Crise grecque : dénatalité et exode, causes et conséquences démographiques

Crise grecque : dénatalité et exode, causes et conséquences démographiques
 
La crise grecque a provoqué au cours des dernières années deux grandes périodes d’hémorragie des liquidités à mesure que les Grecs retiraient leurs capitaux des banques locales, et cessaient d’y déposer leur argent. Mais les fluctuations des dépôts ne sont rien à côté de l’hémorragie en hommes et de la crise démographique : depuis 2010, et sans répit, la Grèce voit sa population fondre. Dénatalité d’une part, exode de l’autre : ce sont les deux facteurs qui accompagnent la crise économique. Comme causes et conséquences…
 
Les inquiétudes des Grecs par rapport à leur monnaie et à leur capital sont finalement moins graves pour leur pays que la diminution inexorable de leur population, qui comme dans de nombreux pays riches ou « émergents » s’accompagne d’un vieillissement inquiétant.
 

La balance démographique grecque est négative : une recette de crise

 
En 2013 et 2014, la balance démographique nette de la Grève était négative : la population a diminué de 75.000 âmes pour chacune de ces années. Sur une population totale de quelque 11 millions, c’est une chute spectaculaire : quelque 0,7 % par an. Il y a eu 20.000 décès de plus que de naissances en 2014, le reste de ce solde négatif s’explique par l’émigration, inévitable dans un pays où le taux de chômage des jeunes de 15 à 24 ans est de 50 % (contre 25 % en 2007).
 
Les Grecs ne peuvent plus faire face alors qu’ils s’appauvrissent parallèlement : le PIB réel du pays s’est contracté de 25 % depuis 2007 et le PIB par tête a chuté de 17 % sur la même période. Dans le même temps, ils ont moins d’enfants dans une situation perçue comme intenable.
 
De nombreux Grecs s’en vont vers l’Australie : on en compte désormais 300.000 dans la seule ville de Melbourne, troisième ville grecque au monde derrière Athènes et Thessalonique. Depuis le milieu de 2013, on estime à 10.000 ou 20.000 le nombre de familles grecques qui ont plié bagage pour rejoindre le sous-continent. Un commentateur australien note que l’exode devrait s’accentuer après le référendum de dimanche.
 

Dénatalité et exode comme cause et conséquence de la crise grecque

 
Et ce ne sont pas les vieux qui partent, mais les jeunes en pleine force de l’âge, qui recherchent ailleurs un travail pour pouvoir nourrir leurs enfants…
 
Tous ces enfants manqueront à l’appel en Grèce, aggravant encore davantage une crise qui est démographique aussi dans ses origines.
 
Si la Grèce se trouve dans une situation aussi dramatique, le poids des pensions de retraite y est pour beaucoup : elle y consacre environ 15 % de son PIB au financement. On a coutume de dire qu’elles étaient généreuses à l’excès, mais une part importante du problème réside dans le fait que 20 % des Grecs ont plus de 65 ans, contre 11 % en 1971. Au même moment, la part des futurs travailleurs – cotisants et contribuables ! – est passée de 25,4 % de la population à 14,4 % de 1971 à 2011.
 
Autrement dit, au cours de ces dernières décennies, la Grèce a massivement refusé la vie. C’est au début des années 1980 que le taux de natalité est passée sous la barre des 2,1 enfants par femme nécessaires au renouvellement des génération, depuis les années 1990, la natalité oscille entre 1,3 et 1,5 enfant par femme, ce qui correspond à une perte de population de 25 à 30 % pour les générations futures.
 
Et ainsi la crise grecque est-elle inscrite dans ses berceaux… vides.
 

Anne Dolhein