Hugo Chavez et le chavisme : une affaire de magie et d’ésotérisme, selon le journaliste David Placer

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Chavistes et chefs d’Etat disent adieu à Hugo Chavez.

 
Dépendant des diseuses de bonne aventure, des sorciers, des chamanes… Le portrait d’Hugo Chavez, feu le président du Venezuela, tel qu’il a été brossé par le journaliste David Placer dans un livre récent, révèle un homme superstitieux, adepte de la magie et de l’ésotérisme. Los brujos de Chávez (« Les sorciers de Chavez ») vient de paraître en format digital aux éditions Sarrapia : c’est le fruit d’une enquête serrée, au cours de laquelle l’auteur a parlé avec de nombreux proches de l’ancien dictateur vénézuélien. Ils n’ont pas fait mystère de sa religiosité syncrétiste qui a trouvé un écho à Cuba, et permis d’ailleurs de le manipuler allègrement.
 
Tel est l’homme que l’on présentait dans certains milieux de « droite » comme un rempart contre l’« atlantisme », lui l’allié de Poutine, de la Chine et de Cuba…
 

La soif de pouvoir a poussé Hugo Chavez vers le spiritisme, la magie et l’ésotérisme

 
C’est l’intense soif de pouvoir qui a poussé Hugo Chavez dans les bras des sorciers de tout poil, et peut-être aussi un désir de proximité fructueuse avec la frange du peuple du Venezuela qui reste proche des pratiques religieuses pré-chrétiennes. Les premières consultations de liseuses de cartes dont parle David Placer sont celles qui ont précédé son coup d’Etat. Il venait d’apprendre par on ne sait quelle magie qu’il mourrait jeune. Depuis cet instant, plus un pas, plus une décision qui ne soient accompagnés des conseils de « sorcières », il en avait une personnelle nommée Cristina Marksman qui lui « préparait » ainsi toutes réunions.
 
Son emprise sur le futur président allait être aidée par quelques prédictions justes et des avertissements contre la traîtrise de tel ou tel. En cette période de recherche du pouvoir, Chavez se livrait à des rituels païens dans les rivières et finit par s’entourer de beaucoup de sorciers, « pensant qu’ainsi il accumulerait davantage de pouvoir » comme l’a expliqué Placer lors d’une entretien sur son livre avec Infocatolica.
 
Le journaliste raconte comment il avait abordé son sujet avec beaucoup de scepticisme. Les rumeurs sur les travers spiritistes et ésotériques de Chavez allaient bon train, et aujourd’hui, parmi les adeptes de ces religions ancestrales, on prie l’ancien dictateur : mieux, on rapporte des visions de l’homme qui errerait parmi son peuple… Alors qu’il était mourant, en 2012, une cérémonie de prières publiques dans le cadre de la « santeria » (la religion spiritiste des Caraïbes) fut organisée à La Havane et retransmise en direct vers le Venezuela, tandis que les indigènes sur place organisaient leurs rituels. Voilà pour la superstition publique.
 

Le chavisme infesté par les religions ancestrales et la superstition

 
Mais au fil de plus de 60 entretiens, David Placer a constaté que Chavez avait en effet un faible pour le bizarre, et que cette faiblesse a également été exploitée. A tel point qu’aujourd’hui « le Venezuela est un pays manipulé par la déraison », comme le note Infocatolica.
 
Catholique pour s’approprier un Jésus « socialiste » et séduire certains membres de la hiérarchie de l’Eglise, évangélique pour obtenir des voix, adepte de la santeria pour paraître proche du peuple : c’est la dimension « rationnelle » de choix qui peuvent s’expliquer par la volonté de mettre tout le monde de son côté. Mais à cela s’ajoute, outre la consultation des liseuses de cartes dont Chavez était si friand, un véritable « délire pseudo-religieux » qui s’est accompagné de la promotion de toutes sortes de médiums et de chamanes introduits dans les rouages du pouvoir, tandis que le Palais de Miraflores, résidence du dictateur socialiste, des salles étaient réservées au spiritisme.
 

David Placer, sceptique, s’est rendu à l’évidence : le Venezuela sous l’emprise de l’esotérisme

 
Selon l’ancien ministre de la Défense du Venezuela, Raul Baduel, interrogé deux fois par le journaliste, bien des chamanes et des « babalawos » (« prêtres » de la santeria cubaine) proches de Chavez ou mis près de lui délibérément ont été utilisés par Fidel Castro qui y voyait un excellent moyen stratégique pour séduire le leader gauchiste. « Il s’est rendu compte que la faiblesse (de Chavez) était la sorcellerie et les sciences occultes et il lui a envoyé une armée de babalawos qui ont peu à peu occupé des positions clef dans les ministères et les entreprises publiques », raconte David Placer.
 
Interrogé sur ce qui l’a le plus surpris au cours de son enquête, celui-ci a répondu à Infocatolica que c’est l’étendue de l’emprise de ces croyances ésotériques dont les proches de Chavez ne font d’ailleurs nullement mystère. Et aussi les « dizaines de profanations » qui accompagnent les rites spiritistes.
 

Anne Dolhein