DRAME HISTORIQUE Les Jardins du Roi •


 
Les Jardins du Roi tiennent fondamentalement de la fantaisie historique, et non du drame historique stricto sensu, tant sont nombreuses les erreurs manifestes et les approximations. Pour le bien de ses enfants, Louis XIV, bon père de famille, décide de quitter Paris pour s’installer à la campagne, à Versailles précisément. Le ton est donné d’emblée, léger et sympathique, et présente un Louis XIV très bienveillant pour les siens mais fort éloigné de l’Histoire réelle. Il reste nonobstant plus exact que l’insupportable tyran égocentrique de bien des films français ou américains. En revanche l’idée, suivant la grande tradition du roman historique britannique à la manière de Walter Scott, d’ajouter un personnage secondaire à l’Histoire véritable en l’occurrence une jardinière, Mme de Barra, promue assistante de Le Nôtre, ne dérange pas en soi. Elle est d’ailleurs loin d’être absurde, le XVIIème siècle ayant été plus ouvert aux femmes que sa caricature convenue. Il y a un bel hommage à l’art du jardin à la française en y incluant, pour les bosquets de Versailles, d’indéniables fantaisies parfaitement conformes à l’histoire.
 

Les Jardins du Roi concentrent trop d’inexactitudes manifestes

 
Les Jardins du Roi est porté par de grands acteurs, dont Alan Rickman en Louis XIV, dans de beaux costumes d’époque. Mais les erreurs historiques manifestes, y compris dans les décors et en particulier dans l’ameublement, agacent constamment. Les âges des personnages historiques sont souvent inexacts et les protagonistes fort rajeunis. La Cour n’est guère flattée, mais il est vrai qu’elle ne se distinguait pas par la pureté de ses mœurs. Quelques brèves scènes excessives sonnent faux là encore. Philippe d’Orléans, aux mœurs particulières en effet, en devient curieusement un homosexuel proustien idéal, bon père de famille, entouré d’une Palatine très tolérante – au rebours de l’Histoire. Ces mœurs s’accordent mal avec la sensibilité très américaine des personnages principaux qui, pour être certainement humaine, ne correspond pas à l’idéal classique. Louis XIV fut dans les faits un père assez froid, mais un excellent grand-père.
 
Des personnages principaux qui suscitent l’empathie. Un public bienveillant pourra considérer que Mme de Barra la jardinière, Le Nôtre et Louis XIV sauvent le film du naufrage.
 

Hector Jovien