DOCUMENTAIRE Nous venons en amis ♥

Film Nous venons en amis
 
Nous venons en amis est un des rares documentaires qui possède le mérite de s’intéresser au Sud-Soudan, de filmer dans la durée les acteurs locaux, en leur donnant la parole. Les images ont été prises avant l’indépendance (2011) ou peu de temps après, mais avant la terrible guerre civile qui ravage désormais ce nouvel Etat chrétien noir mort-né depuis 2013. Cette guerre infirme la thèse plus ou moins exposée dans le documentaire : la sécession du Sud-Soudan aurait été une manœuvre de pétroliers américains désireux d’évincer leurs concurrents chinois, liés à Khartoum, et troublant de ce fait un pays pacifique. Cela tient de l’anticolonialisme primaire, ridicule, de la gauche française, et témoigne d’une vision géopolitique enfantine du niveau des aventures de Tintin, entre Tintin au Congo et l’Oreille Cassée.
 

Nous venons en amis n’occulte pas le rôle de l’islam

 
Heureusement le documentaire donne la parole aux acteurs locaux, indigènes ou non. Certes, certains piliers de bar ou pseudo-théoriciens ridicules vocifèrent contre les Blancs et Chinois à l’origine de leurs malheurs, sans cependant rien prouver. Beaucoup d’autres énoncent la vérité : des chrétiens refusent d’être soumis à l’Islam, opinion intéressante et à connaître, bien qu’ils aient subi durant des décennies arabisation et islamisation forcées. La foi chrétienne, réelle mais protestante, à l’expression en effet naïve, a provoqué les moqueries faciles des critiques désinformateurs ; on ne les partagera pas. De même les écoles des missionnaires américains protestants imposent une discipline stricte à leurs élèves, avec port d’uniforme, d’où un concert d’indignations chez les bien-pensants de gauche. Sans partager toutes leurs croyances, on constate que ces maîtres ont globalement bien raison, la pédagogie anti-autoritaire pouvant d’ailleurs se prévaloir d’un bilan catastrophique en France.
 
Nous venons en amis est intéressant par ce qu’il a malgré tout d’honnête, et l’absence de commentaire explicite. Le spectateur curieux du Sud-Soudan peut faire abstraction des opinions erronées du réalisateur et découvrir ce pays, hélas détruit aujourd’hui par des querelles ethniques. Le réalisateur, aveuglé par un anti-colonialisme systématique qui lui interdit de rien comprendre à l’Afrique, et malgré la sympathie exprimée à son sujet, n’a pas pu en rendre compte.
 

Hector Jovien