Russia Today s’en prend à Notre-Dame de Guadalupe : rt.com se moque de l’« idolatrie » et du « fétichisme » de ceux qui honorent la Mère de Dieu

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Pourquoi, mais pourquoi le média proche du Kremlin Russia Today a-t-il décidé de s’en prendre à l’image miraculeuse de Notre-Dame de Guadalupe ? Dans un esprit parfaitement laïcard et anticatholique, la version hispanophone de rt.com publiait mercredi une attaque d’un historien mexicain, Leopoldo Mendivil Lopez contre ce plus émouvant des miracles de la Mère de Dieu, qui laissa son image sur la tilma – le poncho en fibres d’agave – d’un humble Indien du Mexique, en 1531. On ne peut qu’émettre des hypothèses – ce que nous ferons en fin d’article – mais il faut d’emblée constater que cette insulte aux catholiques qu’il accuse d’idolâtrie et de fétichisme vise précisément le peuple simple et fidèle d’Amérique latine. Actualidad.rt.com est taillé sur mesure pour attirer le public du nouveau continent : c’est lui qui est visé, dans sa foi.
 
Le titre même est trompeur. « Les secrets de la Vierge de Guadalupe » interpelle le lecteur et l’incite à suivre le lien vers un article qu’il imagine devoir exposer quelques-uns des faits stupéfiants constatés par la science à propos de cette image faite de pigments inconnus sur terre. Eh bien non : il ne s’agit pas de s’intéresser aux études scientifiques de plus en plus nombreuses qui révèlent le caractère proprement merveilleux de l’image de la patronne des Amériques, mais de ridiculiser la dévotion des millions de pèlerins qui la vénèrent. Et ce au lendemain de la fête de la « Morenita » – la Petite Brune – qui ce dernier 12 décembre et comme chaque année, a rassemblé plusieurs millions de personnes au sanctuaire de Mexico.
 

Idolatrie et fétichisme, la vénération de la Vierge de Guadalupe ?

 
«  Depuis sa présumée apparition, les ouailles n’ont pas laissé d’adorer cette divinité qui – selon elles – est la mère du tout-puissant et la femme qui montre le bon chemin. Des offrandes de nourriture, de veilleuses, d’aumônes et même de tableaux ou de statuettes en céramique de la vierge de Guadalupe apparaissent chaque année dans la basilique qui porte son nom, et selon certaines estimations, cela représentera en 2017 des retombées de près de 12 millions de dollars pour la ville de Mexico », affirme rt.com avec un regard aussi sceptique que cynique.
 
Le journaliste explique que selon les statistiques officielles du Mexique, exactement 84.217.138 personnes pratiquent la religion catholique dans le pays – « celle-là même dont l’objet d’adoration principal est la Vierge de Guadalupe ». Faux, évidemment : les catholiques adorent Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit et vouent un culte de vénération à la créature incomparable qui a porté et donné naissance au Verbe incarné. Ce qui devrait être à portée de compréhension pour un média lié à la Sainte Russie, fût-elle orthodoxe. Mais peut-être la Vierge de Guadalupe a-t-elle le tort d’être trop catholique, justement…
 

Russia Today veut ridiculiser Notre Dame de Guadalupe

 
Mendivil Lopez explique : « La vénération d’images en tant que substitut des concepts abstraits ou métaphysiques qu’elles représentent – c’est-à-dire, l’idolâtrie ou le fétichisme – est une condition naturelle du psychisme humain. Au bout du compte, peu importe le degré d’éducation, puisque cette partie de notre cerveau qui porte le nom de noyaux gris centraux est héritée d’espèces ancestrales. Cela étant dit, le Mexique n’est pas différent de n’importe quelle autre société comme la France, où l’on adore la Vierge de la Salette, ou des Etats-Unis, où l’on a créé l’image fictive de Santa Claus. »
 
Le Père Noël et Notre Dame relégués au même niveau de superstition populaire ? Il faut oser…
 
Pour l’historien, les conversions spectaculaires qui ont eu lieu après l’invasion espagnole au XVIe siècle n’ont rien à voir avec l’apparition de la Très Sainte Vierge sous des traits métissés : non, les Aztèques, peuple guerrier, allaient naturellement se tourner vers « les dieux » des chrétiens au fur et à mesure de leurs défaites qui leur apportaient la preuve que leurs divinités étaient moins puissante.
 De toute façon, Mendivil Lopez ne croit pas en l’existence du voyant, le très touchant converti indien Juan Diego. « En réalité, il semble que le phénomène de l’apparition ait pris forme à l’intérieur de l’esprit d’un seul homme : le roi Carlos Ier d’Espagne. Il ne faut pas s’étonner qu’une autre vierge se soit manifestée au Pérou, peu avant qu’on ne commence à construire la légende de la Vierge de Guadalupe : là, on a érigé la Vierge de l’Evangélisation ou Notre Dame de l’Evangélisation, à l’initiative de la fille du conquistador des Incas, Francisco Pizarro », assène l’écrivain.
 

