La Fondation OpenAI d’Elon Musk — un outil pour contrer la menace de l’intelligence artificielle ?

Fondation OpenAI Elon Musk menace intelligence artificielle
Elon Musk à Detroit, le 13 janvier.

 
A l’heure où l’intelligence artificielle est de plus en plus présente dans nos vies, le fondateur de Paypal, Elon Musk, est de ceux qui mettent en garde contre les dangers que celle-ci représente pour notre espèce. Tout comme un nombre important de techniciens et de scientifiques de renom, dont le physicien théoricien Stephen Hawking ou encore le professeur émérite de l’université de Sheffield, Noel Sharkey, Elon Musk pense que l’intelligence artificielle est potentiellement une menace pour l’espèce humaine si son développement ne s’affranchit pas de la notion de retour sur investissement attendu de toutes les recherches en la matière. C’est la raison pour laquelle il a créé la Fondation Open AI, une société à but non lucratif, avec son associé Peter Thiel, mais également le géant indien de la technologie Infosys ou encore les services Web d’Amazon. L’idée du projet, doté d’un milliard de dollars, est de financer la recherche et de partager les découvertes relatives au développement d’utilisations novatrices de l’intelligence artificielle, de sorte que l’on puisse évaluer de manière impartiale les avantages et les inconvénients des nouvelles avancées en la matière.
 

L’intelligence artificielle, une menace réelle pour l’homme

 
Les géants mondiaux que sont Google ou Facebook ont déjà fortement investi dans la robotique et dans les systèmes « super-intelligents » qui leur confèrent une puissance bien trop importante pour rester entre leurs seules mains. Les robots sont partout dans notre environnement, mais peut-être pas sous la forme qu’on imagine. La police fait appel à eux pour les opérations de déminage ou lors des prises d’otages. Le recours à des robots armés téléguidés est déjà une réalité depuis que la police du Nord Dakota s’en est équipée. L’étape suivante, déjà mise en œuvre dans l’armée israélienne, consiste à autonomiser ces robots armés.
 
Une société texane a même mis au point un drone capable de surveiller les propriétés privées de manière autonome, et d’immobiliser au moyen d’un Taser tout intrus jusqu’à l’arrivée de la police. Aussi rassurant que cela puisse paraître, il n’est que d’imaginer la convergence entre ce genre d’équipement et la reconnaissance faciale dans le cadre de la traque de terroristes… ou non, que justifierait un état d’urgence par exemple.
 

Une menace également pour les droits et les libertés de chacun

 
Tous ces robots peuvent en outre être connectés entre eux, notamment par un « cloud » et ainsi travailler en synergie. De tels développements permettraient de surveiller des foules de gens à distance, par exemple. Ils posent ainsi la question de la protection des libertés individuelles et des droits de l’homme à l’encontre de l’intrusion des machines dans la vie quotidienne de chacun.
 
Comme toute machine connectée, celles-ci peuvent en outre être piratées et détournées de leur fonction première. Cela a déjà été le cas pour des vols ou des trafics de drogue. Pourquoi ne pas imaginer des terroristes-hackeurs détournant des drones sur des bâtiments ?
 

Elon Musk et la Fondation OpenAI — un faux rempart ?

 
Elon Musk en appelle avant tout à développer une intelligence artificielle qui ait un « impact social positif dans ses applications » et à faire en sorte que la recherche « ait toujours un coup d’avance sur la technologie ». Ses propos reflètent parfaitement les inquiétudes du monde scientifique quant aux avancées faramineuses de l’intelligence artificielle au point de faire craindre qu’un jour, ces systèmes dont on ne pourra plus se passer puissent tout simplement nous supplanter. La prise de contrôle de réseaux entiers – comme les transports, avec les véhicules connectés – par les machines n’est pas inenvisageable. Stephen Hawking n’a-t-il pas déclaré à la BBC que la « technologie pourrait sonner le glas de l’humanité », avertissant qu’elle pourrait aussi « se redéfinir elle-même à un rythme toujours plus rapide » et dépassant ainsi les avancées humaines ?
 
Les intentions d’Elo Musk semblent a priori bienveillantes. Mais malgré ses moyens financiers, la recherche et les applications à but lucratif de Google, Facebook et consorts n’en auront-ils pas raison ? Le fondateur d’OpenAI ne dit-il pas lui-même qu’« avec l’intelligence artificielle, nous en appelons au démon » ? Or sa démarche aboutit à appeler à une multiplication de ces inquiétantes machines.
 
Une marche forcée vers le transhumanisme ?
 

Nicklas Pélès de Saint Phalle