Standard & Poors lance un indice des valeurs « catholiques » sans tenir compte de “Laudato si’”

Standard Poors lance indice valeurs catholiques Laudato Dolhein
 
La société financière Standard & Poors (S&P) vient d’annoncer le lancement d’un indice des « valeurs catholiques » afin d’aider les investisseurs qui ne désirent pas placer leurs fonds au service d’activités que la morale réprouve. Le nouvel indice sélectionnera parmi les 500 grosses sociétés américaines cotées par l’agence celles dont les pratiques sont en harmonie avec les « orientations pour l’investissement socialement responsable » publiées par la Conférence des évêques catholiques des Etats-Unis. Une initiative louable a priori, mais pas au point de s’aligner, pour le moment, avec les positions prises par le pape François dans Laudato si’ qui appelle à « remplacer les énergies fossiles ».
 
Parmi les activités lucratives exclues de l’indice, on trouve les armes biologiques, les bombes à sous-munitions, les mines anti-personnel, les armes nucléaires, les sociétés dont l’activité principale consiste en la vente d’armes conventionnelles, le recours au travail des enfants par la société elle-même ou ses sous-traitants : ce sont les domaines cités par le document de présentation de Standard & Poors.
 

Standard & Poors sélectionne des valeurs du Dow Jones compatibles avec les exigences catholiques

 
A quoi s’ajoutent, selon l’agence d’informations suisse ATS, les activités liées à l’avortement ou à la contraception, la production de programmes érotiques ou pornographiques, la recherche liée aux cellules souches (embryonnaires).
 
Toute entreprise réalisant plus de 1 % de son chiffre d’affaires dans la diffusion ou la revente de programmes érotiques ou pornographiques est également exclue, ce qui laisse tout de même un peu de marge pour des activités délibérément immorales…
 
Parmi les valeurs du Dow Jones qui ne sont pas cotées dans le nouvel index « catholique » on trouve des laboratoires pharmaceutiques comme Pfizer ou Merck, ou encore le constructeur aéronautique Boeing.
 
L’outil peut se révéler précieux pour des investisseurs tels les administrateurs du patrimoine des diocèses ou les institutions catholiques comme les universités. On pense aussi à la Communauté Saint-Martin en France qui a contribué à la mise en place de propositions d’investissements « catho-compatibles » à travers Proclero, qui lui permet de financer son florissant séminaire par divers moyens allant du partage des bénéfices au simple versement par la société de gestion, Meeschaert, d’une quote-part importante de sa rémunération de gérant pour la formation des prêtres. Quitte à choisir des sociétés moins connues afin d’aider les investisseurs à agir conformément à leur responsabilité morale.
 

Contrairement à “Laudato si’”, l’indice catholique S&P envisage de s’enrichir grâce aux énergies fossiles

 
La cotation proposée par Standard & Poors n’a pas cette ambition : elle se contente de vérifier les activités des grandes entreprises cotées en bourse pour mettre en avant celles que ni contredisent pas (ouvertement) les exigences d’un investisseur catholique éclairé par les critères épiscopaux.
 
Mais il n’est pas question pour S&P d’y intégrer les orientations « vertes » exprimées par le pape dans Laudato si’. Une porte-parole de la société a précisé à cet égard : « Nous suivons les directives de la Conférence des évêques, qui ne prennent pas en compte l’encyclique du pape », hostile notamment aux énergies fossiles, a-t-elle indiqué jeudi, précisant : « Nous ferons des changements si la Conférence des évêques modifie » ses recommandations.
 
L’indice comprend donc des sociétés pétrolières. Business Insider souligne que l’initiative voit le jour au moment où d’importantes organisations catholiques américaines ont fait connaître leur réticence par rapport aux orientations données par le pape François et ses prises de position sur le « réchauffement climatique ». Exxon Mobil se trouve en troisième position des sociétés intégrées par l’indice « catholique ».
 
Le géant pétrolier y voisine avec Apple et Microsoft, en première et deuxième position, à quoi s’ajoutent Wells Fargo Gilead, JP Morgan Chase, Amgen Inc., Facebook, Amazon, Procter & Gamble dans le « top 10 ». Voilà qui laisse rêveur : la plupart de ces sociétés sont connues pour leur engagement LGBT, la promotion de la contraception et bien d’autres activités très peu catholiques.
 
Certes, S&P n’est pas en mesure d’offrir un label de conformité catholique : un pouvoir qui appartient aux évêques. Mais son initiative a reçu l’approbation du P. Seamus Finn, OMI, directeur de Faith Consistent Investing, Oblate International Pastoral Investment Trust.
 
Il faut certes se faire des amis avec les richesses injustes, et il est difficile au chrétien d’échapper à toute collaboration avec le monde. Il est au moins intéressant de voir que la préoccupation morale des catholiques ait pu finir par représenter un intérêt pour le monde de la finance. Bien après celle des musulmans, cependant : S&P publie depuis bien plus longtemps la cotation de valeurs compatibles avec la charia…
 

Anne Dolhein