Le président polonais Andrzej Duda critique ceux qui mettent l’UE avant la souveraineté nationale

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Le discours du président polonais Andrzej Duda prononcé le 13 mars dans la ville silésienne de Kamienna Góra serait sans doute passé inaperçu s’il n’avait été manipulé par les médias d’opposition polonais. Ce discours prononcé sur la place centrale de cette petite ville d’à peine 20.000 habitants pour l’inauguration d’une nouvelle voie expresse n’était a priori pas fait pour être repris dans la presse nationale et encore moins dans la presse étrangère. Le président Duda a bien entendu profité de l’occasion pour vanter la politique du gouvernement du PiS, parti dont il était le candidat en 2015. Mais il a aussi évoqué le centenaire de l’indépendance de la Pologne commémoré cette année, et il en a profité pour vanter la souveraineté nationale et pour demander aux Polonais de soigner cette indépendance pour laquelle leurs grands-parents se sont battus. Le président Duda a alors critiqué ceux qui en Pologne prétendent aujourd’hui que la souveraineté nationale n’est plus aussi importante depuis qu’elle est dans l’UE.
 

Même à l’intérieur de l’UE, il ne peut y avoir de liberté et de démocratie sans la souveraineté nationale.

 
« Très souvent, », a déclaré le président polonais, « les gens disent “pour quoi faire la Pologne, l’Union européenne est ce qui importe le plus”. Que ces gens se souviennent donc des 123 années de partage [de la Pologne entre la Russie, la Prusse et l’Autriche-Hongrie]. La Pologne a perdu son indépendance à la fin du XVIIIe siècle et a disparu de la carte. A ce moment-là aussi, certains disaient : “C’est peut-être mieux, cela mettra fin à nos querelles, aux révoltes, aux insurrections, aux guerres, aux disputes, aux ‘confédérations’ [ligues armées formées par des groupes de nobles dans la République des Deux Nations polono-lituanienne avant les partages, NDLR], nous allons enfin vivre en paix.” Cependant tous se sont vite aperçu qu’il y avait toujours des guerres et des disputes, mais que nous, nous n’y pouvons plus rien et nous ne décidons plus pour nous-mêmes. Qu’aujourd’hui, c’est quelque part au loin, dans des capitales éloignées que se décident nos affaires ; que c’est là-bas que va l’argent que nous avons gagné par notre travail, et que nous travaillons en réalité pour le compte d’autres. Avoir ton propre Etat, c’est justement sentir que tu travailles pour toi-même, c’est sentir que tu construis ici ta patrie, que c’est ton avenir et que tes décisions sont entre tes mains. C’est quand tu décides qui gouverne et qui ne gouverne pas. C’est là l’essence de la liberté et de la souveraineté. C’est toi qui décides pour toi-même et pour ton Etat. C’est pourquoi l’indépendance, la souveraineté mérite d’être défendues à n’importe quel prix. C’est pourquoi cela vaut la peine de travailler pour son pays. C’est pourquoi cela vaut la peine de payer des impôts pour lui. Et cela vaut la peine de soutenir ceux qui le gouvernent bien. »
 

Les propos du président polonais Andrzej Duda volontairement détournés par certains médias pour créer la fake news du jour

 
Version de certains médias d’opposition polonais, reprise en Grande-Bretagne par le Daily Mail : « Le président polonais compare la présence dans l’UE à l’occupation. [Il] se plaint des fonctionnaires qui prennent “notre argent”… alors que son pays reçoit 10 milliards d’euros par an, soit la plus grosse part de l’argent bruxellois. »
 
En réalité, le président Duda défendait la vision qu’ont les pays du Groupe de Visegrád de l’Union européenne, c’est-à-dire celle d’une UE en tant qu’union de nations souveraines, car sans souveraineté nationale il n’y a ni liberté ni démocratie.
 

Olivier Bault