Trois millions de migrants d’ici 2017 selon la Commission européenne qui vont générer 0,2 à 0,3% de croissance – on est rassuré

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Trois millions de migrants d’ici 2017, c’est ce que nous promet la Commission européenne… La pilule est énorme. Colossale quand on y rajoute les regroupements familiaux. Pour la faire avaler plus facilement, la Commission nous parle d’impact économique positif, Merkel dresse même le spectre de la guerre balkanique si on n’obtempère pas. Entre l’amadouement et la menace, tous les moyens sont bons. Même si Bruxelles sait fort bien souffler le chaud et le froid face à la grogne populaire – éternelle dialectique.
 
Clairement, malgré la situation qui se dégrade, les pays européens n’ont pourtant pas le choix.
 

Trois millions de migrants d’ici 2017 : un stimulant pour la croissance !

 
Dans son épais rapport de prévisions économiques, publié jeudi, la Commission européenne a prédit l’arrivée, d’ici à 2017, au sein de l’UE, de trois millions de migrants fuyant la guerre et la pauvreté – le record de traversées de la Méditerranée vient d’ailleurs d’être battu en octobre.
 
Mais qu’on se rassure et qu’on pousse des cris de joie : cet afflux grandissant aura un impact « faible mais positif » sur la reprise économique européenne, poussée actuellement par « le faible niveau des prix du pétrole, la baisse du taux de change de l’euro et la politique monétaire accommodante de la BCE ». Un impact qui se situera entre « 0,2 à 0,3% » de croissance « d’ici 2017 » pour l’ensemble de l’UE.
 
Mais lorsqu’on avise les échecs successifs des prévisions économiques annuelles, on peut se permettre d’avoir de doutes sur cet impact positif migratoire, voire sur la définition du PIB et donc de la croissance… D’autant qu’il a précisé que cet effet positif dépendrait des « politiques d’intégration » pour faciliter l’accès au marché du travail : leur chômage sera sûrement plus facile à éradiquer que celui des autochtones !
 
Cette annonce est surtout là, comme l’a souligné d’ailleurs notre commissaire européen aux Affaires économiques, Pierre Moscovici, pour « combattre un certain nombre d’idées reçues » contre la politique migratoire bruxelloise. Qui veut vendre à tout prix sa soi-disant « main d’œuvre fraîche » et gommer les coûts inhérents générés.
 

Suède, Norvège, Allemagne… des pays qui freinent ?

 
Alors qu’ici et là, la situation se dégrade et que les pays font quelques pas en arrière, après leurs belles déclarations à cœur ouvert. En Suède, le Premier ministre a annoncé, mercredi, que le pays était arrivé « aux limites de ses capacités » et allait demander à Bruxelles une relocalisation d’une partie de ses migrants – il va déjà devoir emprunter et renoncer à certaines dépenses et réformes.
 
La Norvège a déclaré, elle, qu’elle réduisait ses aides financières aux migrants, faisant face à un surcoût non prévu qui l’oblige d’ores et déjà à puiser dans son fonds souverain.
 
En France, on tente de désengorger la jungle calaisienne, en répartissant des groupes de migrants un peu partout, « le temps qu’ils réfléchissent à leur projet migratoire », dixit le sous-préfet de Prades… 400 réfugiés, au total, se sont vus diriger vers des « centres de répit », situés en province – une manœuvre coûteuse supplémentaire que les associations arrivent encore à dénoncer comme un « recours massif » à la privation de liberté…
 

Dialectique récurrente : la Commission européenne souffle le chaud et le froid

 
Bruxelles donne donc aussi le change face à ses accusateurs récalcitrants, en continuant en apparence à montrer ses muscles devant les migrants. Le patron de l’agence européenne de surveillance des frontières Frontex, a appelé, mercredi, les États européens à « faire usage de manière plus conséquente » de leur droit et à placer « en rétention » les candidats malheureux à l’asile pour les renvoyer « rapidement » dans leur pays d’origine, sous peine d’une situation de plus en plus « difficile ». Étonnamment, il n’a pas hésité à parler d’« entrées illégales » pour désigner les 800.000 arrivées depuis le début de l’année…
 
Le lendemain même, Angela Merkel, de plus en plus critiquée par l’opinion publique, y compris dans son camp politique, annonçait le renforcement de la politique de renvoi de ces mauvais candidats. Ils seront regroupés et tenus à une « obligation de résidence » dans « trois à cinq centres d’enregistrement », pour voir leur dossier réglé « en trois semaines »… De quoi calmer temporairement les revendications.
 

Phénomène migratoire : une réalité durable et mondiale

 
Mais l’Europe doit décidément comprendre que le phénomène est irréversible et qu’il faudra compter avec.
 
Quoiqu’elle brandisse sa nouvelle politique de renvoi, Merkel est en cela un parfait petit soldat européen et mondialiste : elle refuse pour autant de fermer sa frontière avec l’Autriche, arguant que cela pourrait « provoquer des conflits armés entre les pays des Balkans par lesquels transitent la plupart des réfugiés » – les presses serbes et croates en ont bien rigolé, stigmatisant une Merkel pas si « maternelle » que ça d’habitude à leur encontre…
 
La missive du président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker et de son acolyte Donald Tusk, adressée mercredi aux dirigeants des pays du G20, va tout à fait dans ce sens du « vous n’avez pas le choix ». Le paragraphe qui traite des flux migratoires est court mais signifiant : le chaos ne sera pas un phénomène ponctuel et limité et dans le temps et dans l’espace. Les conflits mais aussi les désordres climatiques de toutes sortes s’amplifieront à l’avenir, transformant les migrations enalité durable et mondiale.
 
Bref, autant se préparer au réajustement culturel et social. De toute façon, comme l’a dit le haut-commissaire de l’ONU pour les réfugiés, le Portugais Antonio Guterres, c’est de la faute des pays riches qui n’ont pas soutenu suffisamment, à la base, les organisations internationales.
 
Incessante culpabilisation… La boucle est bouclée.
 

Clémentine Jallais