Le cardinal Maradiaga, membre du G9 du pape François, sous le coup d’une enquête financière

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Une enquête financière vise actuellement l’un des principaux conseillers du pape François réunis dans le « G9 » des cardinaux  : le cardinal Oscar Rodriguez Maradiaga, connu pour ses « tirades » contre le capitalisme, comme le rappelle le site américain OnePeterFive. Ce sont les services du Vatican qui s’intéressent aux revenus plus que confortables du cardinal hondurien, qui en sa qualité de Grand chancelier de l’université catholique de Tegucigalpa toucherait plus de 40.000 dollars par mois de la part de cette institution, et ce depuis près d’une décennie. C’est beaucoup, pour un champion des pauvres mettant en œuvre le programme du pape François pour une « Eglise pauvre »…
 
A raison de 600.000 dollars par an sur une telle période, cela représente en effet de très fortes sommes. Parallèlement, l’enquête porte sur plus d’un million de dollars qui auraient été investis dans des sociétés sur la place de Londres et qui auraient aujourd’hui « disparu ».
 

Le cardinal Maradiaga, champion des pauvres à plus de 35.000 euros par mois

 
La presse italienne, par la voix d’Emiliano Fittipaldi de L’Espresso – auteur de plusieurs livres sur des scandales relatifs au Vatican – affirme que le coordonnateur du G9 est désormais sous surveillance de la part du pape François lui-même. Lui qui dénonce volontiers les pays riches et surtout les riches des pays riches d’être à l’origine des malheurs des pauvres va devoir s’expliquer.
 
Le cardinal Maradiaga est par ailleurs l’un des plus enthousiastes serviteurs de la politique de « réforme » du pape François et ce principalement sur le plan du progressisme dans la doctrine et la pratique. OnePeterFive rappelle qu’en 2013, il avait d’emblée exprimé son adhésion à un concile Vatican II « qui avait pour but de mettre fin aux hostilités entre l’Eglise et le modernisme condamné lors du concile Vatican », selon lui. Il était le président par intérim de l’organisation Caritas Internationalis au moment où celle-ci était dénoncée pour avoir pris place au conseil d’administration du World Social Forum, une ONG favorable au communisme, à l’avortement et aux droits LGBT : aucune mesure ne fut prise. C’est encore lui qui a plus d’une fois expliqué que le pape voulait voir ses réformes aboutir à une Eglise rénovée « jusqu’à un point de non-retour ».
 

Le leader du G9 du pape François sous le coup d’une enquête financière

 
Vis-à-vis des cardinaux réputés plus conservateurs, Maradiaga n’a pas ménagé ses critiques. En 2014, c’est le cardinal Gerhard Müller qui se vit reprocher par son confrère sa vision des choses « en noir et blanc », non sans avoir été brocardé en tant que « professeur de théologie allemande ». On se souviendra également de la dénonciation par Maradiaga du « pharisaïsme » des cardinaux auteurs des Dubia à propos de l’exhortation Amoris laetitia ; il alla jusqu’à qualifier le cardinal Burke dans un livre d’« homme déçu : il voulait le pouvoir et il l’a perdu ». Une critique et qui ne correspond guère à la manière d’être du cardinal américain ni à ses prises de position courageuses qui lui ont valu d’être écarté de son prestigieux poste de préfet du tribunal suprême de la Signature apostolique…
 
L’enquête qui vise désormais le cardinal hondurien se fait selon L’Espresso en toute connaissance de cause de la part du pape qui serait « attristé » par les allégations à l’encontre de son ami mais qui « est également très déterminé » à découvrir la vérité.
 
Une première enquête a déjà été menée sur place au Honduras par l’évêque argentin Jorge Pedro Cassaretto qui porte notamment sur la destination de certaines sommes qui au contraire de celles investies à Londres semblent bien identifiées. Au terme de 50 auditions de témoins, y compris parmi le personnel administratif du diocèse et l’université, des prêtres, des séminaristes ainsi que le chauffeur et le secrétaire du cardinal, des soupçons pèsent désormais également sur l’évêque auxiliaire de Tegucigalpa, Juan José Pineda qui fait partie du cercle rapproché du cardinal Maradiaga et qui le représente de facto en Amérique centrale.
 

L’enquête financière vise aussi des proches du cardinal Maradiaga

 
Toujours selon L’Espresso, certaines sommes ont servi à des amis proches de ce prélat, tel un Mexicain qui se fait appeler Père Erick sans avoir jamais prononcé de vœux. Un missionnaire cité par le magazine italien a ainsi déclaré : « Le vrai nom de cet homme est Erick Cravioto Fajardo. Il a vécu pendant des années dans un appartement contigu à celui du Cardinal à la Villa Iris. Pineda, qui vivait avec lui sous le même toit, lui a récemment acheté un appartement en ville ainsi qu’une voiture. L’argent, nous le craignons, provient des fonds de l’université ou du diocèse. Nous avons dénoncé cette relation très proche et inconvenante au Vatican. Le pape sait tout. »
 
Au-delà des émoluments du cardinal Maradiaga des questions se posent également au Honduras à propos de subventions publiques qui ont abondé les comptes de plusieurs entités de l’Eglise du Honduras et sur lesquelles un audit lancé par les autorités financières du pays serait envisagé.
 
Cela fait six mois que le dossier concernant le cardinal a été remis au pape François qui s’est réservé le droit de prendre toute décision ecclésiastique pouvant en résulter. OnePeterFive se pose la question de savoir s’il faut prévoir une action du pape, étant donné son refus d’agir contre un autre proche, le cardinal Godfried Daneels, dans le collimateur en Belgique à propos de plusieurs affaires de pédophilie parmi son clergé qu’il est accusé d’avoir contribué à étouffer.
 

Jeanne Smits