Kim Davis, Yayo Grassi, Krzysztof Charamsa : manœuvres « gay » autour du synode

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Crédit photo AP

 
Il ne faut pas sous-estimer la pression inouïe qui pèse sur le synode sur la famille depuis ces quelques dernières semaines. On pourrait se dire que l’actualité européenne, avec l’arrivée de centaine de milliers de migrants en majorité musulmans sur des terres jadis chrétiennes mais toujours convoitées par l’islam devrait totalement éclipser les gesticulations autour des droits LGBT. Parler du synode et des inquiétudes qu’il a fait naître chez de nombreux catholiques fidèles ne se résumerait-il pas aux discussions sur le sexe des anges que l’on reproche à Byzance assiégée par les Ottomans ? Eh bien non. A voir les manœuvres « gay » qui se multiplient et la confusion que fait objectivement régner le Vatican sur la question, on devrait comprendre à quel point cela est crucial. Avec les affaires Kim Dim Davis, Yayo Grassi, Krzysztov Charamsa on touche du doigt une volonté de faire changer radicalement la doctrine et la morale de l’Eglise. Et nous le savons : les dangers auxquels sont exposés les âmes sont bien pires que les dangers qui menacent les corps.
 
On parle beaucoup des divorcés « remariés » et du changement de « pastorale » à leur égard : un changement que d’aucuns voudraient opérer tout en affirmant le caractère immuable de l’indissolubilité du mariage. Sans doute en sera-t-il question au synode, puisque l’Instrumentum laboris a imposé le sujet aux pères synodaux. Cette affaire-là est de toute façon déjà réglée par l’assouplissement du procès de déclaration de nullité, avec ses multiples failles. Mais dès l’an dernier, à la suite de la manipulation du synode extraordinaire que plusieurs cardinaux n’ont pas craint de dénoncer ouvertement, le cardinal Pell a eu cette phrase mémorable :
 
« Ce n’est que la pointe de l’iceberg. C’est un cheval de Troie. Ils veulent des changements plus larges : la reconnaissance des unions civiles, la reconnaissance des unions homosexuelles. »
 

Inimaginable : manœuvres gay autour du synode pour faire accepter l’homosexualité

 
Qui aurait pu seulement l’imaginer il y a cinq ans ? L’Eglise, notre Sainte Mère l’Eglise faisant l’objet de pressions pour reconnaître le « bien » qu’il peut y avoir dans une relation homosexuelle « stable » ? Les plus en colère parlent aujourd’hui du « synode de la sodomie ». Les mots crus réveillent, secouent. Il est certain que de nombreux pères synodaux sont vent debout contre de telles manœuvres. Mais dans les médias, elles sont au premier plan. Et la communication vaticane, le voulant ou ne le voulant pas, ne fait que jeter de l’huile sur le feu.
 
Voyez l’affaire Kim Davis. La greffière qui refuse d’enregistrer des « mariages » gay à fait de la prison pour cela. Elle a vu le pape François à la nonciature à Washington. Ils se sont parlés. Il l’a encouragée. Les médias pro-LGBT – c’est-à-dire, aujourd’hui, l’immense majorité des gros titres dans le monde occidental – se sont lamentés devant cette « preuve » de l’homophobie de l’Eglise.
 
On imagine les réunions fébriles des responsables de la « com » du Vatican. Gestion de crise. Le P. Federico Lombardi SJ, directeur de la Salle de presse, se fend d’un communiqué pour dire que « la seule audience accordée par le pape à la nonciature a été celle avec l’un de ses anciens élèves et sa famille ». Et pour bien enfoncer le clou, il a précisé : « Le pape François a rencontré plusieurs dizaines de personnes qui avaient été invitées par la nonciature pour le saluer alors qu’il se préparait à quitter Washington pour New York. De telles brèves salutations ont lieu lors de toutes les visites papales et elles s’expliquent par la gentillesse et la disponibilité caractéristiques du pape. »
 

Le pape a bien parlé avec Kim Davis, mais la rencontre importante était avec Yayo Grassi, homosexuel revendiqué

 
Donc, hasard total ou presque, si François a parlé avec Kim Davis – et surtout pas une « forme de soutien » alors que la position de Mme Davis a des « aspects particuliers et complexes ». Particuliers et complexes ? Non ! Elle a refusé de considérer comme un « mariage » ce qui ne peut pas en être un. C’est comme si elle avait refusé de dire que 2 et 2 font 5. Et que pour cela, on l’avait jetée en prison.
 
Précisons au passage que l’opération de communication exécutée par le P. Lombardi s’est heurtée à une rectification dont on parle moins. L’avocat de Kim Davis, Mat Staver, du Liberty Counsel, a publié un communiqué indiquant qu’elle avait bien rencontré le pape François, en présence de quelques officiels, dans un salon privé, et que la Salle de presse du Vatican n’a pas dit la vérité à propos de cette rencontre. Kim Davis et son mari ont parlé avec le pape pendant « 15 minutes », selon son conseil qui évoque une rencontre organisée « à l’initiative du Vatican » au cours de laquelle le pape François a dit à la jeune femme de « demeurer forte » en lui souhaitant du « courage ».
 
