La bactérie E. Coli résiste aux antibiotiques de dernier recours : la Chine responsable ?

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E. coli résiste désormais aux dernières lignes d’antibiotiques et comme d’autres bactéries, sa mutation annonce de graves problèmes dans le domaine médical. Des experts britanniques ont indiqué que des souches mutantes et résistantes sont déjà en circulation au Royaume-Uni et pourraient renvoyer la médecine aux temps obscurs où la moindre infection pouvait avoir des conséquences mortelles. Et le danger vient de Chine où les mutations se sont produites à la suite d’une utilisation massive d’antibiotiques de dernier recours dans l’élevage.
 
Face à une infection à l’Escherichia coli les médecins utilisent, sous nos longitudes, des antibiotiques divers. Ce n’est qu’en cas d’échec qu’ils recourent aux polymyxines comme la colistine, « arme lourde », pour venir à bout de cette bactérie très commune.
 
S’il y a maintenant des lignées résistantes à tout traitement, il semble que l’origine du problème vienne de Chine où, selon des chercheurs britanniques, des cochons sont désormais porteurs d’une variété d’E. coli portant un nouveau gène résistant aux polymyxines. Les cochons… et donc la viande de porc qui aboutit dans les assiettes.
 

Le gène MCR-1 rend des bactéries comme E. Coli résistantes aux antibiotiques de derniers recours

 
Le gène MCR-1 fait partie d’une séquence d’ADN facilement copiable et qui de se fait se transfère facilement entre bactéries : les experts en sont à dire « inévitable » une « résistance pandémique ». D’ores et déjà, 1.322 patients hospitalisés en Chine ont présenté une infection à la bactérie mutante et d’autres cas auraient été répertoriés en Malaisie et au Laos.
 
Les premiers soupçons quant à la l’apparition d’une nouvelle lignée d’E. coli remontent à 2011, date à laquelle un cochon d’un élevage de Shanghai a présenté une résistance à la colistine. Depuis lors, les échantillons prélevés dans des abattoirs de quatre provinces et sur de la viande vendue à Guangzhou ont permis de constater la présence croissante et importante de E. coli portant le gène MCR-1, qui est en outre susceptible de s’étendre à d’autres bactéries responsables de pneumonies et d’infections du sang, ou encore les salmonelles : des patients souffrant de pneumonie ont déjà présenté des bactéries porteuses.
 

La Chine responsable d’une utilisation massive des antibiotiques de dernier recours

 
Il se trouve que la Chine est l’un des plus gros producteurs et utilisateurs mondiaux de colistine, abondamment utilisée sur place dans l’agriculture et l’élevage – ce qui augmente les risques statistiques d’une mutation résistante et même ultra-résistante comme celle qui se présente aujourd’hui. Le gouvernement chinois a interdit aux vétérinaires d’y avoir recours désormais… bien tard. Les chercheurs de Cardiff University et de la South China Agricultural University espèrent que l’interdit sera vite mis en place de manière globale.
 
Comme le note le Dr David Burch, vétérinaire membre de la RUMA Alliance (Alliance pour l’utilisation responsable des médicaments dans l’agriculture), « la possibilité du transfert par l’homme est rendue plus probable en raison de l’augmentation du commerce et du tourisme entre les deux régions du monde ». Encore un fruit du libre-échangisme sans frein…
 
On parle maintenant de « sauver la médecine moderne telle que nous la connaissons » en traquant l’abus des antibiotiques. Pour continuer allègrement l’exportation de viandes infectées ?
 

Anne Dolhein