COMEDIE Toni Erdmann ♠


 
Toni Erdmann a été la comédie allemande du festival de Cannes 2016. A la surprise des critiques cinématographiques officiels, elle n’a obtenu aucun prix. Les goûts de notre époque étant au mieux douteux, nous avons abordé le film avec une ouverture d’esprit totale, envisageant le pire comme le meilleur, inattendu sans être a priori impossible. Le sujet, ou du moins une de ses parties, inspire en soi une certaine sympathie : un homme mûr essaie de rétablir la communication avec sa fille, cadre trentenaire, dont la vie se résume à une activité professionnelle intensive dans le monde entier. Lors de ses visites en Allemagne, rares et brèves, elle ignore à peu près totalement un père qui ne l’intéresse pas et qu’elle perçoit comme un gros Allemand typique et farceur, à l’opposé de son monde sérieux à elle. Aussi décide-t-il de la suivre jusqu’en Roumanie, où elle exerce une mission de conseil pour l’industrie pétrolière locale. Cette dernière sert de prétexte à une dénonciation marxisante et facile des cadres étrangers présents pour seulement licencier massivement les salariés roumains…Ce dernier point appellerait bien des nuances, mais le sujet principal reste cohérent et intéressant en soi.
 

Toni Erdmann : un gâchis exemplaire

 
Le problème majeur est que cette petite histoire traîne en longueur sur 2h40, ce que rien ne justifie. En outre, elle est traitée avec un manque de finesse déplorable. Une scène, inutile à la narration du reste, est en outre franchement obscène. Quant à la fête-surprise dans la tenue de nos premiers parents d’avant la chute, elle tient du mauvais goût achevé, évidemment, non de quelque manifestation d’avant-garde ou provocation « nouvelle ». Les bonnes idées, comme les velléités de s’intéresser à la culture populaire roumaine, sont systématiquement sabotées au fil du récit. Quelques scènes réussies surnagent, mais ne sauvent certainement pas l’ensemble.
 
Ainsi, Toni Erdmann donne le sentiment du gâchis complet d’un sujet intéressant par le cinéma contemporain, et ce de manière assez exemplaire en son genre.
 

Hector JOVIEN

 
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