Pourquoi rt.com hispanophone en veut-il à une apparition de la Vierge ?

 
Tout faux. Notre Dame de l’Evangélisation est une statue, une simple statue offerte au tout nouveau diocèse de Lima aux alentours de 1450 par le roi qu’on appelait déjà à cette date Carlos V, Charles-Quint, l’une des premières représentations de Notre-Dame à recevoir le culte public à la Vierge dans la région.
 
Pour Mendivil Lopez, « l’adoration » de la Morenita a commencé, « sans l’ombre d’un doute, en 1556 ». Cette année-là, un prêtre aisé et influent, envoyé spécial du roi Carlos Ier, l’abbé Alonso de Montufar, chargé de « l’idéalisation de la légende de l’apparition de la vierge de Guadalupe », qui allait « faire partie de la structure psychologique de la Nouvelle Espagne », dès lors qu’elle aurait « absorbé les caractères protecteurs qu’avait eus Coatlicue, la déesse et Terre mère des Aztèques ».
 
Et tant pis pour les récits des apparitions, bien antérieurs – le Codex de 1548, par exemple, découvert en 1995, a été rédigé l’année de la mort de Juan Diego –, tant pis pour l’histoire bien documentée de saint Juan Diego qui devait consacrer sa vie à répandre la vénération pour sa belle « Reine et demoiselle ».
 
L’historien « expert » de rt.com veut, lui, faire admettre que le portrait miraculeux de Notre Dame n’est que la troisième version d’une image originelle d’une Vierge Noire portant l’enfant Jésus dans ses bras : l’image a été selon lui profondément remaniée jusqu’à ressembler à une Vierge plus « castillane ». Qui par miracle, pourtant, « l’historien » omet de le signaler, porte des signes que seuls des Aztèques pouvaient comprendre, correspondant à leur iconographie et à leur symbolique, et dont l’étude révèle aux scientifiques du XXIe siècle des prodiges, telle la cartographie précise du Mexique dessinée dans les plis et les ornements de la robe de Marie.
 
Quant aux « secrets de la Vierge de Guadalupe » que l’article promettait d’évoquer, on les trouve dans les dernières lignes de Leopoldo Mindivil Lopez : « Le plus grand secret de la Vierge de Guadalupe et de la tilma qui est exposée dans la basilique de Mexico est que cette divinité n’a pas apparue d’abord à Juan Diego en 1531, mais qu’elle a fait son apparition en Amérique quand Christophe Colomb a foulé aux pieds le continent le 12 octobre 1492, puisque lui était de Guadalupe. Il faut noter que lui-même portait la bannière de la Vierge de Guadalupe, quarante ans avant son apparition officielle que nous rappelons aujourd’hui collectivement. »
 
En effet, Christophe Colomb – qui était né dans la République de Gênes, et qui avait simplement été reçu dans le sanctuaire de Caceres par Ferdinand et Isabel de Castille – avait confié son voyage et sa mission à Notre-Dame dans ce monastère de Guadalupe – ce qui laisse d’ailleurs deviner la surprise et l’émerveillement du premier évêque du Mexique, Mgr Juan de Zumarraga, en apprenant que la Dame de l’image de la tilma de Juan Diego s’était elle-même désignée comme Notre Dame de Guadalupe dans une apparition à l’oncle du voyant.
 

Russia Today donne complaisamment la parole à Leopoldo Mindivil Lopez

 
Le scepticisme acide de Mindivil Lopez, complaisamment relayé par Russia Today, passe à côté des innombrables faits qui attestent de l’histoire et du caractère inexplicable de la si belle image de la Mère de Dieu qui veut réunir tous ses enfants sous la protection de son manteau.
 
Pourquoi ?, demandions nous dans les premières lignes de cet article. Pourquoi cette attaque frontale ? Le site hispanophone clairement pro-révolutionnaire de rt.com, jamais en reste pour glorifier un Chavez, un Castro, un Che Guevara, obéit peut-être tout simplement à une des règles de la dialectique marxiste : appuyer sur les différences et les divisions, et au besoin les créer, pour aller vers la rupture et la synthèse. C’est tout à l’opposé du message de Guadalupe, véritable trait d’union entre l’ancien monde le nouveau, signe que les colons et les colonisés, les Espagnols et les Indiens doivent être fondamentalement unis dans la fraternité des enfants de Dieu, vénérant et priant la même Vierge-Mère qui les conduit au Christ.
 
Et puis c’est un message catholique, le début de l’extraordinaire expansion de la foi catholique que déclencha la conquête de l’Amérique latine par les Espagnols et les Portugais, qui d’ailleurs se sont fondus dans les populations locales en les éloignant de leurs croyances ancestrales pour les amener à la lumière de la Vérité. Voilà qui ne cadre pas avec une certaine vision d’un monde « multipolaire » et maçonnique où chaque tradition religieuse est placée sur le même plan, pourvu qu’elle ait « la mémoire longue ».
 

Jeanne Smits