DRAME HISTORIQUE En mai, fais ce qu’il te plaît ♠


 
En mai, fais ce qu’il te plaît renvoie de manière ironique, suivant une réplique du film, au drame de l’Exode de mai-juin 1940, avec plus de 8 millions de civils français dispersés sur les routes de France. Ils ont fui l’avance de l’armée allemande, et ont souvent été rattrapés par elle. Ce drame, réel, et qui a fait quelques milliers de morts, est aujourd’hui un peu oublié. Filmer cet exode tragique – un exemple parmi des milliers d’autres – de la population entière d’un village de l’Artois, fuyant l’armée allemande en mai 1940, est dans l’absolu un bon sujet.
 
Mais il aurait fallu s’en contenter. L’ajout d’intrigues secondaires, qui deviennent vite centrales dans la narration, celles d’un officier écossais perdu, mais d’une constante volonté martiale exemplaire, et de réfugiés allemands père et fils, fait glisser la bonne idée initiale dans le téléfilm improbable, larmoyant, doublé d’héroïsme déclamatoire frôlant le comique involontaire. Un drame rationnel trop vrai glisse vers un conte abracadabrantesque, prévisible et selon la morale de notre temps peu finement martelée. L’invasion allemande du printemps 1940 n’a certainement pas été philanthropique, pas plus que l’avance d’aucune armée dans un pays ennemi. Mais la concentration assez formidable d’exactions, de caractères odieux, donne involontairement dans la surcharge là encore quasiment burlesque.
 

En mai, fais ce qu’il te plaît : un ratage complet

 
S’y ajoutent des fautes historiques manifestes. Ainsi, un réfugié communiste allemand, au temps du pacte germano-soviétique Molotov-Ribbentrop de 1939-1941, n’aurait certainement pas été le premier des résistants en France, dès mai 1940. De plus, lors d’une scène illustrant l’avancée d’une division blindée de la Wehrmacht, véritable morceau de bravoure du film, sont montrés de près des StuG III à canon long de 75 mm… En mai 1940 ! Ce qui est un anachronisme absolu, une rencontre impossible avant le printemps 1942 au plus tôt… La consultation de n’importe quel amateur compétent, même simple adolescent maquettiste, aurait empêché cette faute énorme, inconcevable !
 
En mai, fais ce qu’il te plaît est donc un ratage complet, à fuir. Le spectateur héroïque peut au plus se consoler en écoutant jusqu’à la toute fin du générique la belle musique originale d’Ennio Morricone.
 

Hector Jovien

 
mai plaît film drame exode cinéma