Et maintenant, la Chine propose la restructuration de l’islam !

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Imams Hui priant avant les principales prières du vendredi durant le mois de jeûne du Ramadan à Pékin.

 
La Chine ? Non, pas exactement : ce que nous analyserons ici, c’est un éditorial publié par le Global Times, média de langue anglaise chapeauté par l’un des principaux journaux du pays, et en tant que tel parfaitement inféodé au parti communiste chinois. Comme tous les médias officiels de la République populaire de Chine… Le voici donc qui propose la restructuration de l’islam, sous le titre : « La réforme musulmane a besoin de pressions extérieures ». L’auteur, Ding Gang, y déplore les « haines sectaires de longue date qui empêchent le processus de modernisation de la société islamique ». Il parle, évidemment, des nouveaux différends entre l’Arabie Saoudite et l’Iran.
 
Du haut de l’athéisme chinois de rigueur, Ding Gang s’explique : « L’évolution des autres religions majeures du monde suggère que la lutte sectaire se résout graduellement à mesure que la laïcisation avance. Ce n’est qu’en détachant la religion de la politique et en s’éloignant tout à fait de la suprématie divine que les luttes sectaires peuvent être éliminées. »
 
Autrement dit – et la Chine en est un partisan exemplaire – l’art de renoncer à la transcendance est le garant de la modernité et de la paix.
 

Restructuration de l’islam, une condition de la paix ?

 
Les millions de morts du communisme athée – n’oublions pas les innombrables victimes du maoïsme – seraient-ils donc le prix à payer pour cette paix durable ? Ou faut-il s’armer d’une bonne dose d’amnésie pour poursuivre sa lecture ?
 
« La laïcisation est le plus grand défi auquel le monde musulman d’aujourd’hui soit confronté. Les musulmans de l’Asie de l’Est et du Sud-Est sont doux parce qu’ils sont davantage sécularisés », assure Ding Gang qui ne craint manifestement pas de se voir taxer d’islamophobie.
 
En revanche, il n’a pas de mots assez durs pour les médias occidentaux inquiets des nouvelles persécutions et contraintes qui pèsent sur les religions en Chine. Incomplets et partiaux, tempête l’éditorialiste, les journaux comme le New York Times qui relèvent la « colère » des habitants du Xinjiang devant la restriction des activités religieuses dans la province, ont « totalement omis de présenter l’autre aspect de la question : la volonté de multiplier les moyens pour aider les musulmans à s’engager dans le développement social et économique. »
 
« Vu la situation actuelle dans la région autonome ouïghoure du Xinjiang, certaines restrictions sont nécessaires. Elles favoriseront la sécularisation de la société musulmane sur le long terme », écrit Ding Gang. Extirper les religions traditionnelles, voilà l’objectif !
 

Un éditorialiste de Chine propose la laïcisation de l’islam pour promouvoir la paix

 
Il cite l’interdiction française du niqab mais aussi la coutume qui se répand d’omettre toute mention de Noël lors des vœux de fin d’année à l’appui de sa thèse – qui a donc la faveur des autorités politiques chinoises : « Le fait de favoriser une manifestation religieuse publique peut indiquer l’expulsion d’une autre religion. Le seul moyen de l’éviter est de respecter des règles laïques communes. »
 
Il ajoute : « Nous avons certes besoin d’une société diverse et inclusive, mais sur la base de conditions et de limites. N’importe quelle religion peut devenir extrême et la tolérance sans bornes offre en réalité un espace à l’extrémisme. »
 
Voilà un langage qui ne n’aurait rien d’insolite dans une publication laïciste occidentale – ou dans les présentations de programmes de l’Education nationale en régime socialiste français. L’argumentation est de même nature, et indique une communauté de philosophie… ou plutôt de praxis dont il serait bon de prendre la mesure. Ding Gang insiste : « C’est la politique inclusive qui met exagérément l’accent sur la différence des musulmans qui les a poussés à former une enclave en France. »
 
L’« intégration obligatoire peut fomenter des sentiments extrémistes » mais elle n’en est pas la cause, poursuit-il : « La laïcisation ne se fera probablement pas par un processus paisible et elle ne peut s’appuyer que sur des réformes au sein du monde musulman, mais en attendant une pression extérieure est tout aussi importante » – qui fera fi des « droits de l’homme », reconnaît l’auteur.
 
Cette manière d’accuser la religion et la foi traditionnelles des guerres et des violences est en vérité largement partagée. Elle est à la base des programmes d’unification globale et d’« amitié entre les peuples » que l’on trouve aussi bien chez les marxistes purs et durs, l’UNESCO, les loges, et les partisans de la laïcité et de l’élimination de Dieu de la sphère publique. Ils aboutissent à une même tyrannie relativiste.
 

Anne Dolhein