Russie : la corruption règne en maître dans le système de santé

Russie, la corruption règne en maître dans le système de santé
 
Un témoignage publié par le quotidien néerlandais conservateur populaire De Telegraaf raconte les affres d’une famille russe confrontée à la maladie : une maladie grave, potentiellement mortelle, qui a frappé le grand-père, 77 ans. Alors que les soins médicaux sont supposés être gratuits en Russie, la médecine socialisée, héritage de l’Union soviétique, est très loin de tenir ses promesses et la corruption y règne en maître.
 

Le règne de la corruption en Russie

 
La scène se déroule au nord de Saint-Pétersbourg : le gendre du vieux monsieur raconte comment le médecin consulté hausse les sourcils à l’idée de l’opérer. « Il a 77 ans, c’est bien trop vieux pour que nous entamions un traitement. Il est bien malade. Et les quotas sont déjà largement dépassés. Nous devons faire des économies ! » La famille comprend sans difficulté ce qui est attendu d’elle : fournir une bonne quantité de roubles pour sauver la vie du malade.
 
Cela n’empêche pas l’hôpital où il sera en définitive opéré d’être « relativement propre » ; le personnel est « dévoué ». Seulement, il faudra aligner 100.000 roubles supplémentaires lorsqu’une transfusion sanguine s’avérera indispensable – soit l’équivalent de 1.800 euros, sachant que le malade, un ancien ingénieur de haut niveau qui a travaillé jusqu’à ses 70 ans, dispose d’une pension de retraite de 300 euros, guère plus.
 
C’est d’ailleurs sa fille qui se rend chaque jour à l’hôpital pour lui apporter ses repas – l’ordinaire de l’hôpital , trop gras, ne convient pas à un opéré de l’intestin – et des médicaments occidentaux qu’elle peine à trouver dans les pharmacies de Saint-Pétersbourg, pour cause d’embargo et de programmes d’économies qui contraignent les hôpitaux à « consommer russe » en préférant une production locale soit inexistante, soit inefficace puisque la contrefaçon est aussi endémique que la corruption.
 
Quant aux soins de confort dont le patient a besoin alors qu’il se trouve totalement dépendant – du moindre verre d’eau au renouvellement du pansement – ils sont disponibles. A condition toutefois de payer l’équivalent de 100 euros par jour…
 

Un système de santé en déliquescence

 
Les économies mises en place par le pouvoir sont telles que les gens ordinaires ne peuvent guère se faire soigner sans verser d’importants dessous de table – tandis que les plus riches ont la solution d’aller en Suisse où les établissements les plus coûteux offrent des thérapies de pointes, là encore à condition de payer.
 
Les médecins et chirurgiens peuvent prescrire les examens qu’ils jugent nécessaires, mais ils s’exposent eux aussi à y être de leur poche : si a posteriori, une commission des assurances sociales les considèrent inutiles, c’est le médecin qui les paiera personnellement. « C’est pourquoi l’on fait en général très attention, ce qui a pour conséquence un nombre important de décès qui auraient pu être évités », explique un chirurgien militaire.
 
On comprend que l’espérance de vie soit modeste en Russie.
 

Anne Dolhein