L’Armée en Chine rend officiel son – futur – bombardier stratégique à long rayon d’action

L'Armée en Chine rend officiel son – futur – bombardier stratégique à long rayon d'action
 
Mardi, la presse officielle nationale a dévoilé un projet militaire majeur : la Chine entend doter son armée d’un bombardier stratégique furtif, à long rayon d’action, capable donc d’assurer des frappes jusque dans le Pacifique, zone stratégique s’il en est. La Chine communiste passe à un système offensif… La volonté est claire de rattraper en ce domaine la Russie et les États-Unis qui militarisent à grands renforts cette zone asiatique, sujette à des tensions grandissantes, où se concentrent « les grands » de demain.
 

Long rayon d’action et furtivité : ce qui manquait au H-6

 
L’idée n’est pas neuve. Le Quotidien du Peuple en juin 2014 l’évoquait déjà : il fallait « une nouvelle génération de bombardiers stratégiques à longue portée ». Les experts militaires chinois exhortent le gouvernement depuis plusieurs années, conscients que leur flotte de bombardiers est beaucoup plus faible que celle de leurs homologues, ne disposant que d’un nombre indéfini de bombardiers H-6, inspirés du vieux mais non moins célèbre Tu-16 de l’ère soviétique des années 1950.
 
Selon certaines sources occidentales, l’industrie aéronautique militaire chinoise a continué à faire évoluer le H-6 avec les derniers équipements, le rendant capable d’emporter jusqu’à six missiles de croisière. Cependant la structure archaïque de l’avion empêchait les vols en profondeur dans les territoires ennemis.
 
Or le bombardier stratégique à longue portée est capable, selon la terminologie chinoise, de transporter plus de 10 tonnes d’armement air-sol et de voler au moins 8.000 km sans ravitaillement. Atteignant jusqu’à la fameuse « deuxième chaîne d’îles » qui constitue aux yeux des dirigeants chinois « le périmètre de défense maritime du pays », celle qui« va, au nord, des îles Bonin [l’archipel japonais d’Ogasawara] jusque, vers le sud, les îles Mariannes et Carolines », selon le China Daily. Et à la longue portée, les Chinois veulent désormais associer la furtivité.
 

Soutien du président de Chine au bombardier stratégique

 
Le président Xi Jinping soutient fortement cette politique d’évolution de la force aérienne, qu’il a qualifiée de « stratégique » pour la Chine. Il la voit « dotée de capacités offensives et non plus simplement défensives comme c’était le cas dans le passé ». L’aviation de l’Armée populaire de libération (APL) « doit donc posséder un bombardier stratégique à long rayon d’action ». Le qualificatif de « stratégique » n’était jusqu’à présent réservé qu’au 2ème corps d’artillerie de l’APL, chargé des missiles nucléaires…
 
Cette politique suit celle de la Russie et des États-Unis. Ces derniers ont décidé d’investir chaque année 1,2 milliards de dollars pour développer leur deuxième génération de bombardier furtif longue portée (le Northrop Grumman B-2 Spirit) et la Russie modernise ses bombardiers actuels et développe un nouveau bombardier furtif. La Chine devait ainsi rattraper son retard dans les années qui viennent.
 

L’armée chinoise en concurrence

 
Mais ce ne sera pas forcément pour plaire aux États-Unis. Dans le document de la nouvelle « Strategic Defense Review » (SDR) élaborée sous la direction du chef d’état-major des forces armées américaines, le général Martin Dempsey, et présenté il y a quelques jours par Obama, le nom de la Chine figure en gros sur la liste des pays qui peuvent créer des menaces sécuritaires pour les États-Unis.
 
Les survols américains de la mer de Chine méridionale – dont la Chine revendique 90 % des eaux – sont l’objet d’apostrophes houleuses depuis des mois. Les autorités militaires des États-Unis ont même annoncé qu’elles concentreraient 60% de leurs forces en Asie, et ont fait état de leur décision d’installer des systèmes de défense balistique autour des frontières de la Chine. Clairement, cela signifie que les États-Unis vont militariser de plus en plus l’Asie… qui va, elle aussi, par ricochet, se militariser de plus en plus.
 

Clémentine Jallais