Leon de Winter, intellectuel néerlandais, dénonce l’« Occidentophobie » des musulmans d’Europe dans “Politico”

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Même dans une certaine presse de gauche – politico.eu par exemple – le mythe de la discrimination à l’égard des immigrés musulmans tenue pour responsable de leur radicalisation ne tient plus. Dans un éditorial publié par le site de l’hebdomadaire, le romancier et intellectuel néerlandais Leon de Winter s’insurge contre le discours politiquement correct qui rend l’Occident responsable des passages à l’acte des terroristes islamistes. Preuve que son discours reste marginal, ou de la pression du politiquement correct qui oblige à l’équilibrer : la même livraison de politico.eu publie un reportage sur Molenbeek expliquant que les jeunes immigrés vivant dans le plus gros foyer d’islamisme belge sont à la recherche d’un sentiment d’appartenance qui leur fait défaut en raison du chômage et de la discrimination qui font d’eux des proies faciles pour la radicalisation. Leon de Winter y voit au contraire le signe d’une « Occidentophobie ».
 
L’auteur n’accepte pas le discours officiel qui se focalise sur la question : « Qu’avons nous fait, nous Européens, à nos musulmans ? » Et moins encore la réponse qui voit dans la radicalisation une conséquence des « traitements inhumains » dont ces jeunes feraient l’objet. « Il est plus sûr de mettre en cause nos propres sociétés et les conditions socio-économiques que d’accuser les conceptions religieuses et culturelles au moyen desquelles les terroristes empoisonnent leurs propres esprits », assure de Winter.
 

Le magazine de gauche Politico publie une tribune de Leon de Winter contre l’Occidentophobie

 
Le chômage est certes élevé à Molenbeek, mais à 30 % il est comparable à celui subi dans de nombreux pays d’Europe du sud et aussi dans le monde arabe. La « pauvreté », elle, reste relative : « On n’y meurt pas de faim, chacun a un logement, les infrastructures médicales et scolaires ne manquent pas. » Le niveau de vie est celui des classes moyennes grâce aux aides sociales – rien à voir avec la misère au Maroc ou en Egypte. Chacun peut espérer progresser grâce à l’instruction, autant qu’un autochtone d’extraction modeste ; et les migrants dans leur ensemble sont plus dépendants des systèmes d’allocations que le citoyen moyen, recevant en tant que groupe davantage de fonds publics qu’ils ne contribuent par le biais des impôts.
 
Leon de Winter explique tout cela, puis se demande si le discours habituel est fondé : est-il vrai que les immigrés souffrent de taux de chômage et de criminalité plus élevés en raison de la « xénophobie » des Belges ? « Mais pourquoi les musulmans iraient-ils choisir de rester au sein de sociétés qui font montre d’un tel manque de respect à l’égard de leur population immigrée ? », lance-t-il. L’accusation de « discrimination et d’exclusion » est « ridicule – mais totalement acceptée par les tenants du politiquement correct ».
 

L’Occidentophobie des musulmans d’Europe explique les radicalisations

 
Leon de Winter voit la vraie réponse dans le refus de très nombreux musulmans – « d’aucuns parlent d’une proportion qui pourrait atteindre les 50 % » – d’accepter le principe de la « sécularisation ». « Ils ne se sont pas débarrassés des conditions mentales et économiques qui ont maintenu leur pays d’origine dans un état de “pays en développement” », note-t-il, accusant « le refus des droits égaux pour les femmes, le manque de séparation entre Eglise et Etat, une éducation insuffisante, une religiosité excessive, le machisme patriarcal ».
 
C’est donc bien un point de vue qu’on pourrait qualifier de « gauche », en tout cas laïciste – maçonnique – que défend le romancier néerlandais. Il dénonce comme « fondamentalisme » le fait que, selon une étude du sociologue Ruud Koopmans de Berlin, «  près de 60 % (des musulmans) sont d’accord pour dire que les musulmans doivent retrouver les racines de l’islam, 75 % pensent que seule une interprétation du Coran est possible et que les musulmans doivent s’y tenir, et 65 % sont d’avis que les règles religieuses sont plus importantes pour eux que les lois du pays où ils vivent. » Quant aux chrétiens, selon cette étude, « moins de 4 % d’entre eux peuvent être caractérisés comme des fondamentalistes cohérents ».
 
L’étude réalisée en décembre 2013 montrait aussi que les musulmans d’Europe sont nombreux (65 %) à rejeter les homosexuels ou à penser qu’on ne peut faire confiance aux Juifs (45 %), et 54 % pensent que l’Occident a pour objectif de détruire l’islam – ce que Koopman qualifie d’Occidentophobie. L’inverse n’est pas vrai : on ne trouve pas plus de 10 % de chrétiens qui affirment « haïr » les musulmans.
 

La laïcité, la réponse aux difficultés d’intégration des musulmans d’Europe ?

 
Le problème des jeunes musulmans radicalisés résiderait donc dans leur refus des « codes sociaux » qui ont cours en Belgique, et dans leur conviction que leur éthique religieuse est supérieure à celle des infidèles, si tant est que ceux-ci en possèdent.
 
« Que leur avons-nous fait ? Nous leur avons ouvert nos villes, nos maisons, nos portefeuilles. Et dans nos temples séculiers du progrès – nos stations de métro, nos aéroports, nos théâtres – leurs fils se suicident, emportant avec eux nos fils et nos filles. Nous n’avons aucune raison de nous excuser. L’Occidentophobie trouve sa source dans la communauté musulmane. Nous devons exiger qu’elle y renonce », conclut Leon de Winter.
 
On sent dans son éditorial un désarroi et une révolte, doublée d’une prise de conscience qui dans son cas n’est pas neuve, mais qui a été déclenchée comme chez beaucoup de Néerlandais par l’assassinat, il y a quelques années, du cinéaste Theo van Gogh.
 
C’est, au fond, non pas le choc des civilisations mais le clash entre notre monde post-moderne et a-religieux avec des croyances tenues toutes pour surannées.
 
On pourrait lui retourner son argument en lui reprochant un manque de connaissance et de lucidité non par rapport à l’islam, mais par rapport à la réalité de celui-ci. La religion musulmane n’est précisément pas une religion au sens strict puisqu’elle intègre un totalitarisme étatiste qui est à la racine des problèmes qu’elle pose dans le monde et qui s’oppose violemment à la phrase du Christ : « Mon royaume n’est pas d’ici-bas. »
 
La distinction entre spirituel et temporel opérée par la religion chrétienne est la vraie réponse à cette religiosité islamique qui bascule dans le fanatisme. Les post-modernes n’en retiennent qu’une fausse « laïcité », un laïcisme non moins totalitaire que l’islam dont il est en quelque sorte le miroir sécularisé.
 

Anne Dolhein