Philippot, Closer, Chenu : la normalisation homosexuelle du Front national

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Tout le monde le savait, Minute l’avait écrit depuis le déluge et Closer le révèle, Florian Philippot, vice-président du Front national, y représente la coterie homosexuelle, comme Steeve Briois, l’ancien secrétaire général. Et le ralliement de Sébastien Chenu, fondateur de Gaylib, au rassemblent bleu Marine, accentue la « normalisation » en cours de l’ancien parti de Jean-Marie Le Pen.
 
Quoi de neuf aujourd’hui en France ? Jérôme Chodron de Courcel, le frère de Bernadette Courcel, vit depuis trente ans dans une HLM de luxe du Marais, pour moins de la moitié d’un loyer normal. C’est aussi le cas de Pierre Mazeaud, ancien président du Conseil constitutionnel, et de quelques autres privilégiés. Périodiquement, la grande presse feint de découvrir une anomalie dont ont profité nombre de bons serviteurs du système. La grande conscience Jean-François Kahn en fit partie. Quelle est la cible cette fois ? Probablement Nicolas Sarkozy, dont Bernadette Chirac est l’un des plus fervents soutiens. Et pourtant l’on ne devrait pas parler de HLM dans la maison d’Alain Juppé.
 
Ne jugeons pas le niveau de l’information et continuons d’examiner ce qui fait l’actualité, c’est-à-dire ce dont on parle au zinc. Il y a aussi la nouvelle enquête de Closer, ce magazine courageux qui ose regarder nos politiques pour ce qu’ils sont, des hommes, et qui s’attire ainsi le mépris apeuré de toute la classe dirigeante. Face à la platitude obséquieuse de nos médias, c’est devenu en quelque sorte le Journal officiel de la cinquième république finissante, la gazette des menus plaisirs de nos princes. Après avoir révélé l’amour de François Hollande pour le scooter, le voilà qui révèle le secret de Polichinelle, Florian Philippot est gay, comme beaucoup d’autres responsables et conseillers influents du Front national. Cela pose deux types de questions, les unes de morale personnelle, les autres de politique. Voilà un an, Bruno Gollnisch, qui fut numéro deux du Front national et qui brigua en vain la succession de Jean-Marie Le Pen, posa ainsi le problème lors d’un bureau politique du mouvement en 2013 : « Il y a autour de cette table beaucoup d’homosexuels. Ces choix relèvent de la vie privée et de la conscience de chacun, mais ne doivent pas influer sur la position du Front national ».
 

Closer tire Philippot du placard

 
Pourrait-il tenir aujourd’hui de tels propos sans se faire rappeler à l’ordre ? Marine Le Pen soutient son bras droit mordicus, malgré l’opposition qu’il suscite. La majorité des militants du Front national, et une part non négligeable de ses dirigeants, estiment qu’il existe aujourd’hui une campagne homosexuelle visant à prendre la maîtrise du mouvement. Et qu’elle a déjà eu des effets. En particulier, selon un dirigeant qui s’est confié au Point à condition de rester anonyme, « s’il y a eu des réticences à prendre une position claire au sujet du mariage homo, c’est également à cause d’eux. » Eux, les gays, et qui plus est, eux, les homosexualistes, ceux qui transposent en politique leur revendication homosexuelle, ceux qui considèrent la politique selon leur « sensibilité » homosexuelle. Cela, bien sûr, en agace plus d’un. Le vote « sans enjeu » des militants au dernier congrès du Front national l’a manifesté avec éclat. Tout vice-président qu’il est, Florian Philippot n’est arrivé qu’en quatrième position, loin derrière Marion Maréchal, championne du Front national canal historique, qu’on a vue au premier rang de la manif pour tous.
 
Le message est clair. Et le « coming out » de Florian Philippot dans Closer prend de ce fait une signification particulière. On se souvient de ce film de Francis Veber, Le Placard, où le héros, incarné par Daniel Auteuil, sur le point d’être licencié, fait mine d’être homosexuel pour devenir intouchable, en partant du principe que le nouvel ordre moral étend dans l’entreprise d’aujourd’hui au gay l’immunité hier réservée au délégué syndical. Florian Philippot joue peut-être la même carte : pour éviter que la grogne quasi unanime de la base du Front National ne débouche sur son éviction, il ouvre le parapluie de sa « nature » homosexuelle. En l’écartant, Marine Le Pen commettrait un péché contre le politiquement correct et reviendrait aux heures les plus noires du Front national. C’est impossible au moment où toute sa stratégie tend à la normalisation de celui-ci afin de se préparer à la présidentielle.
 

