Ou alors que personne, que ce soit à gauche, à l’UMP ou au FN, ne leur paraît digne de confiance, les trois grandes forces politiques apparaissant comme diverses facettes d’un même « établissement ».
 
Avec plus de 5 millions de voix, le FN est le mouvement unique qui a, à lui seul, recueilli le plus de suffrages. Et la plus grande progression. C’est un autre fait marquant de ce scrutin qui indique une réelle dynamique, sans toutefois – compte tenu de l’abstention – avoir permis au Front national d’augmenter le nombre de ses électeurs en termes absolus par rapport à des scrutins antérieurs.
 
D’ailleurs, tout en notant qu’il n’est pas le « premier parti de France » (si on combine UMP et UDI) et qu’il n’a pas dépassé la barre des 30% (il plafonne à 25,19%) comme ses responsables l’annonçaient un peu trop vite ces dernières semaines, il est le pivot de ces élections. Valls l’a conspué de nouveau, appelant au désistement républicain ; Sarkozy a pointé le programme économique d’extrême gauche du FN et sa satisfaction devant la victoire de Syriza, mais sans appeler à voter à gauche pour l’éliminer lors des ballottages. Le « ni-ni » reste à l’ordre du jour ; pour la gauche, c’est déjà le signe d’une connivence haïssable.
 

Le barrage au FN n’empêche pas sa nette progression

 
Si dans ce jeu trouble Fillon a rejoint la position de Sarkozy, Alain Juppé, lui, répète qu’il faut « faire barrage au FN ». Le « bloc » UMP-UDI est bien traversé de fractures ; Alain Juppé reste plus inébranlable dans sa posture idéologique, ce qui lui vaudra sans doute des retours en vue de la présidentielle de 2017.
 
Ces attitudes diverses du PS (ou appelons-le le bloc de gauche) et de l’UMP (avec un Sarkozy qui a pris soin de chanter la laïcité à quelques jours du scrutin) sont le signe d’une volonté politique qui ne varie pas : il y a des forces politiques que l’on veut tenir à l’écart, quand bien même sur de nombreux points ils rejoignent les partis en place sur plusieurs grandes lignes. Le Front national, ne l’oublions pas, prêche le même républicanisme et la même laïcité que les autres.
 

Tout le monde a gagné, même les écolos !

 
Et le PS ? Laminé, quoi qu’on en dise : il dépasse à peine les 2,7 millions de voix. La France a voté « à droite » – indépendamment, bien sûr, de ce que feront les élus une fois en place –, même pas à l’extrême gauche, tandis que les écologistes, avec 2,03% des voix, ne représentent plus rien. Voilà au moins une certitude : matraqués à longueur de programmes scolaires et de campagnes médiatiques à propos du « réchauffement climatique », les Français s’en moquent comme d’une guigne. Ils ne veulent pas du socialisme. Ce socialisme dont ils crèvent et qui s’impose de toute façon, que ce soit par le haut, via les organisations supranationales, ou par le bas, tous partis de l’établissement confondus.