DRAME/DRAME HISTORIQUE Peur de rien •


 
Peur de rien est le cri poussé par une étudiante libanaise en France dans la première moitié des années 1990. Cette France d’il y a vingt ans appartient désormais à l’Histoire, à l’ère d’avant les téléphones portables et a fortiori les tablettes numériques. Les décors sont bien reconstitués, des machines aux vêtements, en passant par les chansons à la mode. L’intrigue suit largement une forme d’autobiographie de la réalisatrice. Ainsi beaucoup de détails et de situations font vrais. L’héroïne a presque toujours le beau rôle ; on se permettra quelques réserves sur ce parti-pris.
 
Une étudiante libanaise en économie est obligée de s’enfuir de la maison de sa tante – sœur de sa mère restée à Beyrouth – en banlieue parisienne, suite à une tentative de viol de son oncle. Aussi doit-elle se trouver en urgence un logement, et un travail pour en payer la location, et ce à Paris, et les conserver. De façon étonnante, elle y parvient à peu près toujours. De façon compréhensible, elle se sent rapidement plus attirée par l’étude de Pascal et Marivaux que Marx et Bourdieu ; mais ce basculement en Lettres lui causera de gros ennuis administratifs, jusqu’à la perte momentanée de sa carte de séjour. Les cours de Lettres présentés sont intéressants, tout comme celui d’Art contemporain : il démontre parfaitement que cette imposture évidente ne peut tenir que par la magie du verbe de l’enseignante. Ces scènes sont étonnantes et révélatrices.
 

Peur de rien : une vision de militant de gauche

 
L’étudiante, après un passage étrange et involontaire dans une soirée de royalistes, finira adoptée par l’extrême-gauche. Humainement, on la comprend : étrangère menacée d’expulsion, elle y est immédiatement l’objet de l’intérêt empressé de tous. La bonne conscience dégoulinante des professeurs ou avocats de gauche agacera quand même, tout comme la « liberté » sexuelle de l’héroïne, impensable au Liban.
 
Peur de rien est une curiosité qui peut intéresser le spectateur, sans pleinement le séduire du fait de son point de vue auto-hagiographique et de sa vision de militant de gauche.
 

Hector Jovien

 
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