L’Union européenne modifie ses droits de douane : il pourrait devenir plus difficile de contrer le dumping chinois

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Un nouveau système de droits de douane aux frontières de l’UE qui devrait être approuvé par les gouvernements des Etats membres ce lundi va affaiblir la lutte de l’Union européenne contre le dumping chinois en compliquant les démarches pour les entreprises qui s’en estiment victimes. Il s’agit d’un nouveau système de calcul des taxes à prélever sur les biens d’importation vendus en dessous de leur coût de revient.
 
Le nouveau système, approuvé par le Parlement européen en novembre, et qui devrait entrer en vigueur le 18 décembre prochain, intervient alors que la Chine réclame de meilleures conditions pour ses exportations vers l’Union européenne et d’autres pays, notamment en recevant le statut d’économie de marché. L’absence de ce statut a permis à ce jour à l’Union européenne d’imposer des taxes plus élevées pour éviter le dumping.
 

L’Union européenne se désarme partiellement face au dumping chinois

 
Cette histoire ne manque pas de sel dans la mesure où la pratique du dumping montre clairement que la Chine n’observe pas les principes de la concurrence loyale supposée attachée au statut d’économie de marché…
 
Parmi les domaines particulièrement affectés par le nouveau système européen en voie de mise en œuvre se trouve celui de l’acier. Le Royaume-Uni notamment a lourdement souffert de cette concurrence chinoise qui a permis d’inonder le marché britannique d’acier à bas prix, lourdement subventionné par l’Etat chinois. Le Telegraph rappelle que les aciéries britanniques ont carrément été « mises à genoux » par ces pratiques, et ce malgré l’imposition de droits de douane qui à l’heure actuelle frappent également les panneaux solaires, la feuille d’aluminium, les bicyclettes, la visserie et le papier en provenance de l’Empire du Milieu.
 

Les nouveaux droits de douane de l’UE faciliteront le dumping chinois

 
Le nouveau système rendra plus complexe l’apport de la preuve d’une concurrence indue de la part de producteurs bénéficiant de subventions étatiques, notamment par le biais d’une nouvelle flexibilité dans l’identification de problèmes de vente à trop bas coût par rapport aux producteurs domestiques. Selon Laurent Ruessmann, expert en commerce international à Bruxelles, les industries européennes vont devoir « fournir un travail bien plus considérable pour prouver qu’elles sont victimes de dumping » tandis que les autorités commerciales de l’UE disposeront d’un pouvoir discrétionnaire accru.
 
Neuf autres pays, parmi lesquels le Bélarus et la Corée du Nord, aujourd’hui considérés par l’Union européenne comme des pays à économie planifiée et ne bénéficiant donc pas du statut d’économie de marché, devraient bénéficier eux aussi de la mesure.
 
La volonté de l’Union européenne est clairement de favoriser les importations en provenance de Chine alors que celle-ci est son deuxième plus gros client derrière les Etats-Unis – qui sous Trump, protègent mieux leur économie.
 

Anne Dolhein