Valls, Raffarin, Herbert Léonard : la génération Macron en marche

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Herbert Léonard surmonte une embolie pulmonaire, Manuel Valls quitte le PS et Raffarin le sénat pour lancer une ONG. La révolution Macron est en marche. Alors que la jeune génération raye de ses dents les parquets de l’assemblée nationale, la vieille cherche une nouvelle manière d’exister.
 
Ringardisé. C’était le mot à la mode après l’élection de mai. Macron avait, selon des médias unanimes qui s’y connaissent en ringardise, ringardisé le monde politique français, avec ses algorithmes, son débat, sa communication, ses premiers pas. Et ledit monde politique, tétanisé, voyait avec effarement prébendes et places acquises s’effondrer devant l’invasion de la génération en marche, le départ des larbins d’antenne éprouvés, Field, Pujadas, le grand remplacement des députés et des ministres. Eléphants démonétisés, chameaux chenus, félins édentés, poissons lunes dégonflés, tous sont en marche dans le Safari sortant.
 

La génération Macron en marche vers la sortie

 
Le mouvement est uniformément accéléré et emporte tout, comme ce courant qui brise les digues de sable que construisent les bambins sur la plage pour retenir l’eau qui s’enfuit à marée basse : une petite brèche, et, en moins d’une minute, tout est emporté, lavé, tout a disparu. Ainsi des espoirs de Bayrou, Marielle et du MoDem. L’enchanteur Macron est une tornade. Il a ruiné en un instant l’effort de toute une vie. Avec le sourire. En marche vers la porte, les ténèbres où sont les pleurs et les grincements de dents, le néant. Macron, c’est comme un naufrage. Chacun cherche un point où s’accrocher. Les vieux chats fourrés maçons sont les plus prudents. Voyez Xavier Bertrand. Il parle, fait l’important, juge Wauquiez, loue Valérie Pécresse, mais il ne bouge pas d’un centimètre, courageusement cramponné à son fauteuil de président du conseil régional des Hauts de France où la gauche l’a porté. Profondément ancré dans la graisse inexpugnable des certitudes humanistes.
 

Valls et son very bad trip, Raffarin apôtre en marche

 
Alors, louons les inventifs, les aventureux, qui prennent en main leur destin et se cherchent tout seuls un avenir. Le plus remarquable est Manuel Valls. Un tempérament exceptionnel, un héros pour sa génération. Avant-hier dictateur tranquille, piété sur un parti qui tenait tout, l’œil noir, le teint apoplectique et la bouche torse d’un matador en train de devenir Dieu ou caudillo, il s’est réveillé hier à la descente d’un very bad trip, sans rien, si content d’être élu et si craintif qu’on ne recompte les voix qu’il s’est précipité au Palais Bourbon pour siéger. Aujourd’hui il quitte le vieux parti sur lequel il se croyait tranquillement assis, ce n’est plus qu’une meute de fourmis roses en déroute, hargneuses et ruinées.
 
Jean-Pierre Raffarin est encore mieux. Il abandonne le sénat trois ans avant la fin de son mandat pour faire de la place : « La jeune génération politique prend le pays en main et c’est heureux ». Lui aussi fait partie des fans de Macron qu’il soutient, mais il a choisi d’être constructif et de se mettre en marche ailleurs.
 

Herbert Léonard, la génération Macron à lui tout seul

 
Il va « créer une ONG internationale pour alerter contre les risques de guerre qui nous menacent » et mobiliser les « Leaders pour la Paix ». Le tout en américano-poitevin dans le texte. En d’autres termes, « la vie politique élective », c’est fini pour lui. C’est ici qu’il se met vraiment en marche derrière le président Macron. La « ringardisation » de la vieille politique, qu’est-ce que c’est en effet ? Rien d’autre que l’adaptation des mentalités et des institutions aux méthodes qui régissent la gouvernance globale. La fin des notions de nation, de souveraineté, de démocratie élective. Désormais, les peuples en marche doivent être menés autrement. Raffarin agit en précurseur, en apôtre de cette rénovation qu’impulse (le mot fait partie du vocabulaire positif) Macron.
 
Et Herbert Léonard ? Pourquoi l’ai-je inclus dans le titre ? Pour le plaisir, d’abord. Parce qu’il fait partie de la même génération que les autres, ensuite. Parce qu’il illustre bien cette nouvelle manière de faire de la politique. Et parce qu’il est aussi nouveau que Valls et Raffarin. Aussi nouveau que Macron.
 

Pauline Mille