Le président Mugabe dénonce l’ONU

Le président Mugabe dénonce l’ONU
 
Reçu par son homologue sud-africain Jacob Zuma, le président du Zimbabwe Robert Mugabe a quelque peu fustigé l’ONU, et notamment son Conseil de sécurité, à l’occasion de sa première visite d’Etat depuis 21 ans. Il dénonce en particulier le pouvoir de décision du Conseil de sécurité et la politique occidentale vis-à-vis de l’Afrique.
 
Le président zimbabwéen Robert Mugabe s’exprimait à l’occasion d’une visite d’Etat en Afrique du Sud, au cours de laquelle il a critiqué la domination des cinq membres permanents du Conseil de sécurité, et appelé à une représentation du continent Africain. En effet, l’Afrique du Sud et le Nigeria sont tous les deux candidats à un siège permanent. Dénonçant l’attitude des Occidentaux au cours de la colonisation, mais surtout leur intervention, aujourd’hui, dans le monde arabe, Robert Mugabe a menacé le système.
 

Le président Mugabe dénonce l’ONU

 
« Nous ne faisons pas une bonne affaire aux Nations Unies, a-t-il expliqué. Seuls cinq pays membres permanents du Conseil de sécurité ont tout le pouvoir. Si un de ces pays dit “NON”, alors une résolution ne passe pas. Et c’est pour cela que le système ne fonctionne pas. L’Afrique a essayé de faire amender ce système. Mais non, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la France s’y opposent. Mais doit-on continuer comme cela ? Sommes-nous si stupides ? Ne sommes-nous pas suffisamment forts ? Ne pouvons-nous pas nous unir et dire : c’est comme cela ou vous n’avez pas notre soutien ? C’est vers cette position que nous nous dirigeons. Nous voulons d’une Organisation des Nations unies dans laquelle tout le monde participe et tout le monde est reconnu en tant que membre à part entière. Pour l’instant, l’ONU est dominée par ces cinq pays, qui posent tous les problèmes, qui perturbent le monde arabe et le déchirent. Regardez ce qu’ils ont fait en Libye. »
 
On le comprend facilement, le président Mugabe entend ramener l’Afrique sur le devant de la scène. Mais sa démarche s’explique mieux encore d’un point de vue économique. En effet, le Zimbabwe a accumulé quelque dix milliards de dollars de dette ; et se trouve, de ce fait, sous la pression du FMI et de la Banque mondiale, qui exigent un changement de cap, avec notamment l’abandon de sa politique d’« indigénisation » privant les entreprises étrangères et le grand capital du contrôle de leurs filiales locales.
 

De nouvelles règles ?

 
Pour autant, Robert Mugabe n’entend pas plier sous la menace : « Les ressources naturelles en Afrique nous appartiennent, elles sont à nous, explique-t-il. Et je ne pense pas que le capital soit plus important que ces ressources naturelles. Non. Donc, quand une entreprise vient chez nous et dit qu’ils ont de l’argent à investir, tout ce qu’ils font réellement c’est apporter de l’équipement et des techniques de production, rien de plus. Par exemple les sociétés minières sont en train d’extraire de mon pays des ressources qui ne peuvent pas être remplacées. L’or que nous possédons et qui nous a été donné par Dieu est beaucoup plus profitable et plus important pour mon pays. »
 
Et il ajoute : « Nous disons, nous qui possédons ces ressources naturelles, que nous devons au moins percevoir 51 % des profits de ces sociétés. Et la société peut toucher les 49 % restant. Ce qui je trouve est plutôt généreux. »
 
Sans entrer dans un calcul pratique, ce qui est sûr, c’est que les sociétés en question non pas été habituées, notamment de la part des Africains, à ce genre de discours. Ni à ces calculs…
 
Le président Mugabe n’hésite pas à porter des accusations très nettes. « Regardez ce qu’ils ont fait en Libye », affirme-t-il, en dénonçant le sort de Kadhafi, « pourchassé à mort ». « Ils ont fait de même avec Saddam Hussein en Irak. (…) Là encore pour le pétrole. C’est la même approche brutale, sans ménagement et semant la zizanie des Occidentaux. »
 
Le propos est net. Pour l’heure, il ne semble pas avoir reçu de réponse…
 
François le Luc