Istanbul : un attentat et une question politique au sujet de l’Etat islamique

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Des équipes de secours turques interviennent mardi sur le lieu du drame.

 
Une explosion s’est produite mardi matin à Istanbul, et plus précisément sur l’ancien hippodrome de Constantinople, à proximité de la basilique Sainte-Sophie et de la Mosquée bleue. Le président turc Recep Tayyip Erdogan a aussitôt dénoncé un « attentat suicide d’origine syrienne », dont l’auteur a été identifié, a annoncé le premier ministre Ahmet Davutoglu, comme un membre de l’Etat islamique. Cet attentat suicide, qui n’a cependant pas encore été revendiqué, a frappé principalement des touristes, notamment allemands. Cet événement met en question une politique.
 
Par-delà les condamnations qui affluent de toutes parts, il est clair que ce nouvel attentat oblige à s’interroger sur quelques réalités politiques. Parce que, au-delà de la réalité touristique, qui est aussi une réalité économique, c’est évidemment une politique qui est en cause.
 

Un attentat frappe Istanbul

 
« Je condamne l’attentat terroriste à Istanbul, qui, pense-t-on, est l’œuvre d’un kamikaze venu de Syrie », a déclaré le président Erdogan. « Cet incident montre une fois de plus que notre nation doit faire preuve d’unité dans la lutte contre le terrorisme », a-t-il ajouté.
 
De fait, le président turc, qui vient de connaître une grave crise politique interne, a besoin de retrouver une unité pour pouvoir espérer gouverner sans partage. Et sans doute des événements comme cet attentat peuvent-ils être utilisés pour justifier le pouvoir fort auquel il aspire…
 
Mais cela risque aujourd’hui de provoquer un sursaut d’inquiétudes. Si l’on veut bien considérer que la Turquie, membre de l’OTAN, fait partie de la coalition mise sur pied par les Etats-Unis pour combattre l’Etat islamique, cet attentat est à la fois une réponse de ses adversaires, et une preuve de sa faiblesse.
 

Au moins une question politique concernant l’Etat islamique…

 
La détermination affichée, et demandée par un certain nombre de ses partenaires européens, ne saurait pourtant suffire. Car la Turquie, pays à majorité musulmane, est divisée sur la question des djihadistes. Selon une étude publiée ce même mardi, en effet, 10 % des Turcs ne considèrent pas l’Etat islamique comme une organisation terroriste, et plus de 5 % approuvent même son action.

Enfin, 21 % des sondés pour la circonstance ont répondu que l’Etat islamique représentait l’islam…

 
Autrement dit, même parmi les Turcs qui estiment qu’il s’agit d’une organisation terroriste, il y a des gens pour estimer que cela correspond à l’islam, ce qui devrait inquiéter d’une part ceux qui un peu partout affirment le contraire, et ceux qui travaillent à faire entrer la Turquie dans l’Union européenne…
 
Il va de soi que, dans la crise migratoire actuelle, cet attentat est également un mauvais signal. Mais, motus !, il est interdit de s’interroger sur les migrants qui, chaque jour, avancent chez nous, en provenance, pour une part importante, des côtes turques.
 

François le Luc