Sermon de l’abbé Beauvais sur les Évangiles et la conversion


 
Nous avons dans l’évangile d’aujourd’hui, le commencement du récit synthétique que fait saint Luc sur saint Jean-Baptiste, depuis le commencement de ses prédications jusqu’au baptême de notre Seigneur, et il marque soigneusement la date et le thème de sa prédication. La date est très solennellement indiquée. Saint Luc place donc Notre Seigneur dans le courant historique de son époque. La religion catholique est en effet une religion historique. Son origine est située dans un temps historique et en une région historique, dans l’empire le plus grand qui ait jamais existé, en son temps le plus glorieux, le siècle d’Auguste, à la différence de toutes les autres religions dont l’origine se perd dans les brumes. Ainsi la vie de Bouddha ou de Mahomet n’est autre qu’un ramassis de légendes.
Notre Seigneur n’est pas né dans la préhistoire. Il est né dans un grand empire, dans une grande civilisation, parmi un peuple illustre et intelligent, du moins même si depuis longtemps ce peuple ne met plus cette intelligence au service de Dieu mais de Mammon. La vie du Christ donc, nous est arrivé en quatre chroniques de témoins oculaires, avec toute la finesse du style oral hébreu, et écrite dans la langue la plus fine et la plus civilisée du monde : le grec. Peu après, des chrétiens étaient connus à Rome. Les deux plus grands historiens Tacite et Suétone, nomment les chrétiens. Tacite nomme le Christ et les Pères apostoliques en commençant par les lettres de saint Ignace martyr, et la Didaché du deuxième siècle, commencent même à citer les Évangiles de même que les hérétiques, ce qui prouve leur authenticité, car ils étaient contemporains. Et si par un impossible les quatre Évangiles se perdaient un jour, on pourrait même reconstruire les textes rien qu’avec les citations des saints Pères de l’Eglise.