Le Parti Conservateur veut terminer la déréglementation du travail le dimanche au Royaume-Uni

Le Parti Conservateur veut terminer la déréglementation du travail le dimanche au Royaume-Uni
 
L’Église d’Angleterre risque de prendre un nouveau coup – et il sera donné par le Parti Conservateur. Georges Osborne, chancelier de l’Échiquier, doit annoncer aujourd’hui dans son discours sur le budget qu’il se penchera sur l’assouplissement des lois commerciales concernant le travail le dimanche. Le Royaume-Uni était déjà très souple en la matière : il pourra l’être encore davantage.
 

Plus de limitation pour le travail le dimanche ?

 
Depuis le Sunday Trading Act, adopté en 1994, le Royaume-Uni a levé effectivement toute restriction du travail dominical dans les commerces d’une surface inférieure à 280 m². Le travail du dimanche doit être précisé dans le contrat de travail, mais il ne donne pas lieu à des primes supplétives.
 
Seule restriction qui demeurait encore : la limitation à six heures d’ouverture pour les grandes enseignes. Les derniers restes d’un symbole, ce qui restait encore outre-Manche de l’idée que le dimanche doit être traité « différemment », parce qu’il est normalement dévolu au Seigneur.
 
Cette volte-face des Tories est peut-être un effet de la crise économique : David Cameron a été réélu en mai pour poursuivre sa politique d’austérité et de remise en forme de l’économie anglaise – le travail dominical en fait visiblement partie. Mais l’entreprise n’est reste pas moins étonnante, car elle n’a jamais été l’apanage des Conservateurs. S’ils ont toujours été hostiles aux syndicats et aux réglementations entourant la libre entreprise et le marché du travail, ils se sont toujours jusque-là accrochés à cette « restriction » dominicale, dans un dernier petit sursaut « religieux ».
 

Le Parti Conservateur a menti à ses électeurs

 
Le Parti conservateur avait pourtant bien promis au « Keep Sunday Special group » – qui associe des syndicats, des incroyants, des religieux et des entreprises – avant les élections générales, qu’il y avait « pas de projets pour assouplir les lois commerciales du dimanche ». Ce sera un mensonge électoral supplémentaire. Le choc sera dur pour les militants qui se battent depuis plus de trente ans.
 
Il y a peu, le Parti Conservateur admettait : « Nous croyons que le système actuel fournit un équilibre raisonnable entre ceux qui veulent plus de possibilités pour faire du shopping dans les grands magasins le dimanche et ceux qui veulent voir advenir de nouvelles restrictions ».
 
Aujourd’hui, le discours d’Osborne a changé de ton : « Même deux décennies après l’introduction du « Sunday Trading Act », il est clair qu’il y a encore un appétit croissant pour le travail le dimanche. Selon certaines preuves, les transactions connaissent une croissance plus rapide pour le dimanche que pour le samedi … Ce sera une autre partie de mon plan pour assurer une reprise véritablement nationale ».
 

Le Royaume-Uni en chef de file de l’Europe

 
Osborne a précisé qu’à défaut d’inscrire dans la loi ce changement radical à l’échelle nationale, le gouvernement transférerait ce pouvoir de décision aux autorités locales. Par voie de référendums locaux, cette évolution peut vraiment prouver sa popularité. Si elle est imposée sur les villes conformément à des plans de sécularisation du Parti conservateur, les Tories pourraient bien en revanche pousser les derniers éléments de leurs partisans traditionnels vers un autre parti… C’est contraire à nos principes, mais c’est inévitable : on se défausse donc sur les autorités locales, en utilisant la même stratégie qu’en France !
 
Il y a dix ans pourtant, sous le gouvernement travailliste de Gordon Brown, plus de soixante députés conservateurs avaient signé un « Early Day Motion » à opposer aux plans de déréglementation commerciales le dimanche. Certains de ces députés sont maintenant ministres au sein du gouvernement : leurs électeurs n’auront plus qu’à fermer les yeux.
 
Il semble que le mouvement soit général : le dimanche doit sauter. Et le peuple va finir par suivre. En témoignent les mots de Gloria, 43 ans, propriétaire de quatre boutiques de souvenirs à Londres : elle a mis de côté l’exercice de sa religion pour ouvrir le dimanche. « Aujourd’hui, ce n’est pas si important que cela. Tout dépend de ce que tu veux faire dans la vie. Si tu veux travailler, c’est ton choix ».
 
C’est surtout le choix de la société actuelle, qu’on veut nous vendre ou plutôt nous imposer. Le dimanche, c’est le jour du culte, le jour du repos mental, celui des retrouvailles familiales ; un jour de réflexion intérieure qui nous soustrait au monde d’ici-bas. De tout cela, le nouvel ordre mondial ne veut pas – il faut y soustraire l’homme pour mieux l’influencer. A ce sujet, notre ministre français de l’Économie avait dit qu’il était temps pour la France d’« entrer dans le monde moderne »…
 

Clémentine Jallais