Facebook veut traquer les fausses informations ; Obama rejoint le combat contre les “hoax”

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C’est l’élection de Donald Trump qui a mis le feu aux poudres, en ce qui concerne Facebook. De fausses informations ont circulé, que l’on soupçonne aujourd’hui d’avoir fait pencher la balance en faveur du candidat des républicains – celui qui était officiellement investi par l’Etablissement mais qui passe pour l’outsider inacceptable. Du coup, Mark Zuckerberg, le fondateur du réseau social, a annoncé vendredi un plan pour arrêter la circulation des “hoax” : c’est la censure qu’il annonce, après avoir pendant très longtemps minimisé l’impact des mensonges présentés sur Facebook comme autant d’informations vérifiées. Barack Obama lui-même a rejoint le mouvement : le voici partisan de la protection et de la promotion de la vérité. On serait moins inquiet si les grands médias s’y consacraient assidûment ! De nombreux internautes ne s’en remettraient pas aux réseaux parallèles si c’était le cas.
 
Pour Mark Zuckerberg, le problème se présente comme compliqué sur le plan « technique et philosophique » ; il entend néanmoins faire confiance à l’intelligence artificielle pour détecter les fausses informations, tout en donnant plus de facilités aux utilisateurs pour signaler des contenus en contravention avec la ligne.
 

Facebook accusé de répandre des fausses informations

 
Tout est parti d’un gros titre accrocheur : « Un agent du FBI soupçonné dans l’affaire des fuites des courriels de Hillary retrouvé mort. » L’article venait d’un journal fictif, le Denver Guardian, et il accusait Clinton d’avoir comploté pour faire tuer un agent du FBI et sa femme – tout aussi imaginaires – en faisant passer leurs morts pour un cas banal de violence domestique. Résultat des courses : 568.000 partages.
 
Il se trouve que Facebook est le lieu où 44 % des Américains accèdent à l’information quotidienne. Voici désormais le réseau social accusé de donner à tel point la priorité aux questions techniques qu’il en oublierait de mettre en place des procédures capables de reconnaître et de donner la priorité à des sources fiables.
 
Bien sûr, c’est « la droite » qui est coupable : c’est elle qui s’est plainte en début d’année de la préférence donnée aux sites de gauche par son équipe chargée de mettre en avant les informations les plus « tendance », elle qui a obligé Facebook à s’en remettre un algorithme, tandis que l’algorithme, lui, s’est aussitôt mis à donner la priorité aux histoires les plus sensationnelles. Celles qui, soit dit en passant, sont celles qui rapportent le plus. L’algorithme faisait confiance, pour ses mots-clés, à Wikipédia, autre site qui ne brille pas par l’exactitude de ces contenus.
 

Obama veut traquer les fausses informations qui ont fait tomber Clinton

 
La vraie question est de savoir si Facebook est un média d’information. Facebook s’en défend : le site se veut une plate-forme technique, rien de plus. Mais ceux qui le critiquent lui reprochent d’avoir un rôle clé dans l’information mondiale : « Mark Zuckerberg est le rédacteur en chef de la une de tous les journaux du monde. C’est son boulot, mais il n’en veut pas », note l’un d’entre eux.
 
Zuckerberg résiste en effet : « Nous ne voulons pas être nous-mêmes des arbitres de la vérité, mais faire confiance plutôt à notre communauté et à des tiers de confiance. »
 
Quels tiers de confiance ? Quelles pressions pour rendre les informations qui circulent sur Facebook plutôt politiquement correctes que vraies ? Là est la vraie question, dans des médias dominés par un esprit de gauche que l’on constate dans la plupart des grandes sources d’information du monde entier.
 
Peu enclin à surveiller humainement ce qui circule sur le réseau, Zuckerberg est prêt à rechercher des solutions techniques, en travaillant sur leur « capacité à classifier la désinformation », afin de prédire le type de messages qui seront probablement signalés comme faux.
 

Facebook, première source d’information des Américains, et grande source de hoax

 
Au bout du compte, on voit poindre un système où des sources officiellement jugées fiables auront la priorité et seront choisis pour le partage d’informations automatiques du réseau. Ce n’est pas forcément une bonne nouvelle pour les journalistes indépendants, ou une source comme celle que vous êtes en train de lire, qui font tout le travail de vérification possible mais qui ont le malheur de ne pas rejoindre la pensée dominante, et certains de nos lecteurs ont pu constater que nos comptes Facebook sont régulièrement supprimés.
 
Barack Obama vient de rejoindre ce mouvement, c’est dire. Lors d’une conférence de presse au Pérou le week-end dernier, il a réitéré l’idée selon laquelle la liberté de la circulation des fausses informations sur Internet a contribué à la défaite des Démocrates le 8 novembre dernier. « Si en général, nous avons des élections qui ne sont pas focalisées sur des problèmes et qui sont remplies de fausses informations, de hoax et d’informations sans intérêt, alors la question ne sera pas de savoir ce qui se passe à l’extérieur, la question sera de savoir ce que nous faisons pour nous-mêmes à l’intérieur. »
 

Le ministère de la Vérité en charge de
La Pravda

 
La déclaration assez sibylline était suivie de cette précision : « Comme j’ai pu le dire par le passé, mon inquiétude concerne moins une désinformation quelconque ou une propagande émise par un parti en particulier, que la désinformation en général émanant de toutes sortes de sources – domestiques, étrangères, sur les réseaux sociaux – qui rendraient difficiles pour les électeurs la tâche de déterminer ce qui est vrai et ce qui ne l’est pas. » Et le coup de pied de l’âne : « Trump comprend le nouvel écosystème, où les faits et la vérité n’ont pas d’importance », a déclaré Obama au New Yorker : « Vous attirez l’attention, faites naître des émotions, et puis vous passez à autre chose. »
 
On peut s’attendre à de nouvelles attaques en règle contre la presse libre, attaques qui auront été facilitées précisément par les hoax qui se sont en effet multipliés.
 
On peut s’attendre aussi à la multiplication l’argument que l’on entend de plus en plus ces temps-ci : la presse commerciale, qui a besoin de vendre, n’y parvient plus qu’en mettant en avant des faits sensationnels, des informations plus ou moins vérifiées mais qui plaisent ; les plus vertueux, ce seraient les médias d’État qui n’ont pas besoin de cela pour attirer le chaland puisque leur financement ne dépend pas de leurs recettes ou de la publicité.
 
Comme si les médias officiels étaient des parangons de vertu et de véracité !
 

Anne Dolhein

 

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Le Ministère de la Vérité (1984)