Cécile Duflot accuse Manuel Valls d’avoir fait « disparaître la gauche »…

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Cécile Duflot, opposée à la déchéance de nationalité, à l’Assemblée nationale le 26 janvier dernier.

 
Répondant aux questions de notre confrère Paris Match, l’ancien ministre écologiste Cécile Duflot dénonce la politique de Manuel Valls, qu’elle accuse de puiser dans les propositions de la droite, voire de l’extrême droite, et, petit à petit, d’avoir ainsi fait « disparaître la gauche ».
 
Dans cet entretien, Cécile Duflot, aujourd’hui député de Paris, dresse la liste des reproches qu’elle lui fait, en un long réquisitoire qui fait écho à la démarche actuelle de Christiane Taubira.
 

Cécile Duflot contre Manuel Valls

 
« Il a tort dans l’analyse, tort dans l’idée que la tactique, et l’habileté vont leur permettre de sortir de cette situation, tort dans la manière d’exprimer quelque chose qui s’apparente à une autorité virile dans un moment où on a besoin d’intelligence, de souplesse, de réactivité, d’avantage que de posture », affirme-t-elle avec force, en laminant la réflexion de l’actuel premier ministre.
 
Son constat est donc sanglant : « A force de trianguler et de reprendre toutes les thématiques de la droite voire même aujourd’hui de l’extrême droite avec la déchéance, Manuel Valls a fait disparaître la gauche. J’exprimais cette crainte dans un livre quand il a été nommé à Matignon il y a deux ans. Malheureusement c’est aujourd’hui avéré. »
 
Quant à la gauche en elle-même, Cécile Duflot estime que « le mot même est abîmé, il n’est plus synonyme de justice sociale et de liberté, preuve que la gauche va très mal ».
 
On pourrait remarquer que des reproches similaires ont pu être fait, ces dernières décennies, à tous les gouvernements de gauche confrontés, un jour ou l’autre, à la réalité. C’est un long débat qui divise, au sein du socialisme, idéologues et réalistes depuis ce jour de 1981 où François Mitterrand les a introduit dans les allées du pouvoir, et qui mériterait que l’on s’y attarde.
 

On voit « disparaître la gauche »…

 
Car c’est un problème réel. Selon un sondage Ifop-Fiducial pour Paris Match et Sud Radio publié fin janvier, François Hollande a perdu dix points en un mois, et sa popularité est retombée de ce fait sous le niveau qui était le sien avant les attentats du 13 novembre…
 
Seuls 26 % des personnes interrogées disent désormais approuver l’action du chef de l’Etat. Qu’il s’agisse d’un sondage n’y change rien, car c’est aujourd’hui une constante. Et là encore la réalité frappe très fort : peut-on présenter un champion aussi désarmé, aussi mal-aimé, à la prochaine présidentielle dans quinze mois ? Le chiffre de ceux qui souhaitent sa réélection est éclairant sur ce point, car il est encore plus faible : 21 % !
 
Affirmant que cela ne s’est « jamais vu », le directeur général adjoint de l’Ifop, Frédéric Dabi, affirme : « Il redescend à son niveau d’avant le 13 novembre. Il était alors à 28 %. Il perd tout le bénéfice de sa bonne gestion du 13 novembre. »
 
C’est plus qu’une erreur de perspective : c’est une erreur d’analyse. On peut sans doute discuter de la gestion hollandienne du 13 novembre, mais il faut oser affirmer de but en blanc qu’elle fut « bonne ». La réalité, et cela a été fort bien dit, et à plusieurs reprises, c’est que François Hollande est alors remonté dans les sondages parce que, lorsque la France est attaquée, les Français se tournent vers leurs porte-drapeaux. Mais les trois couleurs sont manifestement trop lourdes à porter pour le président de la République…
 

François le Luc