La science-fiction a prédit la menace de la Silicon Valley (des GAFA) pour les libertés individuelles

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Il suffisait de lire… Dans Breitbart, le dénommé Virgil s’est attaché à retrouver dans la littérature de science-fiction les grands et petits titres qui pouvaient laisser prévoir l’avenance de la toute-puissance des grands noms du Web, ceux que l’on appelle, sans doute un peu facilement, les GAFA, acronyme de « Google Apple Facebook Amazon ». Un empire désormais multiforme, qui le devient de plus en plus, liant au commerce le trésor des données personnelles, ou encore l’intelligence artificielle…
 
Mais un empire sur lequel souffle un vent de désaccord, que ce soit sur le côté financier outrancier ou sur la question des libertés individuelles. Leur suffira-t-il de s’entendre avec les autres forces en présence pour faire perdurer la concentration technologique dans leurs mains – à notre détriment ?
 

Les GAFA contre les libertés individuelles

 
D’où est venu le pouvoir et la richesse frappants de ces géants du Web ? De la technologie numérique. Les GAFA, nés à la toute fin du XXe siècle, ont parié sur cet outil novateur qui pénètrerait tant dans les différents domaines de la connaissance et du savoir-faire humain que dans notre petite vie de tous les jours.
 
Pour Virgil, « ils ont détourné notre économie, notre société et une part non négligeable de notre liberté ».
 
Au cours des deux derniers siècles, de nombreux voyants et écrivains nous ont dit que les progrès technologiques étaient une arme à double tranchant. Pour ce que nous feraient gagner ces inventions en termes de niveaux de vie, des dangers apparaîtraient dans une mesure semblable – peut-être même au détriment des avantages initiaux.
 

Les avertissements de la science-fiction : Orwell et Williamson

 
Et Virgil de citer les deux romans annonçant différemment l’émergence de cette reine des temps post-modernes : le célèbre 1984 de George Orwell et le moins connu With Folded Hands de Jack Williamson, publié en 1947. Orwell a magnifiquement dessiné les risques de la technologie mise au service du totalitarisme politique : Big Brother, le ministère de la Vérité, le lavage de cerveau somme toute… et la privation totale de liberté individuelle.
 
Seulement, « La tyrannie de la technologie actuelle n’était pas au centre de son avertissement ». Or il faudrait s’inquiéter d’ores et déjà de ce seul totalitarisme technologique, imaginé comme tel, au service d’autres objectifs pouvant varier.
 
Dans With Folded Hands, Jack Williamson mettait en vedette des robots qui étaient là, a priori, pour aider les humains : « Servir, obéir et protéger les hommes contre le mal », telle était leur devise. Et les robots ont commencé à tout faire pour tout le monde, jusqu’à ce qu’ils déclarent que les hommes constituaient une menace pour eux et que donc toute activité humaine autonome était interdite.
 

La folie de la technologie ou la technologie de la folie

 
Idée que les hommes doivent se méfier de leurs propres créations… Le roman de l’Anglaise Mary Shelley, Frankenstein, le disait dès 1818, où un savant fou crée un monstre dont il craint quotidiennement les exactions… C’est encore plus vrai à l’heure où la puissance informatique s’accélère, semble-t-il, sans fin.
 
La petite chose en plus, par rapport à Orwell, c’est que tout le monde veut être partie prenante, prendre le train du Progrès, ou du moins ne pas s’y opposer face aux difficultés de rester à l’écart… Les gens de tous âges sont de plus en plus « branchés », de sorte que la valeur boursière des sociétés GAFA se mesure aujourd’hui en billions – la capitalisation d’Apple représente à elle seule plus de 900 milliards de dollars.
 
Malgré tout ce quoi se dévoile, peu à peu, via lanceurs d’alerte et autres, des abus établis comme tels dans le système. L’article de Breitbart cite ce titre du Washington Post du 7 août dernier : « Ces 42 applications Disney espionneraient vos enfants »… applications qui recueillent évidemment des données et « profilent » ces jeunes clients dans l’objectif d’un partage illégal avec des annonceurs. Les données accumulées de milliards de personnes sont d’un intérêt considérable – ce n’est pour rien que Facebook a racheté la petite « Whatsapp », en 2014, pour la modique somme de 21,9 milliards d’euros. Le controversé Julian Assange parlait d’un potentiel « régime d’espionnage totalitaire, comme nous n’en avons jamais vu ».
 
Et l’IA (Intelligence artificielle) est le prochain grand train du système. Les géants du web s’y sont tous mis, sans exception, cachant jalousement leurs travaux et payant des ponts d’or à leurs chercheurs. Le physicien Stephen Hawking autant que les entrepreneurs Bill Gates et Elon Musk ont averti des dangers inhérents à ce nouveau domaine. Malgré tout, ce sont les premiers à y avancer d’un pas ferme… Le PDG de Facebook, Mark Zuckerberg, y met encore moins de formes.
« Nous avons été prévenus » finit l’article de Breitbart !
 

De la difficulté de l’objection numérique…

 
La suite va être intéressante. Depuis quelques temps, le vent tourne à la Silicon Valley, non que leurs recherches ou leur bénéfices diminuent, mais les spectateurs, comprenez les autres forces en présence, froncent de plus en plus les sourcils. Et les media s’y sont mis : « Silicon Valley is not your friend », titrait il y a un mois le New York Times. La contestation est plurielle.
Financière et économique : ces GAFA qui brassent des centaines de milliards font en sorte de ne pas être taxés sur le sol européen, ce qui génère la colère de la Commission européenne (mais pas de Washington) qui les accuse de « détruire la démocratie ». Leaders incontesté du marché boursier, ils font surtout mourir un nombre considérable de plus ou moins petits commerces, dans un nombre de pays grandissant.
 
Idéologique : ces maîtres des réseaux sociaux comparaissaient à la fin du mois d’octobre devant le Congrès américain, dans le cadre de l’enquête parlementaire sur l’ingérence de la Russie lors de la campagne présidentielle. Désinformation, manipulation de l’opinion… ces armes en or sont à partager ou en tout cas à négocier…
 
Gageons qu’ils y parviendront – pas à notre avantage, soyons-en convaincus. Les libertés individuelles sont une bannière pour les aveugles.
 

Clémentine Jallais