Le Premier ministre de la Libye met en garde l’Europe contre le risque terroriste lié aux migrants

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Le Premier ministre libyen Fayez al-Sarraj (g) et le général Khalifa Haftar, chef d’une force baptisée Armée nationale libyenne (ANL), se serrent la main devant le président français Emmanuel Macron, à Celle-Saint-Cloud, près de Paris, le 25 juillet 2017.

 
Si l’Europe n’aide pas la Libye à contrôler le flux des migrants présents sur son territoire et qui cherchent à rejoindre à tout prix les côtes de l’Union européenne par la Méditerranée, le risque de faire entrer des terroristes qui se font passer pour des réfugiés ou des migrants ordinaires ne fera qu’augmenter, a déclaré Fayez el-Serraj, Premier ministre du gouvernement de l’Etat libyen.
 
Dans un entretien accordé au Times de Londres, le chef de ce gouvernement estampillé ONU demande en quelque sorte un retour au statu quo ante : du temps de Kadhafi, chassé et abattu par les Alliés atlantiques, c’est dans une situation d’ordre que la Libye contrôlait ses frontières méridionales et s’entendait avec l’Occident pour faire tampon face à la pression migratoire depuis l’Afrique Noire. Il y avait certainement beaucoup à redire sur le régime du colonel, mais pour ce qui est des intérêts européens, ils étaient servis.
 

Faire entrer des dizaines de milliers de migrants en Europe présente un risque terroriste

 
Fayez el-Sarraz peut aujourd’hui enfoncer des portes ouvertes en annonçant que des terroristes en puissance peuvent facilement pénétrer dans son pays sans contrôle en passant par les frontières du Sud ouvertes à tous vents.
 
« Lorsque les migrants atteignent l’Europe, ils pourront se mouvoir librement. Si, et que Dieu nous en préserve, il y a des éléments terroristes parmi les migrants, le résultat de tout incident affectera l’ensemble de l’UE », a-t-il déclaré lors de cet entretien, qui coïncide avec des appels à l’aide émanant aussi bien de la Libye que de l’Italie, principale destination des « réfugiés ».
 
Pas moins de 98.000 candidats à l’installation en Europe sont passés de Libye en Italie cette année : une statistique très proche de celle, record, de l’an dernier. Et sur place, il reste actuellement environ 700.000 migrants en attente selon les estimations les plus modestes.
 

Le Premier ministre de la Libye enfonce des portes ouvertes

 
The Times entame une grande série d’articles sur ces migrations qui révèlent, selon le « journal de référence » britannique (et donc de gauche) un nouveau trafic d’esclaves, des risques pour le « tissu social et démocratique » de l’Italie où les autochtones sont de plus en plus hostiles aux migrants, et une hostilité croissante de la Libye et de l’Italie à l’égard de l’Union européenne accusée de les « abandonner ». En Italie, cela profite notamment au mouvement gauchiste Cinq Etoiles qui affiche de plus en plus un discours anti-immigration.
 
Le candidat probable de « Cinque Stelle » au poste de nouveau Premier ministre de l’Italie, Luigi Di Maio, assure ainsi aujourd’hui : « L’Italie risque de devenir le camp de réfugiés de l’Europe et les Italiens ne veulent plus être menés en bateau. Il y a ici 10 millions d’Italiens qui vivent dans la pauvreté, alors que les migrants reçoivent 38 euros par jour pour vivre. C’est une cocotte minute qui pourrait bien exploser. » Dans sa ligne de mire : Emmanuel Macron. « Il se fait passer pour un grand européen mais il a dit qu’il ne prendrait plus de migrants. »
 

Le risque terroriste lié aux migrants aggravé par le chaos en Libye

 
El-Serraj tient le même discours, affirmant que l’UE doit aider à lutter contre ce trafic : « Nous ne pouvons faire peser cette charge sur les seules Libye et Italie car cela est important pour l’ensemble de l’Europe. » Ce qu’il souhaite ? La levée de l’embargo sur les armes sous égide onusienne, un meilleur armement des garde-côtes, l’augmentation de la pression économique sur les pays africains afin qu’ils reprennent leurs migrants économiques. Et d’accuser les associations caritatives – telles Médecins sans frontières – qui avec leur bateaux de sauvetage encouragent les migrants à prendre la mer, en leur offrant une « première cible » bien plus facile à atteindre que l’Italie.
 

Anne Dolhein