Lucy
Cinéma Science-fiction

Lucy
 
Le réalisateur Luc Besson possède un talent réel pour les films d’action. Ceci dit sans ironie facile, car c’est mieux qu’une absence totale de talent. Le spectateur de « Lucy » ne s’ennuie pas ; le montage est bien serré comme il convient, les images sont parfois très belles, surtout celles, rares, avec les dinosaures ou les australopithèques. Le cinéma est avant tout une distraction, et sur ce point essentiel, le contrat est rempli. Par contre, le thème de l’intrigue, l’idée de la libération des capacités cachées du cerveau humain (qui selon les médias ne fonctionnerait qu’à 10 % à l’état normal), via une nouvelle drogue puissante, jusqu’à 100 %, soit un nouveau stade évolutif de l’homme, une humanité sans corps, est parfaitement extravagant, et faut-il le dire, faux. Le film « Limitless » (sans limite) en 2011 avait déjà repris ce thème, avec Bradley Cooper et Abbie Cornish. Certaines zones de notre cerveau sont plus souvent actives que d’autres, mais toutes en principe sont mobilisées à un moment ou un autre de notre existence, et la légende du cerveau à 10 % remonte à des observations datées et erronées du début du XXème siècle. Luc Besson se caricature lui-même. Il loue l’intelligence des dauphins (leur cerveau fonctionnerait à 20 %), c’est  une de ses manies connues depuis le « Grand Bleu ». Il délivre un message pseudo-scientiste parfaitement fumeux, lui qui se prétend très rationnel, comme en témoigne sa « Jeanne d’Arc ». L’interprétation de l’actrice principale, Scarlett Johansson est adaptée, et efface la nullité de son incursion précédente en SF dans « Under the skin  ». Morgan Freeman campe un brillant scientifique, sage et posé, un de ses rôles habituels, ce qui ne rend pas le discours pompeux plus crédible. Il peut rester un moment de pure distraction, et bien dosé – pas trop de tueries, pas trop de courses-poursuites automobiles, ni trop de discours. Certains compliqués apprécieront en plus comme un humour involontaire face au ridicule du sujet.