La normalisation du Front national est aussi homosexuelle

 
Le ralliement de Sébastien Chenu, fondateur du mouvement activiste LGBT Gaylib, au rassemblement bleu Marine en donne une preuve surabondante. Cet ancien adjoint au maire de Beauvais, qui a travaillé au cabinet de Christine Lagarde, fut proche de NKM et de Jean-François Coppé, ce qui montre son éclectisme. Il vient donc de l’UMP, où il a occupé un poste de secrétaire national, et où il a visé en vain un poste d’élu. Hier encore, il écartait toute possibilité d’alliance entre l’UMP et le Front national, et se posait en militant actif du mariage pour tous contre la Manif pour tous. Aujourd’hui, celui qui fut à l’UMP le « secrétaire national de l’UMP en charge de l’exception culturelle » est en passe d’être nommé responsable de la culture au Front national, chargé de préparer un « véritable projet culturel » pour le programme de Marine en vue de 2017.
 
Qu’il soit sincère, arriviste, ou les deux à la fois, importe peu ici. La perspective d’être au deuxième tour et même, tout peut arriver, d’être élue, attire bien de nouveaux amis à la présidente du Front national. En politique comme ailleurs, la victoire vole au secours de la victoire. Vidé d’une bonne partie de ses cadres et militants par la scission Mégret en 1999, puis par le départ dégoûté de bien des figures, Carl Lang, Roger Holeindre, Romain Marie et d’autres, le Front national exsangue ne peut pas faire la fine bouche sur ses recrues. Déjà en 1984 lors de sa première normalisation, le Front national de Jean-Marie Le Pen avait ramassé un bon peu d’escrocs, de faillis, de demi-soldes intéressés, et même d’espions. La diabolisation consécutive à l’affaire du détail en 1987 avait porté un fruit positif pour le Front national : occupé à le peindre en diable absolument noir, les journalistes avaient dans l’ensemble oublié d’enquêter sur son côté humain, trop humain. La normalisation va certainement s’accompagner sur des révélations sur les affaires de mœurs et d’argent du mouvement, qui va ainsi s’intégrer un peu plus au système. Et il est certain aussi que le RBM va continuer à se fournir sur le mercato politique avant la présidentielle : Sébastien Chenu n’est pas le dernier transfert, pour parler comme au football, à son profit.
 

Chenu est un nouveau symbole du Yalta doctrinal de Marine

 
La normalisation d’aujourd’hui soulève cependant une difficulté que ne soulevait pas la normalisation d’hier : un Pordéa, un Chauvières, un Le Jaouen, satisfaits de leur siège de député, suivaient le mouvement sans songer à peser sur la doctrine ou la stratégie du mouvement, d’ailleurs décidées par le seul Jean-Marie Le Pen. Il n’en va pas de même aujourd’hui. On l’a vu pour la Manif pour tous, on le voit aussi par les ambiguïtés vis à vis de l’islam ou l’immigration, etc. Et la nomination d’un gay venu du système, très introduit dans le milieu parisien, au poste symbolique de délégué à la culture est un signe fort, comme on ne dit plus guère. La culture a toujours été un point d’achoppement entre le Front national et le système. Autant la droite classique l’a abandonnée à la gauche, son idéologie et ses réseaux, autant le Front national gardait une ambition gramscienne de reconquête. Marine Le Pen, en quête de normalisation accélérée et totale, signe avec la nomination de Sébastien Chenu une sorte de Yalta comparable à celui que De Gaulle lorsqu’il abandonna l’éducation nationale à la gauche. Sauf si elle force Sébastien Chenu à une véritable contre-révolution métapolitique, avec des actions très fortes contre l’art contemporain, pour le patrimoine, etc., ce serait le signe d’une grande roublardise tactique et d’une totale cécité stratégique.
 
Reste un dernier point, mais non le moindre, au contraire. Pour un catholique, la foi commande à la politique, si elle ne s’y substitue pas. Sans doute, Gollnisch a-t-il raison de dire que l’homosexualité relève de la morale personnelle ; chacun a son écharde et tous les pécheurs sont égaux de ce point de vue devant la miséricorde divine. Mais aucun catholique ne devrait promouvoir un mouvement politique qui d’une manière ou d’une autre justifie ou codifie un acte « objectivement désordonné ». Pas plus que le vol, le meurtre, le mensonge, ou le péché d’orgueil. Tout le reste entre dans la vaste dissertation du moindre mal, intéressante certes, mais qui requiert de se munir d’une longue cuiller et d’un discernement particulièrement aigu.