Les racines chrétiennes de la France

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Les racines chrétiennes de la France sont une donnée historique fondamentale. Aucun esprit sérieux et honnête ne devrait pouvoir nier leur existence, qu’il soit croyant ou non. Pourtant, ces racines chrétiennes tendent à être aujourd’hui systématiquement occultées, voire franchement niées. Les médias désinformateurs inventent volontiers de fausses racines musulmanes de la France, glosant sur la découverte probable de tombes de guerriers nord-africains en Septimanie. Mais les racines réelles, chrétiennes, forment une sorte de tabou que l’on ne peut plus guère évoquer, ou qu’il faut alors absolument syncrétiser sous le nom de racines « judéo-chrétiennes » ; cette dernière synthèse ne correspond à rien au Moyen-Age, lors de la fondation de la France, le syncrétisme judéo-chrétien, d’essence juive principalement, étant promu par la franc-maçonnerie de façon perceptible à partir du dix-huitième siècle seulement. Dès la seconde moitié du quatrième siècle, les Juifs ont toujours été très minoritaires en France face à la grande masse de la population gallo-romaine déjà chrétienne, et précisément catholique. Il est juste de parler de racines chrétiennes de la France, mais il serait encore plus juste, plus précis d’évoquer des racines catholiques de la France.
 

LES RACINES CHRETIENNES DE LA FRANCE, UNE VERITE HISTORIQUE FONDAMENTALE

 
Ces racines chrétiennes de la France sont au mieux absentes, au pire niées dans les grands médias désinformateurs. Elles ne sont évidemment plus, et depuis longtemps, aux programmes d’histoire obligatoire pour les enfants et adolescents ; on leur propose tout et n’importe quoi, relativement à l’histoire de France, de la Chine antique au Mali islamique médiéval, en passant par les Aztèques précolombiens, mais surtout pas de racines chrétiennes de la France. Remarquons, et ce n’est pas fortuit, que dans tous les « éclairages » proposés sur les autres civilisations, aucune n’est chrétiennes ; les enfants n’entendront nullement parler des racines chrétiennes de l’Ethiopie par exemple. Aussi faut-il saluer l’heureuse initiative de la revue la Figaro-Histoire, qui propose un long dossier dans son numéro d’octobre-novembre 2016 sur les racines chrétiennes de la France. Le titre est explicitement indiqué, revendiqué, avec pour illustration unique de couverture le baptême de Clovis, véritable acte de fondation de la France.
 
De façon générale, le Figaro-Histoire est la meilleure revue de vulgarisation historique en France. Elle est très supérieure par exemple à L’Histoire, qui ne propose pas de l’histoire, contrairement à son titre mensonger, mais des réflexions idéologiques à la mode de notre temps à prétexte historique ; elle avait été cofondée en 1978 par Michel Chodkiewicz, un des plus célèbres convertis précoces à l’Islam en France, et un des fondateurs du « mythe andalou », l’âge d’or supposé de l’Espagne musulmane, qui n’a bien sûr eu aucune existence historique réelle. La démarche Figaro-Histoire est empreinte d’honnêteté dans sa recherche historique, ce qui est naturellement fondamental. Selon les articles, alternent des esprits conservateurs, ou libéraux-conservateurs ; tous ne sont pas d’un esprit parfait – quelle publication pourrait le revendiquer ? – mais le Figaro-Histoire reste la meilleure revue pour le curieux d’Histoire. Chose rare et appréciable, le lecteur catholique ne se sent pas insulté en permanence, ni sommé de se repentir de crimes imaginaires commis il y a plusieurs siècles par des hommes d’Eglise.
 
