COMEDIE Glory (Slava) ♥♥


 
Glory est le titre anglais de diffusion international du bulgare Slava : cette traduction exacte aurait pu être diffusée sous sa norme française gloire, quitte à préciser en français, gloire à l’honnête cantonnier ! En effet, un cantonnier bulgare, vivant à la campagne, en effectuant sa tournée d’entretien de la voie ferrée locale –il resserre les boulons qui ont naturellement tendance à se desserrer au fil des passages des trains- découvre un tas de billets de banque, dont la plupart encore dans un grand sac. Ils avaient certainement été abandonnés dans l’urgence par un maffieux pressé. Evénement incroyable, le cantonnier signale, et ce sans se servir largement avant, la découverte à la police. Cette honnêteté particulièrement rare en Bulgarie en fait la vedette des colonnes des faits divers de la presse locale. C’est alors que la chargée de communication du ministère bulgare des transports, dont dépendent les chemins de fer bulgare, a l’idée d’exploiter cette heureuse anecdote afin de réaliser un contrefeu médiatique au énième scandale de corruption frappant son administration. Le ministre va donc décorer, devant les caméras, le cantonnier, présenté comme un employé exemplaire. Le cantonnier, plus ou moins perdu à Sofia, est malgré tout retrouvé à temps et amené, quasiment de force, à la cérémonie en son honneur. Le ministre coupe brusquement l’entretien informel de rigueur lorsque médaillé lui rappelle qu’il faut payer les salaires en retard.
 

Glory, une comédie amusante et plus profonde qu’il n’y paraît

 
Parfaitement honnête, et même pieux, bègue de surcroît, le cantonnier est visiblement méprisé par les élites bulgares, qui se servent de lui et ne font nullement attention à sa personne ou ses maigres biens. Dans l’aventure son seul bien précieux, sa belle montre, a été involontairement perdue au ministère ; il y tient beaucoup, car c’était un beau cadeau de son défunt père. Lorsqu’il finit par comprendre qu’il ne la retrouvera probablement jamais, il se révolte, et est utilisé, sans forcément bien le comprendre, par un journaliste de l’opposition. Au-delà de l’anecdote de la montre, cet honnête cantonnier dit, en connaissance de cause, tout ce qu’il pense de la gestion des chemins de fer bulgares, où ne règnerait pas la plus scrupuleuse, honnête, et efficace gestion. Cette fable renvoie au thème de l’homme honnête et simple, nécessairement un « idiot » à utiliser en le manipulant. Et l’opposition ne se comporte pas beaucoup mieux que le gouvernement. Un homme fondamentalement bon, honnête, voit sa bonne action initiale transformée par un enchaînement malheureux en une source continue de déconvenues.
 
Glory est vraiment drôle sur les trois quarts du film. Le film use de tous les registres du comique. Il n’est donc certes pas toujours très fin en certaines scènes. Le dernier quart du film est un peu long, moins drôle, voire franchement tragique, lorsque les ennuis majeurs frappent le cantonnier honnête. Si la fin peut quelque peu décevoir, Glory propose dans son ensemble une comédie amusante, peut-être plus profonde qu’il n’y paraît.
 

Hector JOVIEN

 
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