Un policier grièvement blessé : la mort au terme d’une politique

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Au lendemain d’un braquage et d’une course-poursuite sanglante en Seine-Saint-Denis, un policier, grièvement blessé au cours de l’opération de deux balles dans la tête, se trouvait toujours, mardi, entre la vie et la mort. L’un des deux braqueurs poursuivis a été ensuite abattu par les forces de l’ordre. Il s’agissait d’un malfaiteur signalé pour radicalisation, qui faisait l’objet d’une fiche S (pour Sûreté d’Etat) et qui, bénéficiaire d’une permission de sortie, n’avait pas réintégré sa cellule. Aujourd’hui, les collègues du policier blessé interpellent le ministre de la Justice Christiane Taubira, pour dénoncer le laxisme d’une politique qui, pour eux, est une menace de mort.
 
Christiane Taubira s’expliquera-t-elle sur le sens d’une politique qui conduit un policier aux portes de la mort ? C’est en tout cas la demande faite par ses collègues.
 

Un policier grièvement blessé 

 
A 24 ans, le malfaiteur en cavale abattu lundi comptait une trentaine d’antécédents judiciaires. Après sa disparition, et comme il était soupçonné de radicalisation en prison, une fiche S avait émise à son encontre. Un peu tard, sans doute, puisque, lorsque la Sûreté d’Etat est en cause, l’individu est censé faire l’objet d’une surveillance discrète – ce qui bien évidemment ne pouvait plus être le cas.
 
Le motif de sa permission ? Régler la succession de son père décédé peu auparavant. Un motif habituellement valable, mais l’est-il encore lorsqu’il s’agit d’un prisonnier dangereux ?
 
« Ce n’est pas la première fois que, pour des motifs de lenteurs de la justice mais aussi de décisions irraisonnées, des individus aux pedigrees chargés les caractérisant comme dangereux, sont libérés », s’indigne le Syndicat des cadres de la sécurité intérieure dans un communiqué, en posant la question de la « confiance » dans un système judiciaire ainsi géré.
 

Une faute politique qui entraîne la mort

 
« On est victime d’un phénomène qui fait qu’on aménage au maximum les peines. On voit qu’il y a des dysfonctionnements avec la Justice et qu’ils ont des conséquences importantes », déclare pour sa part Nicolas Comte, du syndicat SGP Unité-Police.
 
« Ce qui est aberrant, c’est qu’un individu avec ce profil ait pu bénéficier d’un aménagement de peine et d’une permission sans garantie », comment Synergie-officiers. Et ainsi de suite…
 
Côté politique, les interrogations – ou les affirmations, c’est selon… – vont dans le même sens. Xavier Bertrand, tête de liste Républicains pour les élections régionales en Nord-Pas-de-Calais-Picardie, déclare ainsi : « Quand quelqu’un est dangereux, il ne sort pas, c’est pas une question de droite ou de gauche, c’est une question de bon sens. »
 

Un gouvernement au-dessous de tout

 
Dans l’après-midi, le ministre de l’Intérieur, qui s’était rendu sur les lieux, a déclaré : « Je suis venu dire aux policiers à la fois l’émotion, la tristesse, la solidarité dans cette épreuve. (…) Le gouvernement est déterminé à leur donner les moyens (…) d’accomplir leur mission dans les meilleures conditions. Il y a eu trop de moyens rabotés ces dernières années dans la police et la gendarmerie. Trop de postes ont été supprimés. »
 
Faut-il des morts pour que le gouvernement parvienne à ce constat dont nos compatriotes sont, eux, persuadés depuis des années ?
 
Sans doute, puisque la mise en cause Christiane Taubira, après avoir souligné que « les interrogations sont légitimes » – merci ! – affirme : « J’examinerai s’il y a lieu de modifier la législation applicable aux sorties des détenus. »
 
Il faut se pincer pour croire qu’un tel laxisme soit non seulement possible, mais défendu par un ministre de tutelle !
 

Hubert Cordat