ACTION American Assassin •

 
American Assassin est un film d’action américain. S’inscrivant dans un genre de toute façon limitée, il s’avère en outre de qualité moyenne. American Assassin débute sur une scène forte, un horrible massacre, et qui est paradoxalement la plus réaliste du film : un commando de terroristes islamistes débarque parmi des estivants sur une plage espagnole, et tire aux armes à feu sur la foule…On frémit de penser qu’il n’y a pas là quelque extravagance de scénariste peu inspiré et de goût douteux, mais le souvenir de tragédies trop réelles, qui ont déjà eu lieu par exemple en Tunisie. Un étudiant américain, lui-même gravement blessé, mais qui finira par se rétablir physiquement, perd dans l’attaque sa fiancée, qui venait en plus d’accepter de l’épouser ; on est plein mélodrame américain. Il décide alors de se venger, et de traquer lui-même les terroristes en les infiltrant. Il s’astreint alors sur plusieurs années à un programme physique et intellectuel des plus rigoureux pour y parvenir. Certains éléments sont justes, comme le fait que les groupes terroristes, qui craignent précisément d’être infiltrés, multiplient les questions-pièges sur les collatéraux par alliance de Mahomet, et il faut y répondre de manière rapide et juste en arabe. Cette démarche personnelle n’est toutefois pas très crédible. Puis il finit, tardivement, par être récupéré par la CIA. Mais sa motivation avant tout très personnelle n’en fait pas un champion de la discipline.
 

American Assassin, un film typiquement républicain, une curiosité sociologique

 
Les agents de la CIA ont pour mission de démanteler un réseau iranien d’approvisionnement en matières fissiles, voire en bombes atomiques prêtes à l’emploi. L’intérêt du film réside dans ce qu’il dit de la culture populaire américaine : l’Iran est l’ennemi, toujours l’ennemi, malgré les accords sur le nucléaire iranien de 2015 – empêchant théoriquement toute perspective d’armement nucléaire de l’Iran. L’Iran serait l’ennemi des Etats-Unis, non pas parce que menaçant les Etats-Unis, mais parce que menaçant Israël. La défense d’Israël est visiblement aussi importante que celle des Etats-Unis dans l’esprit du film, et la chose est avancée comme une évidence. Ce point de vue serait aussi celui du président Trump.
 
Pour le reste, dans sa dimension d’action fondamentale, on veut bien admettre qu’American Assassin n’ennuie pas et comporte une vraie scène finale forte et spectaculaire, que nous ne révèlerons pas ici, et qui fait écho à celle d’ouverture. Même si le genre ne se prête pas à la finesse, on regrettera quand même le caractère sommaire des personnages, souvent réduits à des clichés, comme les méchants généraux islamistes iraniens qui rêvent de lancer des bombes atomiques sur Israël – en se moquant implicitement de la réplique atomique israélienne certaine sur leur pays en ce cas – ou le mercenaire-déserteur qui veut causer le plus grand mal possible aux Etats-Unis. Curieusement, American Assassin paraît un film typiquement républicain, alors qu’Hollywood est démocrate, et peut intéresser comme curiosité sociologique, un peu comme la série des Rambo, avec un premier degré qui ne vole pas plus haut, pour le moins.
 

Hector JOVIEN

 
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