DRAME Au-delà des montagnes •


 
Au-delà des montagnes [Shan He Gu Ren] est un film chinois, au titre poétique typique de cette langue. Le thème est fort sympathique, et illustre des points de morale universelle. Une femme doit préférer un brave homme, même un mineur pas très riche, qui saurait l’aimer, à un homme d’affaires, riche, mais égocentré. La famille doit rester unie, car les ruptures affectent les adultes, surtout ceux qui sont sensibles, et sur le long terme, les enfants. Enfin, l’émigration n’est pas en soi une bonne idée ; les individus souffrent d’être éloignés de leur pays véritable ; lorsque parents et enfants n’usent plus de la même langue, ils finissent par ne plus du tout se comprendre. La culture chinoise traditionnelle, si riche, gagnerait à être préservée ; la comparaison avec une sous-culture mondialisée anglophone, en un pidgin-english fort loin du génie de Shakespeare, est évidemment en sa faveur.
 

Au-delà des montagnes paraît sombrer sur la fin

 
Tous ces points fondamentaux justes font-ils pour autant d’Au-delà des montagnes un film réussi ? Le film est trop long, étalé sur 2h10 et trois grandes parties. La démonstration, parfois un peu lourde, est sublimée au début par les paysages hivernaux du Fleuve Jaune, et les évocations justes du contexte social chinois et de ses mutations, pas toutes bonnes. Mais la troisième partie nous semble être de trop. Aussi indéfendable moralement que soit le père, homme d’affaires corrompu en Chine, fugitif oisif en Australie, il a nonobstant raison contre son fils immature : un étudiant doit d’abord finir ses études, et se cherchera, si cette expression a un sens, après. La liaison de ce jeune homme avec une femme de l’âge de sa mère, dans la logique du personnage certes, est tout de même de mauvais goût.
 
Ainsi, Au-delà des montagnes, malgré d’indéniables qualités, paraît sombrer sur la fin, chose très dommage.
 

Hector Jovien

 
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