Comme précise Michel de Jaeghere dans son éditorial présentant ce numéro, il est rappelé le caractère absolument essentiel du baptême de Clovis qui a véritablement fondé la France, à la date traditionnelle de 496. Ce baptême catholique, celui du Roi Clovis, avec à sa suite ses principaux guerriers, puis tout son peuple germanique des Francs, a en effet permis la fusion à terme de ces conquérants germaniques, dits « Barbares », et du peuple habitant la Gaule avant lui, bien plus nombreux que lui, dans un rapport de 20 à 1 probablement, les Gaulois romanisés. La France et les Français sont issus de cette fusion, fusion permise par un Catholicisme commun. La persistance du paganisme, ou suivant un mouvement historique commun à la plupart des peuples barbares germaniques implantés dans l’Empire Romain, la conversion au christianisme hérétique arien à l’imitation des plus nombreux et prestigieux les Goths, aurait empêché cette fusion ; une minorité conquérante germanique serait demeurée isolée de la grande masse de la population sur plusieurs siècles. Il n’est pas certain que Clovis lui-même aurait pu conquérir la Gaule, faut de soutien gallo-romain, difficile à estimer mais probablement présent, acquis du fait de cette conversion au Catholicisme. Une Gaule catholique sous domination franque hérétique aurait été infiniment plus fragile face au terrible assaut arabo-musulman du VIIIème siècle – repoussé à Poitiers en 732 – qui a emporté en quelques années (après 711) l’Espagne voisine, sous domination wisigothique. La fusion de l’élite politique et militaire, wisigothique, et de la masse ibérique de la population, n’avait en effet pas encore eu lieu du fait de la séparation prolongée causée par la différence religieuse maintenue un siècle de plus qu’en Gaule, jusqu’à la fin du VIème siècle en Espagne. Cette fragilité a contribué à l’effondrement face au redoutable assaut du Califat de l’époque.
 
Le dossier s’étend sur plus de soixante pages. Il présente de façon détaillée, avec des titres volontairement accrocheurs, différents de ceux que nous proposons ici : la conversion de la Gaule au Christianisme, le baptême de Clovis, l’alliance du Trône et de l’Autel. Le plan chronologique, qui va de soi dans mise en perspective historique de plusieurs siècles, est donc respecté. Les pédagogues fous de la déséducation nationale ont en horreur ce plan chronologique, perdent les élèves avec leurs approches thématiques hors-sol, et se perdent eux-mêmes. Ce numéro fait œuvre de saine pédagogie historique, permet des révisions toujours utiles ou des découvertes, en particulier pour les enfants et adolescents. Puis, les grandes figures de l’Antiquité tardive et des temps mérovingiens sont présentées, avec des illustrations. Enfin, viennent les rubriques indispensables dans toute publication historique, une chronologie détaillée – la chronologie, autre abomination pour les pédagogues-fous officiels qui sévissent aujourd’hui – des cartes, et une bibliographie. Cette dernière sera particulièrement utile à l’honnête-homme, soucieux d’approfondir les sujets évoqués.
 

CLOVIS A REPRODUIT LE MODELE DE CONSTANTIN

 
La conversion de la Gaule au Christianisme remonte en effet au moins à l’épisode indiscutablement attesté historiquement des Martyrs de Lyon, avec sainte Blandine en 177. Il n’y a encore à cette époque qu’une minorité chrétienne restreinte, de langue grecque, constituée principalement de commerçants issus de l’Est de l’Empire Romain, hellénophone et plus précocement touché par le Christianisme. Des communautés chrétiennes de langue liturgique latine se structurent en Gaule au cours du IIIème siècle, et de façon importante sur l’ensemble du territoire au IVème siècle, dans le sillage de la conversion personnelle de l’empereur Constantin (306-337), et avec lui de sa famille et d’une large partie de la haute administration.
 
