Deuxième tour des départementales : les électeurs s’affranchissent des consignes anti-FN

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Entre le discours virulent de Manuel Valls contre le Front national et le prudent « ni-ni » de Sarkozy, dicté à l’évidence par la volonté de ne pas s’aliéner des électeurs potentiels en 2017, bien des Français ont choisi la même option. La troisième : celle du « ni-ni ». Ou « ni non, ni ni-ni », pour revenir aux mots élémentaires du discours démocratique. Au second tour des départementales, les sondeurs l’annoncent déjà, les électeurs seront nombreux à s’affranchir des consignes anti-FN.
 
On voit ici les limites du contrôle médiatique et politique de l’opinion. L’outrance ne paie pas : Valls l’a appris à ses dépens en constatant le mauvais score du PS qui gouverne seul depuis 2012 en s’appuyant sur une « légitimité démocratique » de plus en plus faible. Au premier tour des départementales, son parti obtient un maigre cinquième des voix exprimées – soit à peine plus de 10% du total des électeurs potentiels. Et prétend donner des leçons aux 25% de votants qui ont opté pour le parti de Marine le Pen (12,5% des électeurs inscrits).
 

Ni oui ni non : au jeu des départementales, les électeurs ne s’en laissent pas conter sur FN

 
Voilà qui relativise à la fois l’importance de ces résultats, et de manière plus intéressante, la portée de ce que peut raconter le chef du gouvernement à la une de tous les médias du pays. La France n’y croit plus. Et la propagande ne fonctionne pas.
 
Combien d’électeurs socialistes vont-ils glisser un bulletin dans l’urne pour élire les candidats « républicains » qui resteront seuls face à un binôme FN, quitte à voter UMP ou UDI ? Bien malin qui saurait le dire… L’exemple de 2002 est bien loin, où Chirac écrasait Jean-Marie Le Pen à 80 contre 20. Mais nous sommes en 2015. Le parti de sa fille n’a cessé de peaufiner son discours… républicain lui aussi. Il a les honneurs incessantes des médias, pour agressives qu’elles soient souvent. Et hormis son discours anti-européen, il a de plus en plus de points communs avec les partis qui aujourd’hui le honnissent autant par idéologie que par crainte de devoir partager un gâteau électoral qui devient de plus en plus une fin en soi, à mesure que le pouvoir émigre vers Bruxelles.
 

Consignes anti-FN : le deuxième tour des départementales est très ouvert

 
Un sondage nous apprend certes qu’une majorité des électeurs – peu ou prou – de Valls et Hollande, suivraient la consigne de voter pour un binôme UMP resté seul face à un binôme FN : 57%. 3% opteraient carrément pour ce dernier : c’est peu. Cela laisse tout de même quatre électeurs sur dix, qui ont déjà amplement apporté la preuve de leur enracinement idéologique indécrottable, capables d’ignorer les recommandations fébriles de leurs leaders.
 
Et ceux de l’UMP ? 54%, n’ont aucune intention de suivre les consignes si promptement données par Nicolas Sarkozy dimanche soir, à la proclamation de résultats plutôt favorables pour sa personne. L’enquête Odoxa-Le Parisien les voit répartir leurs voix très équitablement entre le FN et le PS, soit 27% pour l’un, 27% pour l’autre. Seuls 46% choisiraient, comme le leur a ordonné Sarkozy, l’abstention ou le vote blanc ou nul.
 
Le FN, « premier parti de France » avec plus de 25% des électeurs dimanche dernier, jouera dimanche prochain une partie importante pour son avancement vers une « normalisation » complète. On peut le voir comme seul contre tous : contre le bloc des « autres », qui représente près de 75% des votants du 22 mars. Ou comme un bloc face à deux autres blocs un peu plus importants que lui : ceux de la « gauche » et de la « droite ». La porosité de l’électorat contredit cette donne trop simpliste. Même si le discours politique du FN, sur le plan économique et même, souvent, sur le plan sociétal, interdit de le classer en dehors de cet établissement qui prétend le haïr à 100%.