Pénurie de main d’œuvre dans l’Utah ? Le “New York Times” l’affirme – pour promouvoir l’immigration

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Dimanche dernier, le journal de gauche américain doté d’un prestige équivalent à celui du Monde, le New York Times, expliquait à ses lecteurs que l’économie de l’Etat de l’Utah souffre non point d’un manque de travail, mais d’une pénurie de travailleurs. La main-d’œuvre ne serait pas au rendez-vous au bout de « huit ans de croissance régulière » : « Le souci économique le plus important dans l’Utah et dans un nombre croissant d’autres Etats n’est plus le manque de travail, mais le manque de travailleurs ». Une seule solution semble envisageable : l’immigration.
 
L’information a été commentée par Breitbartnews qui y voit une forme de fake news, démontant nombre d’assertions contestables.
 
L’article du NYT avance un certain nombre de faits ponctuels comme celui-ci : une entreprise du bâtiment dans l’Utah affirme avoir augmenté ses salaires les plus faibles de 10 % pour atteindre 17,50 dollars par heure, sans avoir réussi pour autant à attirer suffisamment d’ouvriers.
 
Simple anecdote, rétorque Breitbart – et même plusieurs anecdotes ne font pas des données. Et les données réelles ne soutiennent pas les conclusions du journal new-yorkais.
 

La pénurie de main d’œuvre dans l’Utah résultat des bas salaires

 
Pour John Carney, de Breitbart, les salaires dans la construction immobilière n’ont pas connu ces derniers mois une augmentation qui indiquerait clairement l’existence d’une pénurie de main-d’œuvre. Il s’agirait davantage de la volatilité normale au sein d’une fourchette normale. Le mois dernier, les ouvriers du bâtiment ont gagné en moyenne 970,52 dollars par semaine, soit quelque 3,25 % de plus que l’an dernier. Il y a quatre ans, la moyenne se situait à 980,39 dollars. Ces chiffres n’ayant subi aucune correction par rapport à l’inflation, cela veut dire que la chute des salaires va au-delà des quelques 10 dollars par semaine perdus sur le papier. Entre-temps, on a enregistré toutes sortes de moyennes oscillant entre 850 dollars par semaine au plus bas en 2012, et remontant au-delà de 990 en 2012 également – juste après le creux de la vague.
 
Selon le journaliste, les données sur les rémunérations horaires ne rendent pas davantage compte d’une pénurie de main-d’œuvre. En avril, l’augmentation n’était que de 2,7 % par rapport à pareille époque l’an dernier, loin des 10 % affichés par le NYT.
 

Le “New York Times” ne manque pas une occasion de promouvoir l’immigration

 
L’article du Times est d’ailleurs moins affirmatif qu’il n’y paraît puisqu’une lecture attentive révèle une raison plus profonde de la difficulté rencontrée par certains à embaucher. « Les entreprises de l’Utah, comme dans le reste du pays, ont hésité à relever les salaires ces dernières années. Au départ, il y avait un grand nombre de travailleurs disponibles. Mais vers la fin de 2015, un rapport du Département de la force de travail de l’Utah constatait que les salaires insuffisants étaient devenus la raison principale pour laquelle les entreprises avaient du mal à trouver les employés ». « C’est comme si les employeurs n’avaient pas ajusté leur approche au marché du travail » à mesure que l’économie reprenait des forces, indiquait alors l’économiste en chef du département.
 
En termes simples : les entreprises ne proposent pas des salaires suffisants pour attirer la main-d’œuvre qui n’est pas prête à travailler au tarif proposé.
 
Selon Breitbart cela ressemble fort à une grève des salaires de la part des employeurs qui espèrent, en résistant à l’augmentation des rémunérations, obliger le gouvernement à intervenir pour résoudre le problème. Et comment le gouvernement pourrait-il ce faire ? En ouvrant encore davantage le pays à l’immigration. Les soi-disant « pénuries de main-d’œuvre » n’auraient pas d’autre but que celui-là.
 

Anne Dolhein