Des retraites menacées par le plan du gouvernement du Royaume-Uni de récupérer près de 9,5 milliards d’euros

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Le gouvernement britannique s’apprête à faire une incursion de taille dans les fonds de pension les plus florissants et les plus généreux, touchant principalement le secteur public, pour récupérer jusqu’à 25 % des avoirs théoriquement destinés à financer les retraites des médecins, des professeurs et des hauts responsables. Le Royaume-Uni apporterait ainsi une nouvelle preuve que les promesses en matière de retraites et de plans d’épargne ne font pas le poids face à l’allongement de la durée de la vie et à la proportion croissante de retraités. La perspective d’une ponction de 7 milliards de livres (près de 9,5 milliards d’euros) montre l’ampleur du « raid » programmé…
 
Le gouvernement du Royaume-Uni a ainsi établi un projet permettant de taxer beaucoup plus lourdement les épargnants qui ont personnellement mis de l’argent de côté pour bénéficier d’une retraite calculée et indexée sur leurs derniers salaires annuels. La création d’un régime fiscal spécifique leur interdirait l’accès à certains avantages fiscaux liés à l’épargne-retraite.
 

Les plans d’épargne-retraite menacés par le gouvernement du Royaume-Uni

 
Si nombre de dirigeants du secteur privé sont visés par le plan, celui-ci cible principalement les bons salaires du secteur public, notamment dans le domaine de la santé, de l’éducation et des entreprises publiques, une classe moyenne aisée qui représente plus de deux millions de salariés.
 
Comme en France, le secteur public britannique offre nombre d’avantages à ses salariés à l’heure où ceux du secteur privé ont déjà dû supporter de nombreuses coupes dans leurs retraites et pensions au cours de ces vingt dernières années. Le gouvernement souhaite aligner le secteur public à l’heure où les déductions fiscales annuelles liées à la constitution de l’épargne-retraite personnelles représentent un manque à taxer de 50 milliards de livres.
 
De nombreux syndicats sont vent debout contre la réforme et l’ont fait savoir dans le cadre de la consultation publique mise en place par le gouvernement – les représentants des fonctionnaires, de la police, des pompiers, des professionnels de la santé et de l’enseignement ont assuré que 64 % de leurs adhérents épargneraient moins pour leur retraite si les avantages fiscaux tombaient à 30 % des sommes épargnées contre 40 % actuellement. Le gouvernement, de son côté, envisagerait de réduire l’avantage fiscal à 20 %.
 

9,5 milliards d’euros de taxes récupérées sur le dos des épargnants ?

 
Pour un jeune diplômé de 22 ans payé 27.000 livres par an aujourd’hui, a calculé un expert indépendant, le surcoût s’élèverait à un surplus de 130.000 livres de taxes au cours de sa vie.
 
Dans le même temps la pression des impôts et des charges et l’allongement de la durée du travail continue de peser lourdement sur les classes moyennes : de quoi saper le moral des médecins, annonce l’un de leurs syndicats professionnels.
 
La tentation sera grande, annonce le syndicat des hauts fonctionnaires, de voir les intéressés abandonner l’idée de se constituer une épargne personnelle, augmentant au bout du compte la pression sur le retraites versées par l’Etat tout en diminuant les ressources actuelles du Trésor.
 
La leçon de cette histoire va bien au-delà d’une idée de justice par l’alignement des régimes du public et du privé, en soi tout à fait concevable : elle montre que les Etats sont aux abois en raison du vieillissement des populations et que même les personnes qui font le choix de constituer leur propre retraite, dans nos « démocraties occidentales », sont exposés à des ponctionnements publics « imprévisibles » et inévitables.
 

Anne Dolhein