Le JT du 5 février 2014
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Au sommaire :

  • Sotchi : Poutine médaille d’or
  • L’autorité en procès avec André Hazout
  • Cuba change de cornac
  • Allez, Pape Diouf !
Sotchi : Poutine médaille d’or

Le patron du CIO, Thomas Bach, a encensé le président russe : « Sans votre implication personnelle, tout cela n’aurait pas été possible. Vous avez rempli toutes les promesses que vous aviez faites au Comité international olympique. » Poutine médaille d’or de la bonne conduite ? Etrange, après le récent battage mené en Occident autour de sa prétendue homophobie.

C’est un peu la place de la Russie dans le monde que Poutine défend avec ces jeux, selon la formule de notre confrère les Echos. On comprend qu’il soit aux petits soins avec la délégation du Comité international olympique, au point de leur faire visiter une réserve de léopards. Sport plus environnement, il n’y a pas mieux pour paraître gentil aujourd’hui. Pourtant, le président russe est présenté de la Syrie à l’Ukraine comme le grand Satan de l’Occident, et sa récente loi contre la publicité de l’homosexualité en Russie lui a valu la condamnation des médias et des ONG spécialisées.

Une politique mondiale du sexe

Il faut dire que la politique des mœurs sexuelles décidée par l’ONU lors des conférences du Caire et de Pékin, et dont la récente loi sur le mariage gay n’est qu’une application, doit s’imposer au monde entier. De nombreuses admonestations ont été adressées à la Russie en prévison des JO. Que signifient dont ces félicitations sans réserve de Thomas Bach ? Le président russe aurait-il donné toutes les garanties nécessaires ? Et si oui, comment l’analyser ? Première hypothèse, étant donné l’importance des enjeux, pour détendre ses relations avec l’Ouest et garder ailleurs sa poudre sèche, le joueur d’échecs du Kremlin ferait une petite concession, le temps d’une manifestation sportive. Sotchi vaudrait bien une risette aux homos, en quelque sorte. Mais l’inverse est tout aussi concevable. On doit noter que ni au Caire, ni à Pékin, la Russie ne s’est opposée à la révolution des mœurs en cours. On peut penser donc que son président la laissera faire. Tactiquement, ça lui permettra d’obtenir des avantages dans d’autres négociations et un bénéfice d’image dans la droite traditionnelle européenne. Stratégiquement, cela devrait mener à la convergence des blocs que planifiaient ses maîtres lorsqu’il était officier du KGB. La « Maison commune » dont rêvait Gorbatchev, saura-il la construire ? Dans cette hypothèse, on devrait nommer Poutine médaille d’or de la dialectique et du billard à trois bandes.
 
 

L’autorité en procès avec André Hazout

Le gynécologue André Hazout, l’un des pontes de la fécondation in vitro est jugé aux Assises de Paris pour viol et agression sexuelle sur sept de ses patientes. Son épouse n’y croit pas. Embarrassés, ses homologues mandarins et le Conseil de l’Ordre le couvrent. Pour l’instant. L’autorité en procès : voilà l’enjeu, au delà du fait divers crapuleux.

Le grand professionnel doux des uns est présenté comme un dépravé en série par l’enquête, de nombreuses plaignantes ayant été écartées par la prescription. Le cas dépasse la personne d’Hazout : il est accusé d’avoir exploité la détresse des femmes qui le consultaient pour les violer, et aussi l’autorité de la médecine scientifique qu’il incarnait à leurs yeux. De plus, quel que soit le verdict, le Conseil de l’Ordre, soupçonné d’avoir fermé les yeux, est mis en cause.

La culpabilité du mâle

Ce qui est frappant dans cette affaire sordide en toute hypothèse, qu’il soit coupable ou non, c’est que le secret de l’instruction est violé pour mettre en scène un mâle qui abuse de son autorité afin de nuire aux femmes. Le schéma était le même dans la récente affaire Régis de Camaret, l’entraîneur de tennis accusé d’avoir dans les années quatre-vingt-dix profité de sa position pour violer des joueuses mineures. Lui aussi nie. Et sur lui le parquet s’est acharné, au point qu’il a été condamné en novembre 2012 et passe en appel jusqu’au 12 février. Pourtant Nathalie Tauziat, l’ancienne numéro un française, qui a écrit un livre où elle balançait plein de secrets du tennis français, le soutient mordicus. La difficulté de ce genre d’affaires, c’est que c’est parole contre parole et que tout repose ou presque sur des témoignages. Quelle que soit la vérité, ce qui est sûr, c’est que la justice et les médias nous racontent aujourd’hui une fable édifiante, dont la morale est que l’autorité masculine est dangereuse.