Le modèle de Constantin est essentiel pour comprendre le baptême de Clovis (486-511), vers 496, et ses suites : Clovis a renouvelé le modèle constantinien, vraisemblablement sur les conseils de l’archevêque de Reims saint Rémi (459-533). Toutefois, cette imitation du pouvoir politique n’a pas pu être parfaite du fait du caractère malgré tout en large partie « barbare » des conquérants francs : les règles de succession impliquant la division des biens entre héritiers mâles, y compris pour les rois défunts, ont provoqué moult divisions du royaume franc en Gaule. Elles ont été préjudiciables indiscutablement à la Gaule, ont été source de guerres civiles nombreuses. S’il ne faut pas idéaliser l’Empire Romain, qui a connu aussi de nombreuses guerres civiles, le pouvoir impérial constantinien a été exempt de ce germe systématique de guerre civile permanente. Les cartes permettent de suivre l’évolution territoriale de ces multiples partages mérovingiens conflictuels.
 
Ce modèle de Constantin, repris sciemment par Clovis, a donc imposé ce que l’historiographie appelait autrefois justement l’alliance du Trône et de l’Autel, qualifié dans la revue d’entente de la « mitre [épiscopale] et de la couronne [royale] ». Du fait de la décomposition des cadres institutionnels civils romains, le pouvoir politique a été obligé de s’appuyer sur la seule administration subsistante, l’administration religieuse, et en particulier sur les évêques, dont le pouvoir a traversé toutes les époques troublées. Le pouvoir royal a soutenu l’action évangélisatrice des évêques, en particulier auprès de leur peuple, les Francs, encore païens aux débuts du VIème siècle, ou d’autres peuples barbares présents en Gaule et soumis, comme les Goths ou les Burgondes, tenant de l’hérésie arienne et systématiquement ralliés au Catholicisme.
 

LE FIGARO-HISTOIRE REND UN BEL HOMMAGE A L’EGLISE

 
Un bel hommage, plus que mérité, est rendu à l’Eglise médiévale, qui a permis la sauvegarde de l’essentiel de l’héritage culturel antique, dont les lettres latines et beaucoup de connaissances techniques. La vérité historique s’oppose aux légendes noires des Pseudo-Philosophes du XVIIIème siècle et leurs successeurs, qui ont calomnié l’Eglise en voulant y voir une institution de destruction de la civilisation, alors qu’elle l’a en fait préservée, largement. On peut certes regretter qu’elle n’ait pas préservé davantage, mais les hommes d’Eglise, autour des évêques ou des moines dans les monastères, ont accompli une tâche exceptionnelle dans les circonstances des plus difficiles. De même, les évêques ont constamment essayé, avec un succès inégal, d’influencer positivement le pouvoir politique, en promouvant la charité chrétienne et la paix entre princes chrétiens. Les évêques ont mené aussi de grandes actions en faveur des pauvres, et permis certainement la survie d’un grand nombre d’entre eux dans les temps d’invasions, de guerres, de famines, d’épidémies. Il est bon, et ô combien nécessaire, de rappeler ces vérités historiques essentielles, si occultées voire effrontément niées aujourd’hui.
 
Signalons un point de débat : comme la date exacte du baptême de Clovis ne peut pas être connue avec certitude – à partir de sources écrites médiévales restreintes, au corpus fixé depuis 1840, et ne donnant qu’une chronologie floue – et que celle traditionnelle de 496 n’est pas aberrante, il aurait été bon de s’y tenir, quitte à indiquer la réserve, plutôt que d’errer sur des pages et des pages pour arriver à quelque part entre 496 et 507, voire après. Selon nous, les dates les plus tardives sont les moins crédibles –nous ne développerons pas ici. Quant aux cartes, globalement bonnes, essentielles, présentent cependant une faute significative : Paris, curieusement, n’est qu’un évêché, suffrageant de l’archevêché de Sens, et ce jusque sous Louis XIII (en 1622).
 
De façon générale, ce dossier du Figaro-Histoire sur les racines chrétiennes de la France s’avère fort juste et pertinent, et à lire pour les familles chrétiennes de la France d’aujourd’hui, si oublieuse de son passé catholique fondamental.
 

Octave THIBAULT

 

Collectif Les racines chrétiennes de la France, le Figaro-Histoire, octobre-novembre 2016, 130 pages, 8,90€