Le FMI chiffre la Grèce

FMI chiffre Grèce
 
La pression psychologique sur la Grèce se démultiplie… Après la multiplication des sondages sur les intentions de vote au referendum qui, comme par hasard, arrivent pour certains à donner désormais un léger avantage au « oui » à l’Union européenne, c’est au tour du FMI d’aligner les chiffres pour bien faire comprendre à ces mêmes électeurs le risque que courrait leur pays s’ils venaient à voter « non ».
 
La Grèce a encore besoin de 50 milliards d’euros d’aides au cours des trois prochaines années, a ainsi déclaré jeudi le FMI, deux jours après le défaut du pays. Cette affirmation figure dans un projet de rapport sur la viabilité de la dette grecque, dans lequel le Fonds monétaire explique également que, quoi qu’il en soit, il faudra également annuler une partie de la dette colossale du pays.
 
Il faut bien admettre que, quelle que soit le résultat du referendum de dimanche, et surtout quelle que soit l’évolution de la crise, du point de vue grec et international, l’avenir d’Athènes apparaît passablement sombre et délicat.
 

Le chiffre du FMI

 
Il n’empêche ! Les pressions auxquelles la Grèce est actuellement soumise constituent ni plus ni moins un « chantage », comme l’a d’ailleurs très justement dénoncé le premier ministre Alexis Tsipras – quelque appréciation l’on porte par ailleurs sur le personnage.
 
La réflexion du FMI en est particulièrement symptomatique. Arriver, tout à la fois, à exiger des remboursements importants en milliards, annoncer des difficultés en milliards, promettre des aides en milliards, voire des exonérations de dette en milliards paraît n’avoir que peu de (bon) sens économique – si l’on excepte les intérêts qui augmentent sur ces circulations de capitaux.
 
Mais l’intérêt est, en l’espèce, bien plus politique. Il est de réduire l’indépendance politique des pays qui tombent sous la coupe de tels créanciers. Un Etat en faillite n’aura plus, au final, que la possibilité de se donner à ses créanciers pour compenser sa dette. Oh ! bien sûr, on imagine mal Christine Lagarde ou Mario Draghi s’installer à Athènes. Mais ce sont eux qui, à terme, si Athènes finit par céder définitivement, décideront de la politique menée par les Grecs.
 
Alexis Tsipras et son équipe gouvernementale en ont bien conscience, qui annoncent leur intention de démissionner s’ils devaient perdre le referendum. Mais il n’est pas sûr que, de toute façon, ils y puissent encore grand chose – même s’ils venaient à gagner ce coup de poker. Mais, certes, il n’est pas nécessaire d’espérer pour entreprendre…
 

La Grèce n’est pas expulsable

 
L’opération a également le mérite de mettre, une fois de plus si cela était encore utile, le doigt sur la nullité de nos dirigeants. Ainsi Manuel Valls vient-il de déclarer, en marge du sommet économique franco-chinois à Lyon, à l’intention des Grecs : « Nous leur demandons de voter les yeux ouverts en tirant aussi toutes les conséquences de ce que pourrait être un vote “non” qui pourrait faire glisser la Grèce hors de la zone euro. »
 
Apparemment, le premier ministre français ignore que, selon les termes du traité européen, on ne peut pousser un Etat-membre hors de la zone euro, ni qu’un Etat-membre ne peut ainsi quitter la zone euro, sans avoir préalablement quitté l’Union européenne. Or, et c’est manifeste, son homologue grec n’a aucunement l’intention de quitter ladite union, pas plus que la monnaie unique d’ailleurs. Il veut simplement rediscuter les termes de sa dette.
 
On ne sait si Alexis Tsipras est réellement convaincu de pouvoir s’en sortir, malgré l’importance des difficultés, en demeurant dans une zone euro qui n’est guère en meilleur état que son pays. L’avenir ne devrait pas tarder à nous renseigner.
 
Ce qui est sûr est que l’on fait des montagnes d’une dette grecque qui se chiffre en centaines de milliards, alors que l’on semble trouver anodine une dette française qui se calcule, elle, en milliers de milliards ! Et que notre marche de manœuvre n’est guère plus importante…
 

François le Luc