La Cour des comptes dénonce le bilan de François Hollande

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Le premier ministre accuserait-il le président de la République ?

 
C’est tout sourire que François Hollande a quitté, avec tout de même un immense regret, le palais de l’Elysée, où il espérait bien, il y a quelques mois encore, rempiler. Trahi par les uns, abandonné par les autres, le 24e président de la République française n’aura pas eu le plaisir de se succéder à lui-même. Il a d’ailleurs préféré ne pas tenter l’expérience, le Titanic prenant eau de toutes parts, plutôt que de prendre le risque d’échouer. Du moins n’a-t-il pas hésité à affirmer, et à répéter, qu’il laissait la France en bien meilleur état qu’il ne l’avait trouvée. Un bilan que dénonce, aujourd’hui, la Cour des comptes. Entre autres…
 
Alors qu’Emmanuel Macron s’adressait depuis Versailles – où le Jupitérien aime décidément à se rendre… – aux parlementaires de la République, le gouvernement du premier ministre Edouard Philippe envisageait sérieusement de revoir le calendrier des réformes fiscales annoncées.
 
Il faut dire que l’audit réalisé par la Cour des comptes à la demande du nouveau locataire de Matignon a de quoi refroidir. La haute juridiction financière n’y a, effectivement, pas été de main morte en affirmant la semaine dernière que la France ne pourrait ramener son déficit sous la limite européenne de 3 % du PIB en fin d’année sans une « action vigoureuse et rapide ».
 

Le gouvernement Macron s’engage à faire mieux que son prédécesseur

 
Malgré tout, et pour y parvenir, le chef du gouvernement s’est engagé à mettre « un terme à la spirale de l’augmentation continue de nos déficits ». Mais Edouard Philippe, à la lecture de cet audit, a fait la grimace, dénonçant, sous l’image parlante de « chèques en bois », le dérapage « inacceptable » de son prédécesseur. Sans qu’on sache trop lequel est concerné, vu la valse accélérée des derniers mois du régime hollandien… Le fait est que le résultat catastrophique place la France dans « une situation de grande fragilité », contre laquelle il entend mener une politique stricte et efficace.
 

Le catastrophique bilan de François Hollande

 
Il faut dire que, si l’on doit à la fois prendre en compte les déclarations du prédécesseur d’Emmanuel Macron, et l’audit de la Cour des comptes, cela revient à dire que François Hollande se satisfait de n’avoir augmenté la dette publique que de 341 milliards d’euros au cours de son quinquennat !
 
L’Insee précise en effet de son côté que la dette de l’ensemble de nos administrations publiques, établie selon les critères (restrictifs au demeurant) de Maastricht, atteint désormais 98,9 % du PIB.
 
Officiellement, et c’est déjà un cataclysme sans chercher à regarder plus loin, la dette publique de notre pays s’établit donc à 2.209,6 milliards d’euros au premier trimestre 2017. Au lieu de 1.868 milliards en 2012, lorsque François Hollande est arrivé.
 
Bref, renchérit l’OCDE, la France devrait dépasser les 100 % – tout un symbole ! – l’année prochaine.
 

Face à la Cour des comptes, le premier ministre s’agace

 
On comprend l’agacement d’Edouard Philippe, d’autant plus que la Cour des comptes ne se prive pas pour suspecter d’un manque évident de sincérité l’exécutif précédent.
 
Evidemment, les proches de François Hollande poussent aujourd’hui des cris d’orfraies. Mais l’Union européenne n’en a cure, qui affirmait lundi que Paris ne se verrait pas accorder une nouvelle chance – ou du moins un nouveau délai – pour rétablir l’équilibre.
 
Certes, le commissaire européen aux Affaires économiques, Pierre Moscovici (socialiste et Français) affirme faire confiance au nouveau gouvernement français. Ça ne mange pas de pain, et c’est coutumier à chaque changement de gouvernement. Il l’appelle néanmoins fortement à engager « une politique budgétaire sérieuse sans être austère »…
 

On dénonce donc aussi le bilan… d’Emmanuel Macron

 
Pour Edouard Philippe, la situation est loin d’être simple. D’abord, parce que ledit Moscovici a été le premier ministre de l’Economie et des Finances de François Hollande, et qu’une attaque trop marquée contre celui-ci pourrait avoir des conséquences délicates.
 
Mais plus encore parce que l’un des principaux ministres – au point qu’une loi porte son nom – de l’Economie de François Hollande est un certain Emmanuel Macron, qui n’a quitté le gouvernement que pour se mettre en marche.
 
Fouiller dans les poubelles du précédent exécutif pourrait donc s’avérer compliqué, et préjudiciable à l’édile trop consciencieux qui s’y risquerait.
 
Quoi qu’il en soit, tout cela présage mal de l’avenir…
 

Hubert Cordat