Alors : manipulation ? Mensonge de la part de Mat Staver ? Mensonge de la part des services de communication du Vatican ?
 
On sait seulement que la rencontre dans ce salon n’a pas été filmée ou plutôt qu’il n’en existe pas d’images sur internet. On sait aussi que l’embarras du Vatican à son propos est évident. C’est en soi inouï.
 
Une autre rencontre a été filmée, elle. Il s’agit de la réception privée, à l’initiative du pape lui-même, d’un de ses anciens élèves devenu un ami : le fameux « ami » et sa « famille » évoquée par le P. Lombardi lorsqu’il minimisait la rencontre avec Kim Davis. Il s’agit de Yayo Grassi, homosexuel revendiqué, qui était là avec sa mère, selon le Vatican, quelques femmes amies et surtout son propre petit ami avec lequel il entretient une relation depuis 19 ans, Iwan Bagus.
 
Sur la vidéo Yayo Grassi ne présente pas la femme argentine, d’un certain âge, qui a participé à la rencontre de 2 minutes et 16 secondes comme sa mère, mais comme « Salomé ». La presse argentine assure qu’il était là avec des « amis ». Alors, c’est Iwan Bagus, sa « famille » ?
 
C’est en apprenant que le pape avait reçu Kim Davis que Yayo Grassi, refusant de croire que la rencontre ait pu avoir lieu à l’initiative du pape parce que cela « ne lui ressemblait » pas, a-t-il dit à CNN, s’est identifié comme la personne désignée par le P. Lombardi (ce dernier était-il au courant ?). C’est une forme de « rectification ». Inquiétante. Scandaleuse.
 
Cette rencontre s’inscrit dans l’« ouverture » voulue par le pape qui veut toucher tous les cœurs. Soit. Mais accueillir chacun, pour l’Eglise, veut dire proposer à chacun le salut, en vérité. Ici, il y a plutôt de la complaisance.
 
Et la preuve que la confusion règne, c’est que l’on sent une forme de soulagement lorsque le pape rappelle la doctrine : que ce soit sur l’indissolubilité du mariage ou, bien plus discrètement – « Qui suis-je pour juger ? » – les relations homosexuelles.
 
Et c’est là que se situe le scandale objectif : l’idée que la relation stable d’un homme avec son petit ami mérite d’être saluée par une accolade et des embrassades sur les deux joues, tout sourires. Après cela, peu importe de dire que c’est « bien » ou c’est « mal » : l’image a parlé.
 

Krzysztov Charamsa fait son “coming out” le matin du synode

 
Troisième acte. C’est samedi matin, à quelques heures de la veillée d’ouverture du synode, que Mgr Krzysztov Charamsa, prélat polonais travaillant à la Congrégation pour la doctrine de la foi, a fait son « coming out », au moyen d’un entretien dans la presse polonaise, d’un entretien dans Il Corriere della sera, et d’une conférence de presse en compagnie de son petit ami, Eduardo, un catalan. Il a revendiqué l’homosexualité comme étant sa nature à laquelle il se doit d’être fidèle, tout comme l’hétéro doit être fidèle à la sienne. Il a dénoncé l’« homophobie » de la Congrégation pour la doctrine de la foi (vu ce que ce mot recèle : le simple rappel de la morale traditionnelle, est-il permis de dire « ouf » ?) et annoncé que d’innombrables prêtres sont des homosexuels, éventuellement refoulés.
 
Le Vatican a aussitôt fait savoir qu’il n’enseignerait plus dans les universités pontificales où il exerçait comme professeur, et qu’il ne travaillera plus à la Congrégation. La réaction, très rapide, provoquera-t-elle une nouvelle communication de crise ? Elle est en tout cas remarquable en ce qu’elle reprochait surtout au prélat son modus operandi, la « pression médiatique » qu’il mettait sur le synode, le caractère « bruyant » de son coming out. On attend toujours un communiqué rappelant l’importance du célibat ecclésiastique auquel tout prêtre de rite latin s’engage, et pourquoi pas une phrase – juste une ! – sur le caractère intrinsèquement désordonné des actes homosexuels. Au lieu de quoi le P. Lombardi a parlé du « respect » que « méritent le vécu et les situations personnelles » et de la « réflexion » qui s’impose.
 
Réflexion ? C’est tout réfléchi ! Voilà qui a fait dire à trois théologiens, dans une analyse critique de l’Instrumentum laboris, que la question de l’homosexualité n’a rien à faire dans un synode sur la famille. C’est « off-topic », hors sujet. A lire sur le blog de Sandro Magister.
 

Anne Dolhein